Le roi du Maroc a annoncé l'ouverture d'une enquête, à la suite de la grâce royale accordée à un pédophile espagnol multirécidiviste, qualifiée de "regrettable libération". Mohammed VI a assuré qu'il n'était pas au courant du dossier. Le roi a ordonné qu'une "enquête approfondie soit diligentée en vue de déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération", indique un communiqué du Palais royal. Cette enquête devra permettre "d'identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires", selon la même source.
Scandale national La grâce accordée mardi dernier par le roi à un pédophile espagnol multirécidiviste a viré au scandale au Maroc, où des milliers de personnes ont exprimé leur colère dans plusieurs villes du royaume, bravant la répression policière. Des milliers de personnes ont exprimé leur colère dans plusieurs villes du royaume, bravant la répression policière. La principale manifestation s'est tenue dans la capitale, près du Parlement, où plusieurs dizaines de personnes ont été blessées, dont des journalistes pris pour cible par des forces de l'ordre. D'autres rassemblements ont eu lieu ce même jour dans le nord, à Tanger et à Tétouan, et ont également été dispersés. Aucun bilan officiel n'est encore disponible, aussi bien s'agissant des blessés que d'éventuelles arrestations. Mais des appels ont d'ores et déjà été lancés sur les réseaux sociaux pour de nouveaux sit-in aujourd'hui et demain, à Casablanca, la capitale économique, et à Rabat. Un rassemblement a aussi eu lieu à Agadir (sud-ouest). Cette fois-ci, après avoir tenté d'intervenir, la police a laissé le sit-in se dérouler, en présence de quelques centaines de personnes, selon Maelainine Ettaki, une responsable locale de l'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante).
Viols sur 11 mineurs Les manifestants marocains ne décolèrent pas depuis la grâce d'un pédophile espagnol âgé d'une soixantaine d'années, condamné en 2011 à 30 ans de prison pour des viols sur onze mineurs. Cet homme, qui aurait déjà quitté le Maroc, faisait partie d'une liste de 48 prisonniers graciés au nom de l'excellence des relations bilatérales, d'après des médias officiels. Des versions contradictoires circulent depuis sur la raison de la présence de ce condamné dans la liste. Dénonçant un fait d'une "extrême gravité", l'opposition socialiste espagnole a exigé samedi une "explication immédiate" du gouvernement. Les médias officiels marocains sont pour leur part restés totalement silencieux sur le mouvement de contestation, au même titre que le pouvoir lui-même.Par contre, sur les réseaux sociaux, des dizaines de photos et vidéos de manifestants en sang ou matraqués par la police ont été diffusées, avec des centaines de commentaires. "Nous réitérons le droit du peuple marocain à s'exprimer librement et à manifester pacifiquement contre" cette grâce, a commenté l'AMDH.