La Réserve fédérale américaine (Fed) s'apprêtait hier, à l'issue d'une réunion de politique monétaire de deux jours, à poursuivre ses mesures ultra-accommodantes pour soutenir une économie ébranlée par le blocus budgétaire, de l'avis d'une large majorité d'analystes. Le FOMC devait confirmer par communiqué hier à 18H00 GMT la poursuite de ses injections massives de liquidités dans le système financier de 85 milliards de dollars par mois en bons du Trésor notamment. Il n'est pas prévu de conférence de presse pour cette réunion ordinaire. "Attendez-vous à ce que la Fed reconnaisse l'incertitude économique après la paralysie du gouvernement et à ce qu'elle ne change rien", a estimé Ian Shepherdson, de Pantheon Macroéconomics. "Nous pensons que la Fed est coincée avec ses mesures d'assouplissement monétaire pour l'instant", estime Joseph LaVorgna de Deutsche Bank. Pour les analystes de Barclays, une réduction de l'aide de la Fed est même reportée "à mars 2014". Pour influer sur les taux à la baisse et favoriser la reprise, la Fed achète chaque mois pour 85 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres liés à des emprunts hypothécaires. Ces injections de liquidités dans le circuit financier se montent désormais à 850 milliards de dollars depuis le début de l'année et pourraient dépasser 1 300 milliards de dollars, si elles se poursuivent jusqu'en mars, calcule Paul Ashworth, de la société d'analyses économiques Capital Economics. La Fed maintient par ailleurs son taux directeur proche de zéro depuis fin 2008 et s'est engagée à le faire tant que le chômage ne descendrait pas sous 6,5%. Il se situait en septembre à 7,2%. Lors de la précédente réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) en septembre, tous les acteurs sur les marchés s'attendaient à une amorce tant annoncée des injections de liquidités. Mais à leur grande surprise, anticipant un gel partiel de l'administration du fait du bras de fer sur le budget avec le Congrès, la Fed avait préféré maintenir le statu quo, choisissant d'"attendre davantage de preuves de la reprise". Six semaines plus tard, ces preuves ne sont pas encore là, estiment les analystes et le manque de visibilité de l'évolution de l'activité a été renforcé par la fermeture des services administratifs pendant 16 jours du 1er au 17 octobre. Les créations d'emplois pour septembre ont été décevantes, à 148 000. La confiance des consommateurs, mesurée par l'indice de l'Université du Michigan comme par le Conference Board, a plongé, ébranlée par la paralysie du gouvernement. "Un mauvais signe" avant la saison des ventes de fin d'année, souligne Chris Christopher, d'IHS Global Insight. Les ventes au détail ont fait pâle figure (-0,1%) tandis que la production manufacturière demeure anémique (+0,1%). Quant aux promesses de ventes de logements, signe anticipé de l'activité du marché immobilier qui tire actuellement la croissance, elles ont nettement marqué le pas (-5,6% en septembre), ralenties par un raffermissement des taux d'intérêt immobiliers. La fermeture du gouvernement aura "un impact notable sur la croissance à court terme", ont averti les analystes de Nomura. Et l'accord conclu in extremis au Congrès n'est que provisoire, prolongeant la loi budgétaire jusqu'au 15 janvier et relevant le plafond de la dette jusqu'au 7 février. Selon les calculs de l'agence Standard and Poor's, la fermeture de certains services publics et la mise au chômage partiel de centaines de milliers de fonctionnaires va coûter 24 milliards de dollars à l'économie américaine et ôter jusqu'à 0,6 point de pourcentage à la croissance du quatrième trimestre. "Les tactiques guerrières vont continuer et il n'est pas évident que nos élus aient tiré les leçons de la fermeture des services fédéraux", déplore l'analyste indépendant Joel Naroff qui craint une répétition du scénario du blocus budgétaire. La Réserve Fédérale tient encore deux réunions en décembre (17-18) et en janvier (24-25) sous la houlette de Ben Bernanke avant que Janet Yellen ne prenne les rênes de l'institution.
Evasion fiscale/FATCA: mode d'emploi du Trésor pour les banques étrangères Le Trésor américain a publié la veille un mode d'emploi détaillé à l'attention des banques étrangères pour qu'elles sachent comment informer le fisc américain des comptes à l'étranger de contribuables américains. Dans le cadre de la loi américaine FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) contre l'évasion fiscale votée en 2010, les Etats-Unis demandent aux établissements financiers étrangers (EFE) de les informer de la présence parmi leurs clients de personnes imposables aux Etats-Unis sous peine de sanctions financières. Cela concerne non seulement les comptes de citoyens américains mais ceux des étrangers fiscalement domiciliés aux Etats-Unis ou d'individus "avec une indication de présence aux Etats-Unis", a précisé un responsable du Trésor américain. La note d'une cinquantaine de pages, qui appelle à des commentaires de la part des EFE, "est une nouvelle étape dans le processus d'application de FATCA", a indiqué ce responsable. "Il s'agit de donner aux établissements financiers le maximum d'informations à l'avance pour qu'ils commencent à rassembler les renseignements appropriés et mettent en place leur propre système" de collecte et de transmission des informations au fisc américain, soit via leur propre gouvernement, soit directement à l'IRS (Internal Revenu Service, le fisc américain). Les banques des pays concernés ont jusqu'au 1er juillet 2014 pour mettre en place leurs procédures permettant d'identifier ces clients et de donner leur nom aux autorités américaines, une date limite qui a été repoussée de six mois. Les banques seront exemptées d'identifier les clients ayant un compte préexistant renfermant moins de 50 000 dollars. "Elles peuvent les identifier si elles veulent, mais elles n'y sont pas obligées", a précisé ce responsable. Pour les comptes compris entre 50 000 et un million de dollars, il est demandé aux banques d'effectuer des recherches sur leurs détenteurs et leurs liens avec les Etats-Unis par le biais de leurs données électroniques, sans documentation supplémentaire. "Nous essayons de fournir aux institutions financières un guide pour une mise en application de la loi avec le moins d'accrocs possible", a précisé ce responsable du Trésor alors que la loi est critiquée par les banques étrangères qui y voient une contrainte complexe supplémentaire. Neuf pays ont dûment signé une convention avec les Etats-Unis. Sept d'entre eux ont choisi la procédure d'accord direct entre les banques et le fisc américain (le Danemark, l'Allemagne, l'Irlande, le Mexique, la Norvège, l'Espagne et le Royaume-Uni) et deux autres (le Japon et la Suisse) ont signé un accord d'échanges au niveau des gouvernements. Seize autres pays, dont la France, sont en passe de signer un accord, a indiqué le Trésor.
Recul attendu des ventes au détail en septembre Les ventes au détail aux Etats-Unis ont reculé en septembre comme s'y attendaient les analystes, selon les chiffres publiés la veille par le département du Commerce. L'indice des ventes des détaillants et des restaurants établi par le ministère a reculé de 0,1% par rapport à août en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés. La baisse a été tirée par un recul des ventes automobiles (-2,2%), des ventes dans les grands magasins (-0,9%) ainsi que de celles d'habillement (-0,5%). Les ventes de voitures et de pièces détachées n'avaient pas reculé autant depuis octobre 2012. Au mois d'août, les ventes au détail avaient augmenté de 0,2% (chiffre non-révisé). Pour septembre, si l'on exclut les automobiles, l'indice est en progrès de 4%. Sans compter l'essence, les ventes au détail sont en retrait de 0,1%. Sur un an, l'indice des ventes au détail est en hausse de 3,2%. Au rang des hausses pour septembre, figurent les ventes d'électronique et d'appareils ménagers (+0,7%), d'alimentation et de boisson (+0,9%) ainsi que celles des bars et restaurants (+0,9%). Les chiffres des ventes au détail donnent une première idée de l'évolution des dépenses de consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance économique américaine. Elles ne fournissent néanmoins qu'une information très partielle dans la mesure où les Américains consomment surtout des services.