Ferme sur la rigueur, le ministre britannique des Finances a annoncé avant-hier de nouvelles "décisions difficiles", dont un relèvement à 69 ans de l'âge de la retraite dans les années 2040, malgré une croissance en pleine accélération. "Le plan économique de la Grande-Bretagne fonctionne" grâce aux "sacrifices du peuple britannique" mais "le travail n'est pas terminé", a clamé George Osborne devant la Chambre des Communes, lors de son traditionnel "discours d'automne". "Oui, le déficit est en baisse mais il est toujours beaucoup trop élevé et nous prenons aujourd'hui de nouvelles décisions difficiles", a martelé le Chancelier de l'Echiquier, qui va couper globalement les budgets des ministères d'un milliard de livres (1,2 milliard d'euros) supplémentaire tous les ans durant trois ans. La santé et l'éducation feront toutefois partie des secteurs épargnés. Décision impopulaire s'il en est, le Chancelier a en outre annoncé aux Britanniques un nouveau relèvement de l'âge de départ en retraite, déjà fortement augmenté lors d'une précédente réforme en 2011. Actuellement fixé à 65 ans, l'âge à atteindre pour toucher cette pension d'Etat devrait passer à 68 ans au milieu des années 2030, une accélération par rapport à l'objectif initial de 2046, et progresser encore à 69 ans à la fin des années 2040. "C'est une des décisions difficiles que doit prendre un gouvernement" s'il veut sérieusement contrôler les finances publiques, a insisté le ministre. La retraite d'Etat britannique, très faible, ne dépasse pas les 475 livres par mois (570 euros) et de nombreux salariés cotisent donc aussi à un fonds de pension. "Les jeunes travailleurs d'aujourd'hui devront travailler jusqu'à ce qu'ils s'effondrent", a dénoncé la confédération syndicale TUC. Artisan d'une cure d'austérité sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition conservateurs-libéraux démocrates en 2010, George Osborne garde donc le cap de la rigueur malgré une conjoncture économique des plus souriantes.
Spectaculaire rebond depuis le début 2013 Tirée par l'activisme de la Banque d'Angleterre, qui a injecté des liquidités massives dans le système financier, et un redémarrage sur les chapeaux de roues de la consommation et du marché immobilier, l'économie britannique a rebondi de manière spectaculaire depuis le début de l'année. Saluant cette vigoureuse reprise, George Osborne a annoncé une révision en forte hausse des prévisions de croissance à 1,4% cette année, contre 0,6% prévu lors du budget en mars, et à 2,4% en 2014 contre 1,8%. Des chiffres à faire pâlir d'envie la zone euro. En conséquence, le déficit, attendu à 6,8% cette année contre 11% en 2010, devrait reculer plus vite que prévu et le pays devrait dégager un "petit" excédent budgétaire en 2018/2019, soit un "an plus tôt" que prévu en mars, s'est félicité M. Osborne. Le ratio dette/PIB devrait lui commencer à reculer à partir de 2016/2017, également "un an plus tôt" que prévu en mars. Comme à son habitude, le Chancelier a saupoudré son cocktail de coupes budgétaires de mesures plus populaires, d'autant plus que les élections de mai 2015 se rapprochent. Il a notamment confirmé le gel d'une taxe sur les carburants ainsi qu'une déduction fiscale pour les couples mariés. Le ministre a par ailleurs annoncé une limitation de la taxe sur les biens immobiliers des entreprises; la création d'une taxe sur les ventes de maisons détenus par les riches étrangers, accusés d'alimenter la bulle immobilière à Londres; le renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale et la hausse de la taxe sur les banques. Dès lundi, le gouvernement avait également dévoilé des mesures destinées à réduire les prix de l'énergie, l'une des premières préoccupations des Britanniques remise au centre du débat politique par les travaillistes qui ont promis un gel des prix s'ils remportent les élections. Afin de renforcer la reprise économique, M. Osborne a également annoncé jeudi un milliard de livres de prêts pour débloquer la construction de logements, un régime fiscal généreux pour l'exploitation du gaz de schiste et une exemption de charges patronales pour les salariés de moins de 21 ans.
La BoE maintient son taux directeur à 0,50% La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu comme attendu avant-hier son taux directeur à 0,50% et laissé inchangé le montant de son programme de rachats d'actifs, optant pour une position attentiste à l'issue de sa dernière réunion de politique monétaire de l'année. La banque centrale britannique a de nouveau précisé dans un bref communiqué que le Comité de politique monétaire (CPM) est "parvenu à ces décisions dans le contexte" de la trajectoire pour sa politique monétaire annoncée en août. Lors de sa réunion des 4 et 5 décembre, le CPM a ainsi décidé de finir 2013 sur un nouveau statu quo, en maintenant son taux directeur à 0,50% (niveau exceptionnellement bas auquel il est fixé depuis mars 2009) et laissant inchangé à 375 milliards de livres (environ 453 milliards d'euros) le montant total de son programme de rachats d'actifs, épuisé depuis novembre 2012. Cette décision était "attendue de tous étant donnée les directions fournies par la Banque centrale" en août dernier, a noté James Knightley, économiste chez ING. La BoE a en effet annoncé en août qu'elle n'envisagera pas de relever son taux d'intérêt, ni de réduire ses injections massives de liquidités, tant que le taux de chômage sera supérieur à 7% au Royaume-Uni. Mais même si le marché du travail se montre actuellement plus robuste qu'attendu à l'époque, l'institution et ses responsables le martèlent sans relâche: ce seuil servira de déclencheur à une réflexion sur un éventuel resserrement monétaire mais n'enclenchera en aucun cas une hausse de taux automatique. Par ailleurs, "contrairement à l'incertitude sur la date d'une hausse des taux d'intérêt, il est évident que de nouveaux rachats d'actifs ne sont plus à l'ordre du jour, à moins d'une rechute considérable de l'économie dans les mois à venir", a estimé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.