La campagne électorale pour la présidentielle du 3 juin, que Bachar al-Assad devrait remporter sans surprise, a débuté en Syrie, au lendemain d'un succès militaire du régime à Homs. Le scrutin, dénoncé comme une "farce" par l'opposition et ses alliés, se déroulera uniquement dans les territoires contrôlés par le régime. Il s'agit théoriquement de la première élection présidentielle depuis plus de cinquante ans en Syrie, pays ravagé par trois ans d'un conflit sanglant. M. Assad et son père Hafez, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1970 à 2000, avaient été nommés à l'issue de référendums. Bachar al-Assad y affrontera Maher al-Hajjar, un député indépendant longtemps membre du parti communiste, et Hassan al-Nouri, un homme d'affaires qui a appartenu à une formation de l'opposition tolérée par le pouvoir.
Assad sur Internet Le président Assad a placé sa campagne sous le slogan "ensemble". Il a ouvert une page Facebook, un compte Twitter et un compte Instagram. Sur son premier mini-clip de campagne, le mot "ensemble" s'affiche, tracé à la main sur un fond blanc qui se transforme en drapeau syrien, sur lequel est apposée la signature du président. Dans le centre de Damas, sous contrôle du régime, des dizaines de pancartes, affiches et banderoles représentant le drapeau national, portant le slogan "ensemble" et signées par Bachar al-Assad, sont apparues. Mais des pancartes à la gloire d'Hassan al-Nouri, homme d'affaires damascène, étaient aussi visibles dans la capitale. Elles appellent à une lutte contre la corruption, au "multipartisme économique" et au retour de la classe moyenne. La télévision officielle a diffusé un clip du candidat. Victoire du régime Le début de la campagne survient au lendemain d'une importante victoire du régime sur le terrain, avec la reprise de la majeure partie de Homs, troisième ville du pays et fer de lance de la rébellion depuis le début de la révolte populaire, en mars 2011. L'armée, qui contrôlait déjà 80% de la ville, a pu entrer dans l'ex-bastion rebelle. Les insurgés ne contrôlent plus à Homs que le quartier de Waer, et des négociations pour leur retrait sont en cours. Des milliers de civils syriens retournaient samedi dans les ruines de la vieille ville. Ce retour a été rendu possible par un accord au terme duquel près de 2000 rebelles ont été évacués du vieux Homs, assiégé et bombardé presque quotidiennement par les troupes du régime pendant plus deux ans. Le conflit en Syrie a fait plus de 150 000 morts, 6,5 millions de déplacés et quelque 2,6 millions de réfugiés depuis mars 2011.