Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a affirmé que l'élection de Bachar al-Assad le rendait incontournable dans toute solution à la guerre qui ravage la Syrie depuis trois ans, et a appelé à l'arrêt des combats. Les élections prouvent que toute solution politique en Syrie commence et se termine avec le président Bachar al-Assad, a-t-il dit lors d'une cérémonie retransmise sur al-Manar, la chaîne de télévision du mouvement libanais, allié du régime syrien. Organisée par le régime dans les territoires qu'il contrôle, la présidentielle du 3 juin a abouti à une large victoire de Bachar al-Assad (88,7% des suffrages exprimés), mais l'opposition a qualifié cette consultation de farce, et plusieurs pays occidentaux ont fustigé la tenue du scrutin. C'est une président qui a été élu par des millions de personnes pour un nouveau mandat de sept ans, et ceux qui veulent agir en vue d'une solution politique doivent négocier avec lui, a martelé Hassan Nasrallah. Il s'est gaussé des déclarations du secrétaire d'Etat américain qui avait qualifié mercredi le scrutin de zéro pointé. Ce sont des élections de millions de personnes et non de zéro, comme certains l'ont qualifié, a-t-il lancé. Le chef du Hezbollah a également fustigé l'opposition: Ils s'attendaient à un boycottage populaire mais c'est le contraire qui s'est produit, a-t-il dit, avant d'appeler à l'arrêt des combats. Nous appelons tous les combattants... à prendre le chemin de la réconciliation et du dialogue, à rechercher une issue politique et à cesser l'effusion de sang ainsi que les combats, a-t-il dit, alors que ses forces combattent aux côtés de l'armée du régime. Commencée par des manifestations pacifiques en mars 2011 contre un régime en place depuis un demi-siècle, le mouvement de protestation réprimé dans le sang s'est progressivement transformé en une guerre sanglante qui a fait plus de 162 000 morts.
''Echec de la guerre'' Pour Hassan Nasrallah, l'élection de Bachar al-Assad est une déclaration politique et populaire de l'échec de la guerre, et toute fin au conflit ne se fera qu'avec la fin du soutien aux groupes extrémistes en Syrie. Si la rébellion compte des modérés et des islamistes, dont le Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda, le régime qualifie tout le monde de terroristes. Et le Hezbollah avait justifié son implication dans la guerre en Syrie par la crainte de voir les radicaux sunnites entrer au Liban. L'opposition modérée est soutenue par une majorité des pays occidentaux et arabe, tandis que le gouvernement est notamment soutenu par la Russie, l'Iran et le Hezbollah. Le président russe Vladimir Poutine a ainsi félicité dans un télégramme son homologue syrien, selon l'agence officielle syrienne Sana. Le chef de l'Etat de Corée du nord a fait de même. S'adressant à ses combattants, il a lancé: Désormais personne ne peut dire que vous combattez contre le peuple syrien. Vous combattez avec ces millions de gens qui se sont rendus aux urnes. Ces élections veulent dire que n'importe quelle solution ne peut plus se fonder sur Genève I, ni sur Genève II, ni sur toute option qui inclurait la démission du président Bachar al-Assad, a-t-il enfin dit, en référence aux pourparlers de paix organisés sans résultat en Suisse et dont l'objectif était la mise en place d'un gouvernement transitoire. L'opposition et ses alliés y avaient réclamé la mise hors-jeu de Bachar al-Assad.
Centaines de prisonniers libérés Les autorités syriennes ont libéré des centaines de prisonniers détenus dans les prisons d'Alep et d'Adra, suite de l'élection à la présidence de Bachar al-Assad, indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Cette organisation basée en Grande-Bretagne est proche des insurgés. "Le régime a transféré au siège du gouvernorat de Damas, en vue de leur libération, 400 hommes et 80 femmes accusés de terrorisme. Ils étaient détenus dans la prison d'Adra (au nord de Damas). Certains ont déjà recouvré leur liberté", a affirmé l'OSDH, citant des avocats qui y voient un "geste de clémence". Mercredi, au lendemain du scrutin présidentiel, 320 prisonniers avaient retrouvé la liberté à Alep. Des dizaines de milliers de Syriens sont détenus dans les geôles du régime, selon des organisations des droits de l'homme. Nawal Z.