Les agences de notation financière Fitch et Standard and Poors ont toutes deux abaissé la note de perspective économique de l'Afrique du Sud, notamment en raison de l'impact des grèves minières et de l'incapacité du gouvernement à faire décoller la croissance. Les mouvements sociaux dans les mines mais plus généralement toutes les grèves, revendications salariales, et les problèmes récurrents d'approvisionnement électrique, entravent l'activité, estime Fitch, qui prévient que sa note BBB pourrait être abaissée à moyen ou long terme. S&P est descendue d'un cran également, à BBB-, juste au-dessus de la catégorie spéculative, avec une perspective stable, justifiant sa décision par la faiblesse de la croissance et un déficit public relativement important. La perspective stable reflète notre opinion selon laquelle les actuelles tensions sociales vont se résoudre et que la faiblesse des performances économiques n'affecteront pas le déficit budgétaire et la balance commerciale de l'Afrique du Sud au-delà de nos prévisions, indique l'agence dans un communiqué. Tout comme Fitch, SP note le recul du PIB sud-africain de 0,6% au premier trimestre, qui s'explique en partie par la grève qui dure fin janvier dans les mines des trois principaux producteurs mondiaux de platine. L'agence souligne aussi que la faiblesse de la demande interne et extérieure pèse sur les finances publiques. L'Afrique du Sud est confrontée à un certain nombre de faiblesses structurelles, souligne pour sa part Fitch, qui avait déjà livré un avertissement négatif semblable il y a deux ans. Le PIB par tête est plus faible et croît moins vite que dans les pays similaires. La distribution des revenus est l'une des plus inégales au monde, en partie à cause du passé d'apartheid. Le chômage est à 25%, le marché du travail plombé par les grèves et la frustration lié au coût de la vie et aux mauvais services publics continue d'alimenter les manifestations, ajoute l'agence de notation. Fitch pronostique désormais une croissance inférieure à 2% cette année en Afrique du Sud (1,7% contre 2,8% prévus en décembre) et observe que le pays ne parvient pas à s'extraire d'une spirale de révisions à la baisse de ces prévisions de croissance. SP pronostique pour sa part une croissance de 1,9% en 2014, puis un rebond à 2,9% en 2015 et à 3,2% en 2016. Quant au ratio de dette sur PIB, il était de 40% en 2013 contre 23% en 2008, et devrait atteindre les 46% d'ici à 2017, relève SP. Fitch constate aussi que la forte dépréciation du rand ces deux dernières années n'a pas permis d'augmenter la compétitivité et la croissance, et que le pays souffre d'un problème de gouvernance et de corruption qui gêne la réalisation de réformes structurelles. Fitch s'inquiète aussi du déficit budgétaire persistant, générateur d'un gonflement de la dette publique qui devrait atteindre un pic de 50% du PIB en 2016 (contre 27% en 2008). Le Trésor public sud-africain a réagi en assurant de son engagement résolu à garder la dette publique dans les limites du gérable. Dans son communiqué, il souligne que le gouvernement est conscient des difficultés de croissance et a donné la priorité la mise en oeuvre accélérée du plan national de développement (NDP). Au premier trimestre 2014, l'économie sud-africaine s'est contractée (-0,6% par rapport au trimestre précédent) pour la première fois depuis la grande récession de 2009, principalement en raison de la grève sans précédent des mineurs de platine pour arracher de fortes revalorisations de salaires. Ce conflit social, le plus long de l'histoire minière nationale, pourrait prendre fin après qu'un accord de principe a été trouvé en milieu de semaine avec le syndicat radical Amcu.