Les milliers de travailleurs qui sont partis du Maroc, d'Algérie et de Tunisie ces dernières années constituent, à moyen terme, la richesse de ces nations, selon l'étude Mirem (Migration de retour au Maghreb) réalisée par European University Institute. Cette étude souligne que ces émigrants reviendront dans leurs pays d'origine avec une formation et une expérience qui fera décoller économiquement les nations du Maghreb. Le parallèle est notamment fait avec l'Irlande et l'Inde, deux pays qui ont subi une énorme émigration entre les années 1960 et 1980, et qui deviennent aujourd'hui, grâce à l'apport de leurs émigrés revenus au pays, des modèles de forte croissance économique. L'étude Mirem révèle, en outre, que 30 % des personnes interrogées ont assuré avoir réalisé un transfert annuel de 1 000 euros durant leur séjour à l'étranger pour soutenir financièrement leurs familles, construire une maison ou payer l'enseignement des enfants restés au pays. 32 % des personnes interrogées assurent avoir réalisé des projets de reconversion dans leurs pays d'origine. Plus de 70% des enquêtés ont quitté leur pays pour l'étranger entre 1980 et 2000 avec l'intention d'y vivre de manière provisoire (45%) et permanente (27%). Action collective de soutien à la réintégration des migrants de retour dans leur pays d'origine Selon la définition recommandée par les Nations unies, un migrant de retour est une "personne retournant vers le pays dont elle est ressortissante, après avoir été un migrant international (à court ou long terme) dans un autre pays, et qui envisage de rester dans son propre pays pour une période d'au moins une année". Le retour auquel le projet Mirem s'intéresse s'inscrit dans le sillage de cette définition et fait exclusivement référence à l'acte de revenir vers son pays d'origine. Toutefois, cette définition ne tient pas compte des facteurs ayant motivé le retour. De même, elle ne tient pas compte de la durée de l'expérience migratoire vécue à l'étranger précédant le retour. Ces deux dimensions, à savoir les facteurs motivant le retour et la durée de l'expérience migratoire passée, ont fait l'objet d'études approfondies, issues de différentes disciplines, depuis les années 60 à nos jours. Elles permettent, entre autres, de distinguer différentes catégories de migrants : Les données relatives aux migrants de retour au Maghreb permettent d'évaluer le phénomène de la migration de retour en se référant à la résidence précédente du migrant. En effet, un migrant de retour est défini comme une personne ayant déclaré, au moment du recensement, un autre pays de résidence précédant la résidence actuelle. La notion de résidence adoptée par le recensement marocain présuppose que la personne réside ou a l'intention de résider pour une durée d'au moins six mois. Les données statistiques issues des recensements généraux en Algérie et au Maroc ont permis d'étudier la répartition régionale des migrants de retour marocains et algériens, par milieux de résidence (urbain/rural), pays de provenance, âge, sexe, situation matrimoniale et type d'activités professionnelles. Ces variables ont été croisées en une série de tableaux et synthétisées par l'élaboration de graphiques. Toutefois, ces données macro relatives à la migration de retour ne détaillent pas les facteurs et circonstances du retour, ou les modalités de réintégration des migrants de retour dans leur pays d'origine. Les rapports et études statistiques rédigés par les partenaires du Mirem permettent de mieux approfondir ces observations préliminaires. La migration de retour fait référence au fait de retourner vers son pays d'origine, de manière temporaire ou permanente. De nombreuses approches scientifiques, issues de différentes écoles de pensée, ont étudié ce phénomène depuis les années 60 jusqu'à nos jours. En dépit des méthodes d'analyse qui les distinguent, elles s'accordent à reconnaître que les modes de réintégration dans le pays d'origine diffèrent en fonction de trois éléments essentiels. Le premier a trait à l'espace de réintégration, le second à la durée et à la nature de l'expérience migratoire vécue à l'étranger, et le troisième aux facteurs et circonstances motivant le retour et déterminant, par là même, le processus de réintégration du migrant dans son pays d'origine. S.Z.