Les cours du brut coté à New York montaient hier en Asie au lendemain de l'annonce par les Etats-Unis qu'ils s'apprêtent à autoriser les exportations de pétrole non raffiné pour la première fois depuis 40 ans. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août prenait 70 cents, 106,73 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance perdait 41 cents, à 114,05 dollars. Selon le Wall Street Journal, le département américain du Commerce va autoriser deux sociétés texanes à exporter le condensat ultra léger issu de l'extraction dont les Etats-Unis disposent en grande quantité grâce au boom du gaz de schiste extrait par fracturation hydraulique. L'interdiction d'exporter du brut américain décidée dans les années 70 était destinée à protéger les intérêts stratégiques du pays, très dépendant des importations de brut du Proche-Orient. "Les investisseurs attendent désormais de voir si les circuits de transport sont au niveau", remarquait Desmond Chua, analyste de CMC Markets à Singapour. Le marché restait par ailleurs attentif à la situation en Irak mais "à moins de perturbations significatives dans le fonctionnement des infrastructures pétrolières dans le sud de l'Irak, nous ne verrons plus de hausse (des cours du brut) liée à la crise" irakienne, selon l'analyste. La grande majorité des champs pétroliers et des oléoducs par lesquels est exporté le brut irakien sont en effet situés dans le sud du pays, épargné pour l'instant par les djihadistes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL), qui ont lancé le 9 juin une vaste offensive au nord et à l'ouest et ne cessent d'engranger depuis de nouvelles conquêtes. La veille, les cours du pétrole coté à New York ont terminé en légère baisse mardi, le marché restant focalisé sur la situation en Irak où les combats entre djihadistes et forces gouvernementales se poursuivaient sans toutefois perturber notablement les exportations d'or noir. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août a lâché 14 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 106,03 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 114,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 34 cents par rapport à la clôture de lundi. Les investisseurs "ont bien tenté de faire grimper le baril de brut au-delà de ses plus haut niveaux en neuf mois (atteints la semaine dernière) au vu de l'incertitude qui règne en Irak", deuxième pays producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a remarqué Gene McGillian de Tradition Energy. "Mais comme pour l'instant on n'a pas observé de perturbations sur l'offre irakienne de pétrole, le marché procède à des prises de profits", a-t-il ajouté. Les forces gouvernementales ont de plus réussi mardi à stopper l'avancée des insurgés dans l'ouest du pays après avoir repoussé un assaut sur la ville de Haditha dans la province d'Al-Anbar et d'autres sur la raffinerie de pétrole de Baïji (nord), la plus grande d'Irak. "On reçoit sans cesse des informations contradictoires, comme une attaque d'insurgés contre un convoi au sud de Bagdad ou la vente d'une première cargaison de brut par les Kurdes via un nouvel oléoduc dans le nord", ce qui incite les investisseurs à la prudence, a noté Matt Smith. Les acteurs du marché sont aussi dans l'attente de la publication, mercredi, du rapport hebdomadaire des autorités américaines sur l'état des réserves pétrolières dans le pays. Selon la moyenne des analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswire, les réserves de brut sont attendues en baisse de 1,2 million de barils. Les stocks de produits distillés devraient avoir augmenté de 800'000 barils et ceux d'essence de 1,2 million de barils. Toutefois, "à moins qu'on observe une grosse augmentation des réserves de brut, le rapport ne devrait pas détourner de façon drastique l'attention du marché des points chauds du monde", a souligné Gene McGillian en faisant référence à l'Irak et l'Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine a fait un pas mardi vers l'apaisement en levant la menace d'une intervention de l'armée russe en Ukraine. Mais le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré ce même jour qu'il pourrait mettre fin au cessez-le-feu qu'il avait unilatéralement déclaré, après la mort de neuf soldats tués dans le crash de leur hélicoptère abattu par des rebelles prorusses.