Les prix du pétrole restaient en hausse vendredi en cours d'échanges européens, après avoir grimpé jusqu'à leur plus haut niveau depuis septembre 2013, dopés par l'escalade des violences en Irak, qui fait craindre des perturbations de l'offre de ce grand pays producteur. Vers 12H00 à Paris, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'est le dernier jour de cotation, valait 113,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 10 cents par rapport à la clôture de jeudi. Vers 08H00 GMT, le Brent est monté jusqu'à 114,69 dollars, son plus haut niveau depuis le 9 septembre 2013. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 43 cents à 106,96 dollars. Vers 01H00 GMT, le WTI a grimpé jusqu'à 107,68 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 19 septembre 2013. "Les prix sont toujours dopés par les évènements en Irak, où les militants du groupe terroriste EIIL, ont conquis de nouveaux territoires et sont maintenant à quelques kilomètres de la capitale, Bagdad", expliquaient les analystes de Commerzbank. Les combattants du groupe radical sunnite de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui sont à moins de 100 kilomètres de Bagdad, avançaient vers une capitale irakienne aux rues quasi-désertes et commerces fermés, à partir de la province d'Al-Anbar à l'ouest, de celle de Salaheddine au nord et de celle de Diyala à l'est. "Jusqu'ici la production dans le sud de l'Irak, qui représente 90% des exportations irakiennes de pétrole, n'a pas été affectée par les combats dans le nord et le centre du pays", notaient les experts de Commerzbank. "Toutefois, la forte hausse des prix (du brut) ces deux derniers jours prouve que cette offre de pétrole n'est plus considérée comme sûre", faisaient-ils remarquer, indiquant que sans la production du sud de l'Irak, le marché manquerait de 2,5 millions de barils par jour (mb/j). Les exportations pétrolières irakiennes se sont en effet élevées à 2,58 mb/j en mai et avaient même atteint 2,8 mb/j en février, un niveau inconnu depuis deux décennies. Le mois dernier, l'Irak a produit 3,33 mb/j, selon des sources secondaires citées par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont ce pays est le deuxième pays producteur derrière l'Arabie saoudite. Pour les analystes du courtier PVM, "il y a une bonne chance que (les champs pétroliers irakien du sud) ne soient pas affectés" par les combats mais il y a aussi "une chance raisonnable qu'ils le soient". "L'Irak est un danger clair et présent. Il pourrait être la source d'une hausse du prix du pétrole et par conséquent d'un choc financier", ajoutaient-ils. Si le baril devenait trop coûteux, il pèserait sur une croissance économique mondiale encore fragile. De son côté, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé vendredi que les violences en Irak ne compromettait pas la production dans l'immédiat. "Si inquiétants que puissent être les récents événements en Irak, ils pourraient ne pas faire peser davantage de risque sur la production pétrolière irakienne dans l'immédiat, pour autant que le conflit ne s'étende pas", a souligné l'AIE dans son rapport mensuel de juin.