Une chance historique selon Washington, une occasion unique d'entrer dans l'Histoire d'après Téhéran: la négociation finale sur le nucléaire iranien a commencé ce week-end à Vienne, entourée de grandes attentes. L'élan apporté par ces déclarations sera nécessaire aux négociateurs, tant les positions semblent encore éloignées entre l'Iran d'une part, et les grandes puissances du 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) d'autre part. Experts et hauts responsables politiques ont entamé jeudi un marathon qui pourrait se poursuivre jusqu'à la date limite du 20 juillet. Après une première séance plénière, la première journée a vu alterner plusieurs entretiens bilatéraux et des réunions de coordination pendant lesquelles chaque délégation a fait le point. L'atmosphère est comme chaque fois très studieuse, a commenté le porte-parole européen Michael Mann: Les négociateurs sont venus avec la détermination de faire avancer le processus et d'aboutir à un accord le 20 juillet. L'accord espéré garantirait que l'Iran ne cherche pas à se doter de la bombe nucléaire. En échange, les sanctions internationales, qui privent chaque semaine ce pays de milliards de dollars de revenus du pétrole, seraient levées. Il favoriserait aussi la normalisation des relations entre Occidentaux et la République islamique, dans un Moyen-Orient plus que jamais explosif, avec la progression des djihadistes de l'Etat islamique en Irak, et la guerre civile en Syrie. Il réduirait le risque de prolifération nucléaire dans la région. Outre Israël, les monarchies pétrolières sunnites du Golfe envisagent avec effroi la perspective d'un Iran chiite doté de la bombe atomique. Nous avons une occasion unique d'entrer dans l'Histoire, a souligné le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Mais il a aussi prévenu que son pays n'était pas prêt à brader les avancées technologiques de son programme atomique, une source de fierté nationale à laquelle il n'est pas question pour l'Iran de renoncer. Dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde, il a rappelé en détail les efforts consentis par l'Iran pour faire la transparence sur ses activités, et plaidé à nouveau que son pays, pour des raisons morales, religieuses et stratégiques, ne voulait pas la bombe. M. Zarif a aussi tenté de démontrer que les sanctions infligées à l'Iran n'avaient pas empêché la poursuite d'un programme nucléaire civil.
Ne pas traîner en longueur La capacité d'enrichissement d'uranium que conserverait l'Iran est l'un des principaux points de divergence empêchant pour l'heure la conclusion d'un accord. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a jugé acceptable que Téhéran conserve quelques centaines de centrifugeuses, les installations qui réalisent l'enrichissement de l'uranium. L'Iran en possède environ 20.000 aujourd'hui, dont la moitié sont opérationnelles, selon le décompte de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'organe spécialisé de l'ONU. L'Iran se dit prêt, de son côté, à modifier les plans de son réacteur à eau lourde en construction à Arak, près de Téhéran, en vue de garantir qu'il ne pourra pas produire de plutonium - l'autre combustible possible d'une bombe nucléaire, au côté de l'uranium hautement enrichi. Téhéran refuse en revanche de mettre sur la table son programme de missiles - les vecteurs possibles d'une bombe - en arguant que cette capacité balistique est une question de défense nationale, et non de politique nucléaire. Si l'on considère la complexité et l'interconnexion des différents sujets (...), il est réellement difficile de prédire le résultat des négociations, a prudemment écrit jeudi M. Zarif sur sa page Facebook. Les discussions pourraient, d'un commun accord, être prolongées pendant six mois. Mais ni l'Iran, ni les 5+1 ne veulent, à ce stade, envisager publiquement cette solution. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a prévenu au contraire les Iraniens que les Etats-Unis et leurs partenaires n'accepteront aucune prolongation si c'est pour faire traîner les négociations en longueur.