L'Iran et les grandes puissances ont annoncé hier qu'ils commenceraient en mai à mettre au point un accord final qui conclurait, s'il était adopté, une décennie de controverses sur le programme nucléaire de Téhéran. Les deux parties se retrouveront à partir du 13 mai à Vienne pour «la prochaine étape», à savoir «travailler aux éléments concrets d'un possible accord global», a annoncé Catherine Ashton, qui dirige la diplomatie européenne, à la fin de la réunion dans la capitale autrichienne. «Un travail intensif sera nécessaire pour surmonter les différends qui subsistent naturellement à ce stade du processus», a-t-elle ajouté dans une déclaration commune avec Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères. Dans cette nouvelle «étape», a indiqué par ailleurs M. Zarif à des médias autrichiens, «chaque partie ne viendra pas avec un projet abouti. Cela sera au contraire un travail en commun, sur la base du respect réciproque et de l'égalité». «Ce qui est sur la table, a-t-il encore expliqué, c'est que l'Iran va poursuivre son programme atomique et que ce programme sera exclusivement pacifique. (...), le diable est comme toujours dans les détails, mais j'estime possible un accord.» La prudence reste de mise, elle se reflète dans les mots choisis par les deux diplomates. Mais le chemin déjà parcouru est important après trois mois de cette négociation incroyablement complexe, rendue possible après que Téhéran ait accepté, en novembre dernier, de geler une partie de ses activités atomiques en échange d'une levée partielle des sanctions qui étouffent son économie. La délégation iranienne et celle du «5+1» (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), représentée par Mme Ashton, ont pour mission d'aboutir à un document final d'ici au 20 juillet, même si ce délai pourrait être prolongé. Un tel accord supprimerait toutes les sanctions en échange de garanties solides et vérifiables selon lesquelles l'Iran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique sous le couvert d'un programme nucléaire civil. Cela permettrait à Téhéran de rompre un isolement qui prive chaque semaine son économie, entre autres, de milliards de revenus du pétrole. L'un des points les plus délicats de la négociation est l'étendue du programme iranien d'enrichissement d'uranium. Concrètement, il reste à secmettre d'accord sur le nombre et le type de centrifugeuses (les appareils réalisant l'enrichissement) utilisables par l'Iran. La discussion achoppe aussi sur le réacteur à eau lourde d'Arak. Cet équipement, encore en construction, utilise la filière du plutonium, qui pourrait elle aussi servir à fabriquer une bombe nucléaire. L'Iran répète que les travaux de construction se poursuivront, mais se dit prêt à utiliser de «nouvelles technologies» pour apaiser les inquiétudes occidentales. En cas d'échec des négociations, l'Iran pourrait reprendre ses travaux nucléaires, et selon le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, il ne lui faudrait que deux mois pour disposer de suffisamment de matériaux pour confectionner une bombe atomique, ce qui entraînerait une réaction «immédiate» des Etats-Unis.