La Réserve fédérale américaine (Fed) va demander aux grandes banques de conserver des fonds propres supplémentaires en rapport avec leurs risques, ce qui forcerait JPMorgan Chase à lever plus de 20 milliards de dollars. Le conseil d'administration de la Fed a discuté mardi d'une nouvelle exigence de fonds propres fondée sur les risques (risk-based capital surcharge) qui concernerait huit grandes banques d'importance systémique. Cette nouvelle règle prudentielle vise "à atténuer les risques potentiels que les établissements financiers d'importance systémique peuvent poser pour la stabilité financière et notre économie", a déclaré la présidente de la Fed, Janet Yellen. Selon le numéro deux de la Fed, Stanley Fischer, JPMorgan est la seule parmi les huit banques concernées à ne pas atteindre pour l'instant le niveau de capitaux requis par ce projet de règlementation. "Je suis surpris que vous disiez qu'aucune banque ne doive augmenter son capital. Ai-je bien compris'", a demandé le vice-président de la Fed, Stanley Fischer à un expert de la banque centrale lors d'une réunion publique du conseil d'administration du régulateur sur la question. "Pourtant, il manque 22 milliards de dollars à une banque. C'est assez impressionnant", a relevé M. Fischer, précisant ensuite qu'il s'agissait de JPMorgan "qui devra finalement fournir davantage de capital". Auparavant, en présentant la nouvelle initiative, des responsables de la Fed avaient indiqué que "la plupart" des huit banques concernées étaient en conformité avec la nouvelle règle qui sera pleinement mise en vigueur en 2019. Il ne leur manquerait "collectivement que 21 milliards de dollars" pour respecter la règle, avaient-ils indiqué avant l'intervention de Stanley Fischer. Chez JPMorgan, on affirmait mardi ne pas être surpris par un tel scénario, la banque s'attendant à devoir lever des fonds supplémentaires pour se conformer au nouveau critère. "En attendant d'examiner la proposition de la Fed, nous restons bien capitalisés et avons l'intention de nous soumettre aux conditions et au calendrier requis pour continuer de fournir de bons retours sur investissements à nos actionnaires", a indiqué JPMorgan dans un communiqué. Cette remarque du dirigeant de la Fed apparaît pourtant comme une déconvenue pour la première banque américaine en termes d'actifs et la plus rentable du pays. En réponse, JPMorgan faisait valoir que, contrairement aux banques rivales, le choix avait été fait de ne pas lever suffisamment d'argent tant que la Fed n'avait pas indiqué quels étaient les seuils de capitaux requis. Les autres banques concernées par la nouvelle règle sont Bank of America, Bank of New York Mellon, Citibank, Goldman Sachs, Morgan Stanley, State Street et Wells Fargo, ont indiqué des responsables de la Fed. Une banque est considérée d'importance systémique si son éventuelle faillite risque de bouleverser le système financier. A la différence des ratios de fonds propres déjà exigés par la loi Dodd-Frank de réforme financière votée après la crise financière de 2008, la nouvelle règle est établie par rapport aux volumes de financements de gros à court terme utilisés par ces établissements bancaires. Elle demandera ainsi de disposer d'une marge de fonds propres supplémentaire de 1% à 4,5% des actifs associés à des risques. La règle sera progressivement mise en place à partir de début 2016 pour entrer pleinement en vigueur en 2019. Le projet de texte est soumis à commentaire public jusqu'à fin février 2015. Les banques les plus affectées par ces nouvelles règles seront les banques d'affaires comme Goldman Sachs et Morgan Stanley qui ont recours au financement à court terme pour financer leurs opérations. C'est aussi le cas de JPMorgan Chase, Bank of America et Citigroup, qui sont des banques universelles.