La banque américaine JPMorgan Chase a accusé l'an dernier le coup des scandales à répétition dont elle n'arrive pas à se défaire depuis deux ans, en gagnant moins d'argent que prévu. La faute cette fois a une charge juridique de près d'un milliard de dollars (990 millions d'euros) inscrite dans ses comptes lors des trois derniers mois de l'année. Les marchés en attendaient moitié moins. Ils le lui faisaient d'ailleurs payer chèrement, avec un recul du titre de 4,10% à 56,43 dollars à Wall Street dans les premiers échanges. JPMorgan a dégagé un bénéfice net annuel 2014 de 21,8 milliards de dollars, certes en hausse de 21,4% sur un an mais ajusté par action, mesure scrutée par les marchés nord-américains, il ressort à 5,29 dollars contre 5,41 dollars attendus en moyenne par les analystes. Au seul quatrième trimestre, le bénéfice net a reculé de 6,6% sur un an à 4,93 milliards de dollars. Par action et hors dépenses juridiques et provisions, il ressort à 1,19 dollar, soit 12 cents de moins que prévu. "C'est décevant", commente Steve Chubak, analyste chez Nomura. "Nous avons commis des erreurs, nous les corrigeons", a déclaré le P-DG, Jamie Dimon, à des journalistes. Il faut dire que comme en 2013, JPMorgan a été rattrapée par les affaires en fin d'année dernière, notamment le scandale des manipulations supposées des marchés des devises de part et d'autre de l'Atlantique. L'établissement fait l'objet actuellement d'une enquête pénale du ministère américain de la Justice (DoJ) et a déjà accepté de payer une pénalité financière de plus d'un milliard à des autorités britanniques et américaines. Comme l'ensemble du secteur bancaire, la première banque américaine en termes d'actifs anticipe en outre une recrudescence des pertes sur des crédits accordés à des entreprises du secteur énergétique plombées par la chute des prix du pétrole. Les provisions liées aux impayés se sont élevées à 840 millions de dollars au quatrième trimestre, contre 104 millions seulement un an plus tôt. L'activité a également déçu, reflétant la méforme des opérations de courtage paradoxalement victimes de la volatilité des marchés obligataires et du pétrole sur les trois derniers mois. Le chiffre d'affaires annuel est de 94,20 milliards de dollars (-2% sur un an) et de 22,51 milliards au quatrième trimestre (-3% sur un an), contre 96,67 milliards et 23,64 milliards attendus respectivement. Dans le détail, les recettes du courtage ont chuté de 13%, notamment en raison du décrochage (-23%) des activités de revenus fixes (courtage d'obligations, de devises, de matières premières), force traditionnelle de la banque. Ce recul était attendu puisque JPMorgan a cédé des opérations de courtage de matières premières physiques pour satisfaire aux demandes des régulateurs. Même l'activité de gestion a déçu (-7,1% au quatrième trimestre), ce que n'a pas pu complètement compenser la banque d'investissement (+8,4% sur un an).
Démantèlement L'an dernier, JPMorgan Chase a fait les titres de la presse moins pour ses performances que pour les scandales et autres affaires qui ont malmené sa réputation. Elle a subi une attaque informatique sans précédent au cours de laquelle des informations de 76 millions de clients et de 6 millions de PME ont été compromises. Si cette affaire a relancé les discussions sur sa fragilité, la Réserve fédérale (Fed) l'a mise sur la défensive. Selon la Fed, JPMorgan devrait lever au moins 22 milliards de dollars supplémentaires pour se conformer à la nouvelle règle en matière de fonds propres. Et comme si le calice n'était pas suffisamment rempli, sa rivale Goldman Sachs lui conseille de se diviser en quatre entités séparées pour dégager davantage de valeur pour les actionnaires. A tout cela s'est ajoutée la maladie de son charismatique patron qui souffre d'un cancer de la gorge "curable". "JPMorgan reste une banque solide avec de fortes activités et dont l'action est sous-évaluée", relève Chris Kotowski chez Oppenheimer. Les dirigeants de la banque se veulent également optimistes dans la perspective d'une remontée des taux d'intérêt attendue de la Fed susceptible d'améliorer ses marges.