La banque américaine JPMorgan Chase a annoncé, avant-hier, un bénéfice en baisse de 9% sur un an de 5 milliards de dollars au deuxième trimestre malgré une perte de 4,4 milliards de dollars dans les dérivés, qu'elle a accusé certains individus d'avoir cherché à cacher. Par action, le bénéfice net ressort à 1,21 dollar. Le chiffre d'affaires a de son côté reculé de 17% sur un an à 22,2 milliards de dollars, un peu meilleur qu'attendu (21,9 milliards de dollars). La banque a révisé à la baisse ses résultats du premier trimestre dans un communiqué publié quelques minutes avant la parution des résultats du deuxième trimestre, invoquant la possibilité que des individus aient dissimulé des pertes dans les produits dérivés. La firme a récemment découvert des informations qui créent des doutes sur l'intégrité des (informations rapportées sur les opérations) des traders, et certains individus ont peut-être cherché à éviter de montrer la totalité des pertes, précise ce communiqué. Toutes nos activités liées à nos clients ont dégagé une solide performance. Toutefois, il y a eu plusieurs éléments qui ont pesé sur les résultats du trimestre, certains positivement d'autres négativement, a commenté le P-DG Jamie Dimon, cité dans le communiqué. Il a ensuite détaillé les très nombreux éléments exceptionnels compris dans les comptes du deuxième trimestre. Ils comprennent une perte de 4,4 milliards de dollars sur le portefeuille de (dérivés de crédits européens) de notre CIO (Chief investment office, l'unité de courtage en propre de la banque) et un milliard de dollars de gains sur actions du CIO, ainsi qu'un gain de 545 millions de dollars lié à des obligations liées à Bear Stearns sur lesquelles la banque escomptait une perte et prévoit maintenant un recouvrement total des sommes investies, a détaillé le P-DG de la première banque américaine en termes d'actifs.La firme inclut aussi 755 millions de dollars de réévaluation du coût de la dette liés aux écarts de taux et enfin a réduit les réserves pour pertes sur prêts immobiliers et cartes de crédit de 2,1 milliards de dollars. Depuis la fin du premier trimestre nous avons réduit de façon substantielle le risque lié aux dérivés de crédits du CIO et ce portefeuille va être transféré à la banque d'investissement qui a les compétences pour le liquider, a poursuivi M. Dimon. Le CIO ne fera plus d'opérations sur dérivés et se focalisera sur sa mission de base d'investir prudemment les excès de liquidités provenant des dépôts pour générer un rendement satisfaisant, a-t-il conclu. Il souligne enfin que la banque a mené une enquête interne complète sur les pertes liées aux dérivés de crédit dans le CIO et qu'elles semblent isolées à cette unité. Les pertes de courtage pourraient encore monter Jamie Dimon, le P-DG de la banque JPMorgan Chase, a indiqué que les pertes de courtage liées aux dérivés de crédit pourraient atteindre de 800 millions à 1,7 milliard de dollars de plus dans les mois à venir, mais que le portefeuille restant pourrait aussi dégager des bénéfices. Les pertes pourraient encore atteindre une telle ampleur en cas d'événement tel qu'une "crise de la zone euro ou de gel du crédit", a-t-il indiqué, ajoutant que le portefeuille de produits dérivés en cause avait été très fortement réduit. "A ce jour tous les dirigeants du CIO travaillant depuis Londres et ayant eu des responsabilités dans le portefeuille de crédit "ont été séparés de l'entreprise", indique par ailleurs un point sur les pertes de courtage. Le CIO ou "chief investment office" est l'unité de courtage en propre du groupe et à l'origine de ces pertes monumentales de courtage sur les dérivés. Le terme employé pourrait indiquer qu'ils ont été licenciés ou qu'ils sont simplement suspendus. Ces pertes "ont secoué notre entreprise dans ses fondations", "nous nous sommes tiré nous-mêmes une balle dans le pied", a admis M. Dimon. "Nous ne sommes pas fiers de cette erreur mais nous sommes fiers de notre entreprise" et d'avoir réussi à dégager des bénéfices dans cette période difficile pour la banque, a fait valoir Jamie Dimon lors d'une conférence d'analystes. Il a réaffirmé qu'il s'agissait d'un événement "isolé". S&P: perte de courtage sans impact L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a jugé, avant-hier, que la perte de 6 milliards de dollars enregistrée par JPMorgan Chase dans le courtage de dérivés de crédits, bien que plus forte qu'attendu, n'aurait pas d'impact sur la note de la dette de la banque. L'agence a maintenu la note A qu'elle accorde à la dette à long terme de JPMorgan, la sixième sur son échelle de notation, qui est attribuée aux émetteurs solides mais susceptibles d'être affectés par des changements de la situation économique. La perspective reste négative. La banque a annoncé des pertes de 5,8 milliards de dollars depuis le début de l'année dans le courtage de dérivés de crédits de son unité de courtage en propre. Ces pertes plus élevées que ce qui était attendu à l'origine pourraient encore augmenter de 800 millions de dollars à 1,6 milliard de dollars, a relevé S&P. Malgré ces pertes, la banque a dégagé un bénéfice net de 5 milliards de dollars sur le trimestre, en baisse de 9% sur un an. SP fait valoir que d'après la direction de JPMorgan, la banque a réduit le risque dans le portefeuille de dérivés en cause d'environ 70%, (...) a mis en place des remèdes y compris une nouvelle équipe de direction, et des limites de risques au sein de l'unité. Nous pensons que l'exposition directe de JPMorgan à la Grèce, l'Irlande, l'Italie, le Portugal et l'Espagne reste gérable mais qu'elle pourrait avoir un impact négatif si la crise européenne s'aggravait, a conclu l'agence.
