Les cours du pétrole ont fini en baisse vendredi, pâtissant d'un nouveau renforcement du dollar ainsi que de prises de bénéfices par des investisseurs qui tiraient profit de la nette hausse des deux dernières séances. Le prix du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet a perdu un dollar à 59,72 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir avancé de près de trois dollars mercredi et jeudi. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé la séance à 65,37 dollars, en baisse de 1,17 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Malgré d'importantes fluctuations d'un jour à l'autre, le marché du pétrole, qui a rebondi à partir de la mi-mars après avoir atteint un plus bas depuis six ans à moins de 45 dollars le baril à New York, semble désormais en quête de stabilité, car les cours achèvent à peu près la semaine au niveau où ils l'avaient commencée. Vendredi, le marché s'est surtout retrouvé sous la pression d'un renforcement du dollar, qui gagne près de 1% après d'assez bons chiffres sur l'inflation aux Etats-Unis, a noté Bob Yawger de Mizuho Securities. Lorsqu'il se renforce, le dollar pèse souvent sur les cours de l'or noir, car ils sont libellés en monnaie américaine, et en deviennent donc moins intéressants. A l'inverse, en s'affaiblissant entre la mi-avril et la mi-mai, le billet vert a joué un rôle dans le récent rebond du marché pétrolier. Cette corrélation inversée avec le dollar, c'est devenu un monde en soi et c'est l'élément dominant aujourd'hui, a insisté M. Yawger. Sur le marché, elle a même éclipsé une attaque terroriste importante en Arabie saoudite. Un attentat suicide, revendiqué pour la première fois par le groupe jihadiste Etat islamique, a fait vendredi plusieurs morts et blessés dans une mosquée chiite de l'est du royaume, à Koudeih. Cette localité ne se trouve qu'à une soixantaine de kilomètres du plus important gisement pétrolier saoudien et du monde, celui de Ghawar, a souligné M. Yawger, pour qui cet attentat aurait pu soutenir les cours dans le sens où il est préoccupant pour la sécurité de l'approvisionnement saoudien. L'Arabie saoudite joue un rôle particulièrement important sur le marché pétrolier, car elle domine l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont le marché attend par ailleurs la prochaine réunion, le 5 juin.
Bon niveau Sur le plan de l'offre américaine, le marché n'a guère réagi au décompte hebdomadaire des puits en activité aux Etats-Unis, établi par le groupe Baker Hughes. En recul de plus de moitié depuis l'automne dernier, ce que certains analystes interprètent comme le signe annonciateur d'un déclin durable de la production, il n'a baissé cette semaine que d'une unité. Le niveau élevé de l'offre, des Etats-Unis comme de l'Opep, reste l'une des principales préoccupations des investisseurs, après avoir déjà contribué à faire chuter les cours de plus de moitié entre juin 2014 et janvier dernier. Sur ce plan, le marché a été soulagé cette semaine par l'annonce par le gouvernement américain d'une baisse hebdomadaire des réserves de brut aux Etats-Unis, la troisième de suite. Cela conduit certains investisseurs à attendre et espérer que l'excédent d'offre se résorbe aux Etats-Unis, mais, en réalité, tout ce que va faire la hausse des cours, c'est encourager la production, a prévenu Matt Smith, de Schneider Electric, notant que la baisse des réserves était surtout due à une accélération de l'activité des raffineries. Enfin, le marché a aussi subi vendredi un repli technique, probablement affecté par quelques prises de bénéfices après la hausse des précédentes séances, a jugé Carl Larry, de Frost à Sullivan. On est de retour autour de 60 dollars le baril de brut (...) et les gens semblent penser que c'est un bon niveau, notamment à l'approche de la réunion de l'Opep. Les investisseurs étaient par ailleurs particulièrement peu enclins à prendre des risques à l'arrivée d'un week-end de trois jours, lundi étant férié aux Etats-Unis et plusieurs pays d'Europe, dont la France et le Royaume-Uni. En Asie, le pétrole était en baisse dans les échanges matinaux sous l'effet de prises de bénéfices au lendemain d'une séance en forte hausse due à la baisse de la production américaine et des préoccupations géopolitiques. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet perdait 15 cents à 60,57 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 21 cents à 66,33 dollars. "Nous ne nous attendions pas à une baisse aussi prononcée des stocks américains", a rappelé Nicholas Teo de CMC Markets. En outre, la production américaine, sur laquelle préfèrent se concentrer beaucoup d'observateurs, s'est établie à 9,262 millions de barils par jour (mbj), baissant de 112 000 b/j en une semaine. Daniel Ang de Phillip Futures souligne que les cours sont également soutenus par un affaiblissement du dollar qui réagit à l'optimisme des marchés quant à l'éloignement de la menace d'une hausse à court terme des taux d'intérêt aux Etats-Unis.