Les cours du pétrole rebondissaient hier en Asie dans un marché escomptant une nouvelle baisse hebdomadaire des réserves de brut aux Etats-Unis faute de bonne nouvelle sur le front de l'offre. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet prenait 60 cents, à 60,12 dollars, repassant la barre symbolique des 60 dollars pour la première fois depuis le 12 juin. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, dont c'était le premier jour comme contrat de référence, s'appréciait de 32 cents, à 64,27 dollars. "Les cours du pétrole ont perdu plus de 3% depuis le 10 juin, et il est possible que les opérateurs jugent le moment opportun pour couvrir leurs positions", notait Bernard Aw du cabinet IG Markets. "Un dollar plus faible peut aussi contribuer à ce rebond qui demeure modeste car si on prend un peu de champ, on s'aperçoit que le Brent oscille depuis deux mois entre 60 et 70 dollars, les fondamentaux n'ayant pas évolué de façon notable", a-t-il ajouté. A New York, les cours gravitent autour de 60 dollars le baril depuis le début du printemps, après avoir chuté à la mi-mars à leur plus bas niveau depuis six ans à moins de 45dollars. Les analystes s'interrogent sur la pérennité de ce rebond et sur la capacité du marché à se propulser au-delà, car le niveau élevé de l'offre, qui avait largement contribué à faire chuter les prix de moitié au second semestre de l'an dernier, ne s'est guère amélioré dans les faits. Lors de sa dernière réunion, l'Opep a décidé de conserver une nouvelle fois son plafond de production inchangé à 30 millions de barils par jour (mb/j), l'Arabie saoudite ayant refusé de porter seule le fardeau d'une baisse de sa production alors que d'autres membres du cartel et les pays hors-Opep ne sont pas près à réaliser des efforts dans ce sens. L'actuelle surabondance d'offre de pétrole dans le monde représenterait le plus long épisode de cette nature depuis au moins 1985 si l'Opep maintenait son niveau de production, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le marché s'intéresse donc au niveau de la demande et à celui des réserves d'or noir aux Etats-Unis qui en dépendent pour une large part. Ces réserves devraient enregistrer une nouvelle baisse lors de la semaine achevée le 12 juin, de 1,75 million de barils, selon les prévisions médianes des analystes interrogés par l'agence Bloomberg. Les stocks américains se situent toujours néanmoins plus de 90 millions de barils au-dessus de la moyenne observée à cette époque de l'année au cours des cinq dernières années, selon le département américain de l'Energie. La veille, les cours du pétrole ont baissé à New York et Londres, sans grande actualité sur un marché de l'or noir qui restait préoccupé par le niveau élevé de l'offre des Etats-Unis comme de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a cédé 44 cents à 59,52 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir déjà baissé lors des deux précédentes séances la semaine dernière. A Londres le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a fini la journée à 62,61 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,28 dollar par rapport à la clôture de vendredi. "On continue dans la foulée du déclin de la semaine dernière, sur fond d'inquiétudes sur la surabondance", a résumé Matt Smith de Clipper Data, soulignant toutefois que "malgré l'instabilité persistante des cours, ils restent autour du même niveau". Les analystes s'interrogent sur la pérennité de ce rebond et sur la capacité du marché à se propulser au-delà, car le niveau élevé de l'offre, qui avait largement contribué à faire chuter les prix de moitié au second semestre de l'an dernier, ne s'est guère amélioré dans les faits. Au contraire, aux dernières nouvelles, "l'Arabie Saoudite s'est dit prête à augmenter sa production, tandis que celle des Etats-Unis reste tenace", a noté M. Smith. Au sujet de l'Opep, dont l'Arabie saoudite est le chef de file, l'agence spécialisée Platts a estimé lundi que sa production avait atteint en mai son plus haut niveau depuis octobre 2012, à 31,11 millions de baril par jour. Le chiffre est nettement supérieur au plafond officiel de 30 mbj, que le groupe a maintenu en l'état à l'issue de sa réunion semestrielle au début du mois. Soutien du dollar Le marché scrute également les négociations entre Téhéran et les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et l'Allemagne), actuellement réunis à Vienne pour tenter de faire progresser les négociations sur le nucléaire iranien qui doivent se terminer le 30 juin. Si ces négociations aboutissent et que les sanctions internationales contre l'Iran étaient levées, le pays pourrait produire un million de barils de pétrole par jour supplémentaires dans les six à sept mois qui suivent, selon le ministre du Pétrole iranien, Bijan Namdar Zanganeh. A mesure que la fin des négociations approche, les investisseurs pourraient devenir plus nerveux, ont noté plusieurs analystes, augmentant ainsi l'instabilité des prix sur les marchés. Mis à part les considérations sur l'offre, les prix de l'or noir, en baisse de plus d'un dollar en début de journée à New York, ont obtenu un peu de soutien d'un affaiblissement du dollar, qui rend plus intéressants les prix pétroliers, puisqu'ils sont libellés en monnaie américaine. Pour Tim Evans, de Citi, le marché pétrolier s'est surtout trouvé sous la pression d'éléments extérieurs, en premier lieu "les inquiétudes sur les effets d'un éventuel défaut de la Grèce et d'une sortie du pays de l'euro après l'échec de négociations au cours du week-end". Les positions de la Grèce et ses créanciers sont désormais figées, Athènes ayant cédé du terrain sur un objectif budgétaire central pour mieux se dire déterminée à "attendre patiemment" des concessions de ses interlocuteurs, malgré l'urgence financière. Enfin, selon M. Evans, les prix ont aussi pâti de considérations techniques en raison de l'expiration du contrat pour juillet sur le Brent.