Les cours du pétrole continuaient de baisser hier matin en Asie sous la menace d'un défaut de paiement de la Grèce à ses créanciers et d'une sortie du pays de la zone euro, ce qui favorise le dollar. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août perdait 23 cents, à 58,10 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 15 cents à 61,86 dollars. Athènes devait rembourser 1,5 milliard d'euros hier avant 22H00 GMT au Fonds monétaire international mais sauf coup de théâtre cette dette ne sera pas honorée et la Grèce sera aussitôt privée d'accès aux ressources de l'institution. Nombre d'investisseurs craignant un impact sur l'euro boudant la devise européenne au profit du dollar, jugé plus sûr. Or un dollar plus cher pénalise les achats de brut libellés dans cette monnaie, rappelait Daniel Ang chez Philip Futures. Nous étions assez optimistes pour les cours mais la situation pourrait s'assombrir surtout si l'Europe enregistre une nouvelle contraction de son économie par contagion de la crise grecque, notait David Lennox chez Fat Prophets, cité par Bloomberg. Le marché est également attentif à l'évolution des négociations sur le nucléaire iranien entre Téhéran et les grandes puissances, le délai convenu pour trouver un accord expirant en théorie hier. Un accord doit garantir que le programme nucléaire iranien sera uniquement civil, en échange d'une levée des sanctions internationales. Dans un tel cas, l'Iran serait à même de produire un million de barils de pétrole par jour supplémentaires dans les six mois qui suivent, selon Téhéran. La veille, les cours du pétrole ont baissé à New York et Londres, pâtissant comme d'autres marchés de l'aggravation de la crise grecque, tandis que les investisseurs restaient inquiets du niveau élevé de l'offre, notamment au Moyen-Orient. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août a reculé de 1,30 dollar à 58,33 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a cédé 1,25 dollar à 62,01 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Je crois que c'est en premier lieu la Grèce", qui pèse sur les cours de l'or noir, a estimé Kyle Cooper, de IAF Advisors, notant que la Bourse américaine semblait également souffrir des incertitudes autour d'Athènes. La situation s'est brusquement dégradée ce week-end entre Athènes et ses créanciers, et le Premier ministre, Alexis Tsipras, a provoqué la stupeur en annonçant un référendum sur les exigences de ses créanciers, prévu le 5 juillet après cinq mois de négociations avec l'UE, la BCE et le FMI, appelant à les rejeter en votant "non". "Toute cette situation, la perspective d'un défaut, cela provoque des incertitudes" qui nuisent au pétrole, plutôt considéré comme un actif à risque, a expliqué M. Cooper. De plus, certains observateurs estiment que la situation tend à renforcer le dollar, ce qui pèse en retour sur les échanges pétroliers, libellés en monnaie américaine et donc plus coûteux.
Inquiétudes en Chine Néanmoins, "l'euro et le dollar n'ont pas beaucoup bougé aujourd'hui, malgré le choc du week-end", la monnaie unique se redressant même vers 17H00 GMT, a nuancé Tim Evans, de Citi. "La Grèce n'est ni le seul facteur de risque pour le marché pétrolier, ni même le plus important", a-t-il insisté. "La surabondance persistante est aussi un problème, ce que souligne (...) une nouvelle hausse de la production irakienne, en juin." En ce sens, le marché est particulièrement attentif à l'évolution des négociations sur le nucléaire iranien entre Téhéran et les grandes puissances, à Vienne, à la veille de l'expiration théorique de la date limite pour un accord. "Même si le délai devra probablement être prolongé au-delà du 30 juin, on dirait que l'on fait des progrès", a rapporté Matt Smith, de ClipperData. "Tout accord pénaliserait les prix du pétrole et des produits dérivés" car il conduirait à "un retour progressif des barils iraniens sur le marché", a rappelé M. Smith. Enfin, parmi les éléments d'inquiétudes à l'international, "il y a aussi la chute des Bourses chinoises", qui poursuivent leur brutale correction après l'euphorie des derniers mois, a ajouté Carl Larry, de Frost & Sullivan. Les inquiétudes sur l'essoufflement de la Chine, deuxième économie mondiale et premier importateur d'or noir au monde, se font plus pressantes après une nouvelle réduction des taux d'intérêt de la banque centrale chinoise (PBOC) samedi. Finalement, "la seule chose qui donne de l'espoir, c'est que si la Grèce ne s'en sort pas et que la situation se dégrade encore en Chine, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'aura pas d'autre choix que de réduire sa production", a jugé M. Larry. L'Opep, à laquelle appartiennent notamment l'Irak et l'Iran, a maintenu début juin son plafond théorique de production à 30 millions de barils par jour. Le niveau élevé de son offre, de même que de celle des Etats-Unis, avait largement contribué à faire chuter les prix de moitié au second semestre 2014.