Les cours du pétrole ont de nouveau nettement baissé jeudi, après que l'annonce d'une hausse des réserves américaines de brut a accentué les craintes, déjà nombreuses, d'un excès persistant de l'offre. Déjà en baisse de plus d'un dollar la veille, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre a perdu 1,18 dollar à 41,75 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), tombant pour le deuxième jour de suite au plus bas niveau de clôture d'un contrat de référence depuis la fin août. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a cédé 1,75 dollar à 44,06 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Les cours, qui s'étaient stabilisés à partir de septembre autour de 45 dollars le baril, rechutent depuis le début novembre. La production reste élevée, que ce soit aux Etats-Unis ou dans le reste du monde, a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Jeudi, le marché est resté sous pression après avoir observé une hausse hebdomadaire des réserves de pétrole brut aux Etats-Unis, a-t-il précisé. Les stocks de brut ont augmenté de plus de quatre millions de barils la semaine dernière aux Etats-Unis, ce qui les ramène à moins de cinq millions de leur record, et la production a de nouveau monté, selon des chiffres publiés par le Département américain de l'Energie (DoE). Même si ces chiffres sont moins élevés que les estimations privées de la fédération American Petroleum Institute (API), ils dépassent largement les prévisions des économistes interrogés par l'agence Bloomberg. Parmi les éléments susceptibles d'expliquer cette large hausse des réserves, il y a des rumeurs de presse selon lesquelles de nombreux pétroliers irakiens ont rejoint la côte du Golfe, au large du Texas et d'autres Etats voisins, ce qui laisse attendre des importations élevées, a rapporté Bob Yawger, de Mizuho Securities. Selon lui, les raffineries préfèrent importer du pétrole étranger qu'utiliser les stocks américains, car l'écart de prix se réduit entre le WTI et le brut étranger. On dit même que les cargos réduisent un peu leur prix pour les rendre encore plus intéressants, a-t-il noté.
L'Opep ne rassure pas Les chiffres du DoE n'ont fait que confirmer la déprime du marché, qui s'orientait déjà dans le rouge avant leur publication face à des perspectives internationales peu engageantes. Le rapport mensuel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'a rien fait pour soulager les craintes de surabondance, a estimé Matt Smith, de ClipperData. Troisième et dernier grand acteur de la semaine à publier un tel rapport, après le DoE et l'Agence internationale de l'Energie (AIE), le cartel n'a pas modifié par rapport au mois précédent ses prévisions de demande et d'offre de brut pour 2015 et 2016. Certes, on pourrait juger favorable l'annonce d'un déclin de la production de l'Opep lors du mois précédent, a reconnu Tim Evans de Citi. Toutefois, il soulignait qu'à plus de 31 millions de barils par jour (b/j) en octobre, ce chiffre dépasse encore largement les prévisions du cartel pour l'an prochain, ce qui les met d'autant plus en doute que l'on craint prochainement un afflux de pétrole iranien à la suite de l'accord nucléaire conclu lors de l'été. A trois semaines de la prochaine réunion du cartel, les observateurs jugent dans l'ensemble peu probable que l'Opep réduise son plafond théorique de production, dont le maintien en l'état a largement contribué à la baisse des cours depuis un an. Des responsable saoudiens et koweïtiens ont tenu des propos qui ne laissent pas présager de changement de l'actuelle stratégie de l'Opep, c'est-à-dire la défense de ses parts de marché quand bien même cela supposerait d'accepter de bas prix, ont conclu les experts de Commerzbank. En Asie, les cours du pétrole rebondissaient au lendemain d'une forte baisse, mais les investisseurs anticipent déjà un nouveau déclin en raison des prochains chiffres des réserves américaines de brut. Le département américain de l'Energie doit annoncer jeudi les chiffres hebdomadaires des stocks américains qui sont généralement considérés comme un indicateur fiable de la demande de pétrole de la première économie mondiale. La publication de ces chiffres a été différée d'un jour en raison du 11 novembre. Les cours ont fortement baissé mercredi, après que des estimations élevées sur l'offre américaine se sont ajoutées aux inquiétudes déjà omniprésentes sur la surabondance mondiale. Le rapport du département de l'Energie fournira des indices clés quant à l'évolution des prix à court terme, a déclaré Sanjeev Gupta, de la société EY. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre gagnait jeudi 27 cents à 43,20 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, la référence européenne du brut, pour livraison en décembre également, progressait de 26 cents à 46,07 dollars. Pour M. Gupta, le marché est également dans l'attente d'une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) attendue le mois prochain. La décision du cartel de maintenir un haut niveau de production est citée comme une des raisons du bas niveau actuel des cours par rapport à leurs plus hauts de 2014, quand le baril dépassait les 100 dollars.