Les cours du pétrole étaient en baisse hier matin en Asie malgré le repli attendu des réserves de brut aux Etats-Unis, plombés par de ternes indicateurs économiques en provenance de la zone euro et de Chine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier glissait de 90 cents, à 62,92 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance s'enfonçait de 1,01 dollars, à 65,83 dollars. Dans le contexte persistant "d'offre excédentaire, la principale préoccupation (du marché) pour le moment est le niveau de production aux Etats-Unis", relevait Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. "Les réserves américaines sont au cœur de l'attention des investisseurs soucieux d'auner l'augmentation de la production", a-t-il dit. Selon les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, les réserves de brut mesurées par le département américain de l'Energie (DOE) devraient avoir enregistré une baisse de 2,7 millions de barils, en moyenne, au cours de la semaine achevée le 5 décembre. Les stocks d'essence auraient en revanche gonflé de 2,2 millions de barils et ceux de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) de 600 000 barils, sur fond d'accélération de l'activité des raffineries américaines à l'approche de l'hiver. L'Institut américain du pétrole, un organisme professionnel, estime lui que les réserves ont augmenté de 4,4 millions de barils dans le même intervalle. Côté demande, les nouvelles peu encourageantes s'accumulent quant à la vigueur de l'activité dans les grandes économies mondiales, sauf aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de pétrole, où les signes d'une reprise se multiplient. L'Allemagne a fait état mardi d'une baisse et de ses importations (-3,1%) et des exportations (-0,5%) en octobre. La Chine avait annoncé la veille un excédent commercial record en novembre, avec une chute surprise de ses importations et un fort ralentissement de ses exportations, confirmant son essoufflement. Des chiffres qui "reflètent le recul de la demande mondiale et pèsent sur les cours du pétrole", en chute libre depuis leur pic de juin et qui évoluent actuellement à leur plus bas niveau depuis cinq ans, rappelait Daniel Ang. La veille, les prix du pétrole sont parvenus à finir la séance sur un petit rebond à New York et à Londres, malgré de vives craintes sur la surabondance de l'offre mondiale en brut, aidés par l'anticipation d'une baisse des stocks pétroliers américains. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier a avancé de 77 cents, à 63,82 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après une chute plus tôt à un nouveau plus bas depuis cinq ans. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 66,84 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 65 cents par rapport à la clôture de lundi. Le regain de vigueur du marché du brut à l'issue d'une séance hésitante se doit "avant tout à un mouvement d'achats à bon compte" succédant à de très fortes baisses des prix, a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. A Londres comme à New York, les prix du brut avaient dévissé de près de trois dollars la veille, touchant des planchers inédits depuis au moins cinq ans. Ce nouveau plongeon avait été précipité par la stratégie des prix de certains membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), guidés par l'Arabie saoudite, consistant à laisser les prix plonger pour maintenir leurs parts de marché face à une offre américaine de plus en plus envahissante, et des révisions à la baisse de prévisions de prix pour 2015. Mais, à la veille d'un rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE) sur les stocks de brut aux Etats-Unis, les prix ont regagné du terrain, aidés par "l'anticipation d'un recul des stocks de brut", a expliqué Carl Larry, de Frost & Sullivan. D'autre part, un léger accès de faiblesse du dollar a aussi aidé les prix du brut à rebondir, a relevé John Kilduff, de Again Capital, soulignant que "les cours du brut sont très réactifs" à la valeur de la devise américaine. Le billet vert a pâti de quelques prises de bénéfices au lendemain d'un bond à des plus hauts depuis 7 ans face au yen et 2 ans face à l'euro. Or, plus le dollar faiblit, plus les achats de matières premières libellées dans cette monnaie deviennent intéressants pour les acheteurs munis d'autres devises. D'autre part, la révision en baisse par l'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), qui émane du DoE, de la croissance de la production nationale de pétrole en 2015 "a également un peu aidé", a noté M. Kilduff. Dans un rapport publié mardi, l'EIA a prévu une hausse de la production estimée à 8,6 millions de barils par jour en 2014 et à 9,3 millions de barils en 2015, contre 9,4 millions prévus en novembre.