Les dirigeants europ éens s'inquiètent de plus en plus de la mont ée en puissance du groupe armé Etat islamique (EI) en Libye, qui menace directement les territoires africain et européen. " La Libye risque d'être la prochaine urgence ", a affirmé le président du Conseil italien, Matteo Renzi, vendredi. La Libye, plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, est devenue une cible privilé- giée pour l'EI. Selon un récent rapport de l'ONU, il y aurait entre 2000 et 3000 combattants de l'EI en Libye, dont 1500 à Syrte, une ville située à 450 kilomètres à l'est de la capitale Tripoli. Pour le groupe armé, l'ancienne colonie italienne représente " de toute évidence un pôle d'attraction à mesure que la Syrie est plus compliquée d'accès ", selon une source gouvernementale française. L'organisation terroriste provoque depuis plusieurs mois de vives tensions dans le sud du pays entre les Toubous et Touaregs, deux peuples dont les violentes rivalités pourraient déstabiliser les pays voisins comme le Tchad et le Soudan, selon Kader Abderrahim, chercheur à l'Institut de Relations internationales et stratégiques de Paris (Iris). La multiplication des attentats revendiqués par l'EI en Tunisie voisine alarme également quant à l'influence grandissante du groupe armé dans la région. Le même chercheur poursuit que " La Tunisie est le pays le plus menacé. Les terroristes ne supportent pas l'idée qu'à quelques dizaines de kilomètres, il y ait une démocratie qui fonctionne. " La Libye semble aussi attiser l'intérêt de nombreux aspirants djihadistes européens. Dernièrement, deux jeunes Français soupçonn és de vouloir rejoindre l'EI en Libye ont été arrêtés en Tunisie. L'Europe s'inquiète surtout de l'afflux de réfugiés en provenance de la Libye, foyer de transition important pour l'immigration africaine, qui représenterait une manne financière pour les terroristes. L'EI pourrait même tenter de " débarquer des djihadistes à Lampedusa (une île italienne à 300 kilomètres des côtes libyennes) ", estime un ministre européen. Sur place, les nombreuses milices libyennes qui pourraient combattre les positions de l'EI cherchent plus à se disputer le pouvoir, dans le cadre d'une guerre civile qui semble interminable, qu'à contrer l'organisation.