La chancelière allemande Angela Merkel s'est prononcée en faveur d'un très net durcissement des règles d'expulsion des demandeurs d'asile condamnés par la justice en Allemagne, demandant que même ceux auxquels est infligée une peine avec sursis puissent être renvoyés. Si les réfugiés ont commis un délit, cela doit avoir des conséquences, (...) cela veut dire que le droit (de séjour) doit s'arrêter s'il y a une peine de réclusion, même avec sursis, a déclaré Mme Merkel, tirant les leçons des agressions sexuelles intervenues le soir de la Saint- Sylvestre à Cologne (ouest) qui auraient impliqué des demandeurs d'asile. Au cours d'une réunion à Mayence (sud-ouest), les dirigeants du parti conservateur de la chancelière CDU se sont mis d'accord pour demander que la perte du droit d'asile en Allemagne soit plus systématique en cas de délit. Cette prise de position doit désormais être discutée avec l'autre grand parti présent dans la coalition gouvernementale à Berlin, les sociaux-démocrates (SPD). Il est important que là où la loi n'est pas suffisante, elle soit modifiée, a affirmé, pendant une conférence de presse Angela Merkel, y voyant là aussi l'intérêt de la grande majorité des réfugiés. Pour l'heure, en vertu de la loi allemande, l'expulsion d'un demandeur d'asile n'a lieu qu'après une condamnation à au moins trois ans de prison, mais à la condition que sa vie ou sa santé ne soient pas menacées dans son pays d'origine. L'Allemagne a vu affluer 1,1 million de demandeurs d'asile en 2015 et les violences du Nouvel An à Cologne y ont créé un choc, faisant s'accroî- tre les critiques à l'égard de la politique d'ouverture des fronti ères aux demandeurs d'asile suivie depuis septembre par Mme Merkel. Dans le cadre du durcissement de son régime d'asile, Berlin réfléchit également à étendre à des pays comme l'Algérie et le Maroc la liste des Etats considérés comme sûrs - après y avoir récemment inclus ceux des Balkans occidentaux - et dont les ressortissants ne pourraient en consé- quence plus obtenir le statut de réfugié en Allemagne. Une décision concernant ces deux pays n'a pas encore été prise mais la chancelière a estimé que les perspectives de séjour pour ces réfugiés (algé- riens et marocains,) sont bien moindres que celles par exemple des Syriens et des Irakiens. La question se pose avec d'autant plus d'acuité pour le gouvernement allemand que les statistiques du mois de décembre ont montré une forte augmentation du nombre des Algériens et des Marocains entrant en Allemagne pour y déposer une demande d'asile, alors que jusqu'ici ils étaient en très petit nombre par rapport aux Syriens, aux Irakiens et aux Afghans. LE NOMBRE DES PLAINTES GRIMPE À 379 Le nombre des plaintes liées aux violences de Cologne (ouest) dans la nuit du Nouvel An a grimpé à 379 et les suspects sont principalement des demandeurs d'asile ou des immigrés en situation illégale, a annoncé samedi la police locale. Environ 40% de ces plaintes portent sur des agressions sexuelles, a également dit la police. Jusqu'à présent, il était question d'environ 170 plaintes déposées. Les personnes sur lesquelles enquête la police criminelle sont originaires en grande partie de pays d'Afrique du Nord. En grande partie, il s'agit de demandeurs d'asile et de personnes qui se trouvent en Allemagne illégalement, explique la police de Cologne. Elle précise néanmoins que les enquêtes pour savoir si et dans quelle mesure ces personnes ont un lien avec les délits commis dans la nuit du Jour de l'An se poursuivent. Plus de cent policiers sont désormais affectés à l'enquête concernant les violences perp étrées par des bandes d'hommes sur le parvis séparant la gare centrale de la cathédrale. La communication très limitée de la police et les critiques sur l'incapacité des forces de l'ordre à protéger les femmes ayant été victimes d'agressions sexuelles avaient entraîné l'éviction vendredi du chef de la police locale, Wolfgang Albers. La confusion a été accrue par des communications distinctes de la police fédérale et de celle de Cologne.