Les cours du maïs et du blé ont monté cette semaine à Chicago, profitant d'une bonne demande et d'inquiétudes météorologiques, et les prix du soja ont légèrement baissé, le monde agricole restant en marge de la fébrilité des marchés financiers et pétrolier. "A moins qu'un évènement géopolitique ou lié à l'économie mondiale donne des sueurs froides aux marchés agricoles, on devrait manquer d'actualité notable jusqu'à un rapport sur les intentions de semis le 31 mars", publié par le ministère américain de l'Agriculture (USDA), a prévenu Dewey Strickler d'Ag Watch Market Advisors. Pour le moment, la placidité des cours agricoles contraste avec des marchés mondiaux qui enregistrent de fortes fluctuations face aux inquiétudes sur l'économie chinoise et à la chute du marché pétrolier, soit pourtant deux éléments susceptibles d'agiter les prix des céréales et du soja. "C'est assez remarquable comme le maïs, le blé et le soja ne se sont pas effondrés !", a jugé Bill Nelson de Doane Advisory Services. "Cette semaine, quand le pétrole est tombé à près de 26 dollars le baril ou quand le Dow Jones a perdu 500 points en séance, je n'aurais pas été étonné de voir les marchés agricoles paniquer... Mais cela n'a pas été le cas". Tout en liant d'abord cette résistance au fait que les cours agricoles ont déjà beaucoup baissé lors des précédents mois, M. Nelson remarquait que les cours du blé et, surtout, du maïs avaient profité d'éléments favorables sur la demande internationale. "Pendant la semaine, on a annoncé individuellement de grosses ventes, puis aujourd'hui (vendredi) les chiffres hebdomadaires sur les exportations, qui concernent la semaine précédente, ont été meilleurs que prévu", a-t-il précisé. "Cela a bien relancé le marché du maïs, qui était à de très bas niveau". Autre élément favorable aux cours, en premier lieu du maïs et du soja, les investisseurs sont soucieux des conditions météorologiques en Amérique du Sud. "Il a fait chaud et sec dans le sud du Brésil, et certaines régions ont aussi été sèches en Argentine", a-t-il énuméré. "Même s'il n'y a pas eu beaucoup de dégâts, le marché s'inquiète d'éventuels problèmes de rendements". Néanmoins, "dans le Nord du Brésil, les conditions sont favorables, ce qui devrait être positif en fin de période de grossissement de graines", a relativisé M. Strickler. Le marché du blé bénéficiait aussi d'inquiétudes météorologiques, cette fois aux Etats-Unis, dont le centre a subi de basses températures sans que les cultures bénéficient beaucoup de la protection de couches de neige, comme en Ukraine et en Russie, où l'on annonce aussi une période de grand froid. Toutefois, "le marché du blé reste morose", a prévenu Jack Scoville, de Price Futures Group. Gros consommateur de la céréale, "l'Egypte a de nouveau été en mesure d'acheter du blé bon marché de Russie et de Roumanie. L'Union européenne et l'Argentine proposent aussi du blé à bas prix." Egalement ralentis par la force du dollar, défavorables aux producteurs américains, les marchés agricoles vont désormais "être bientôt animés par la question de savoir si c'est le maïs ou le soja qui se taillera la part du lion dans les semis de printemps", a annoncé M. Strickler. "A mon avis, il va falloir attendre la mi-février pour que les producteurs se décident", a-t-il cependant prévenu. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 3,7025 dollars, contre 3,6325 dollars une semaine plus tôt (+1,93%). Le boisseau de blé pour mars, également le plus actif, valait 4,7550 dollars contre 4,7375 dollars en fin de semaine précédente (+0,47%). Le boisseau de soja pour même échéance, là encore le plus échangé, coûtait 8,7650 dollars contre 8,7900 vendredi dernier (-0,28%).