L'avionneur Airbus a accéléré samedi son aventure vers la stratosphère, en faisant voler dans le Nevada (Ouest des Etats-Unis) le planeur spatial Perlan 2 avec à son bord son président Tom Enders, qui en était le co-pilote. Annoncé pour 13H45 heure locale (20H45 GMT), ce test a finalement débuté avec plus de deux heures de retard, en raison de la pluie qui est tombée quasiment sans arrêt dans cette région montagneuse. Cet essai a été réduit à une dizaine de minutes car le Perlan 2, dont le but principal est de battre le record d'altitude à laquelle peut voler un appareil, est jugé plus efficace en temps sec, selon Jim Payne, le chef pilote de ce vol test dont la durée initiale était de trente minutes à deux heures. "C'était court mais on ne voyait plus très bien à cause de gros nuages. Autrement on y serait restés plus longtemps", a déclaré souriant M. Enders à sa descente de l'avion. L'objectif de cet essai, qui s'inscrit dans une campagne de vols débutée en mars, est de confirmer qu'un équipage peut survivre dans des conditions similaires à celles de la planète Mars. Airbus et l'association américaine Mission Perlan 2, à l'origine de ce projet ambitieux, souhaitaient initialement samedi tester l'ensemble du système de cet aéronef sans moteur qui devait être soumis pendant le vol à différentes vitesses et à divers scénarios d'altitude, de stress et de vibrations. Ils espéraient notamment déterminer si cet appareil était vraiment solide et s'il pouvait résister à des conditions intenses pouvant potentiellement le détruire. Finalement, ce n'est que la stabilité, des changements de vitesse et l'efficacité de l'appareil qui ont été testés, l'avion n'ayant volé que jusqu'à 7.000 pieds (2.134 mètres). "L'appareil est très stable. Nous avons pu recueillir les données que nous souhaitions avoir sur ce plan", a indiqué Jim Payne. La mission Perlan 2 est un projet de planeur spatial développé par une association regroupant des spécialistes en ingénierie et en aérospatial. Airbus, qui envisage de construire des avions pouvant voler à des altitudes supérieures aux moyennes actuelles, lui a promis jusqu'à 4 millions de dollars ce qui en fait l'un des plus importants donateurs.
Effacer un record Avec près de 26 mètres d'envergure pour 816 kilos, ce planeur a été conçu pour grimper jusqu'à 90 000 pieds (27 400 mètres) d'altitude, où la densité de l'air ne représente que 2% de celle du niveau de la mer. Son système de pressurisation est censé maintenir la cabine à une pression équivalente à 15 .000 pieds, selon Airbus, ce qui évite de porter de lourdes combinaisons. Perlan 2 compte également collecter des informations pour aider à lutter contre le changement climatique car il devrait pouvoir aller jusqu'aux portes de l'espace étudier l'atmosphère. Le vol test visait aussi à confirmer le calendrier annoncé pour effacer le record d'altitude de l'avion de reconnaissance SR-71 Blackbird, qui avait volé en 1976 à 25 900 mètres d'altitude. L'équipe de Perlan 2 prévoit de s'installer en Argentine au courant de l'été parce que les ondes de reliefs (type de masses d'air) y sont alimentées par le vortex polaire jusqu'à la stratosphère et parce qu'elle veut profiter des forts courants provoqués par la cordillère des Andes. Les ondes servant à assurer la sustentation de Perlan 2 sont en effet générées dans les régions montagneuses. En prenant part à ce projet qui renvoie à l'âge d'or de la conquête spatiale, Airbus essaie d'associer son nom aux innovations en cours dans l'industrie aérospatiale sous l'impulsion des milliardaires américains Elon Musk (SpaceX, Tesla) et Jeff Bezos (Blue Origin, Amazon) qui se livrent à distance à un duel dans les lanceurs. Perlan 2 "peut contribuer à la recherche scientifique et surtout permettre de garder vivace l'enthousiasme pour l'aviation chez les jeunes générations. C'est un peu transmettre le témoin", avance Tom Enders.