Les participants à la dernière tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) ont considéré, dans le souci de préserver et consolider le système national de retraite, que les conditions actuelles ne permettent plus le maintien du dispositif de départ à la retraite sans condition d'âge. Ils ont admis, à l'unanimité, que le maintien actuel de ce dispositif entraîne "des conséquences dommageables" aussi bien aux équilibres financiers de la CNR qu'à l'outil de production qui enregistre chaque année d'importantes déperditions au niveau de ses ressources humaines, notamment les plus qualifiées "dans un dispositif qui s'est avéré souvent inégalitaire". Le départ à la retraite sans condition d'âge est par ailleurs, une mesure transitoire qui était destinée à atténuer les effets du Plan d'ajustement structurel (PAS) de 1994 mais qu'il n'est plus possible aujourd'hui de maintenir sous peine de porter préjudice aux équilibres financiers de la Caisse nationale de retraite (CNR). Il s'agissait pour les pouvoirs publics, dans le sillage de la mise en œuvre du PAS, d'atténuer les effets induits par les fermetures d'entreprises et les compressions d'effectifs. Toutefois, ce dispositif s'est révélé, dans la durée, doublement pénalisant pour la CNR: elle verse des pensions à des travailleurs partis en retraite avant l'âge légal, c'est-à-dire 60 ans, tout en ne continuant plus à percevoir leurs cotisations. Selon une étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), un grand nombre de postulants à la retraite anticipée pouvaient encore être très utiles à leurs entreprises grâce à leur savoir-faire et leur expérience. Pour les pouvoirs publics, le départ à la retraite sans condition d'âge a favorisé le départ en masse de cadres compétents et d'une main d'œuvre qualifiée des entreprises nationales vers les sociétés étrangères. Les participants ont, de ce fait, exprimé leur totale adhésion à l'abrogation des textes relatifs au départ à la retraite sans condition d'âge. Ces textes donnaient la possibilité aux travailleurs de faire valoir leurs droits à la retraite à l'âge de 50 ans et après 32 années de service cumulées. Un groupe de travail, sous l'égide du gouvernement, doit être chargé de veiller à la mise en œuvre de cette recommandation, afin de sauvegarder les équilibres financiers de la CNR.
Une décision "sage" mais "pas la meilleure" qui soit La révision de l'âge de départ à la retraite est une décision "sage" mais pas la meilleure qui soit pour assurer la pérennité du système algérien de retraite, estime le chercheur et universitaire, Walid Merouani, le docteur en économie et statistiques appliquées, et par ailleurs maître de recherche au Centre de recherche en économie appliquée au développement (CREAD), préconisant d'autres réformes "complémentaires". Une réforme au niveau de cette caisse devrait affecter de la même façon, les travailleurs de tous les secteurs d'activité avec une couverture retraite "plus présente" dans les secteurs de services par rapport à ceux de l'agriculture ou du bâtiment et travaux public (BTP), où les taux de cotisation sont moins importants, note-t-il. Tout en qualifiant la réforme décidée par le gouvernement de "nécessaire", M. Merouani considère néanmoins qu'elle "n'est pas la meilleure qui soit pour assurer la pérennité du système de retraite algérien", dans la mesure notamment où elle incitera les jeunes travailleurs à l'informalité. Plus concrètement, le chercheur préconise le recours à d'autres réformes "complémentaires", citant deux types "particulièrement discutés dans la littérature sur l'économie des retraites". Il s'agit des réformes dites "paramétriques consistant à conserver la structure du système de retraite, tout en modifiant certains paramètres clés, tels que les taux de cotisation ou l'âge de départ à la retraite", explique-t-il. Le deuxième type de réforme étant le "non paramétrique", consistant à "modifier l'architecture globale du système de sécurité sociale, ou bien à le remplacer carrément par un nouveau système",poursuit-il. M. Merouani suggère, dans ce cadre, plusieurs pistes de solutions, dont celle consistant en "la modification" du principe de calcul de la pension de sorte à obliger les travailleurs à cotiser plus longtemps (plus de 35 ans) pour bénéficier d'un taux de remplacement maximum (80%). L'autre proposition consiste à "allonger la période servant de base de calcul du salaire de référence de 5 à 7 voire à 10 ans, l'intérêt étant de réduire le déficit de la CNR tout en ne pénalisant pas tellement les travailleurs".
Statuts particuliers pour les métiers de haute pénIbilité M. Badredine a annoncé que l'UGTA a entamé des discussions avec le gouvernement pour déterminer et identifier les métiers et fonctions de "haute pénébilité" de manière à faire bénéficier les travailleurs qui y exercent d'un statut particulier, citant à ce propos les mines, les chemins de fer, les hauts fourneaux et les forages pétroliers. Il a précisé que cet aspect sera pris en compte dans la nouvelle loi qui instituera le départ à la retraite à l'âge de 60 ans. Par ailleurs et en réaction aux informations faisant état de la suppression de l'allocation de fin de carrière pour les retraités, M. Badredine a qualifié ce qui se dit à ce sujet de "rumeurs négatives". "Je rassure les travailleurs que l'allocation de fin de carrière est maintenue car c'est un acquis conventionnel et pas un acquis du gouvernement", a-t-il dit, précisant que cette indemnité est négociée entre les syndicats et les entreprises économiques. Il a également précisé que les travailleurs de la Fonction publique ne bénéficient pas de cet acquis, lequel est propre aux entreprises économiques qui rémunèrent la fidélité de leurs compétences.