Le groupe japonais Sharp a annoncé avoir reçu le paiement total de quelque 388 milliards de yens (3,4 milliards d'euros au cours actuel) promis par le géant taïwanais Hon Hai/Foxconn dans le cadre d'une augmentation de capital qui fait de ce mastodonte de l'assemblage le principal actionnaire du spécialiste nippon des écrans à cristaux liquides (LCD). Par ailleurs, Sharp a annoncé avoir obtenu une promesse de nouvelle ligne de crédit de 300 milliards de yens de la part des établissements bancaires Mizuho Bank et Mitsubishi Tokyo UFJ. En vertu d'un accord signé en avril mais qui attendait encore jusqu'à cette semaine l'approbation des autorités chinoises de la concurrence, Sharp a émis plusieurs types de nouvelles actions destinées à Hon Hai et à plusieurs de ses filiales. Ces titres Sharp ont été vendus au prix unitaire de 88 yens, un niveau décidé au printemps dernier et auquel l'action Sharp est effectivement progressivement descendue au fil des semaines, en raison notamment d'inquiétudes sur le devenir de cette transaction. Elle a mis longtemps à être décidée et d'aucuns craignaient que le gendarme chinois des transactions entre entreprises ne fasse blocage. Finalement, le titre a fini par rebondir de près de 20% à 106 yens vendredi à la clôture, après que Hon Hai d'abord puis Sharp ont fait part de l'obtention du feu vert chinois, le seul manquant pour conclure. Le groupe Hon Hai/Foxconn est désormais actionnaire à 66% de Sharp, un fleuron centenaire de l'électronique du Japon qui passe sous la coupe d'une firme asiatique, ce qui n'était jamais arrivé dans le passé. Sharp a fait ce choix car il n'avait plus les moyens de se redresser seul et ne voulait pas être dépecé et en partie marié de force avec son tout jeune rival Japan Display, créé il y a quelques années seulement pour sauver les activités de petits et moyens écrans de Sony, Hitachi et Toshiba. Prenant acte de la prise de contrôle par Hon Hai, le P-DG de Sharp, Kozo Takahashi, a décidé de démissionner ce vendredi, ce qui était prévu. Il devrait être remplacé par le taïwanais Tai Jeng-wu, actuel bras droit du P-DG Terry Gou au sein de Hon Hai, une fois sa nomination validée par un conseil d'administration extraordinaire qui se tiendra samedi. Tai Jeng-wu, qui parle japonais, est un fin connaisseur du Japon et admirateur des entreprises nippones. Il a été l'homme clef des négociations. Il faut s'attendre à des changements importants et une vaste restructuration pour remettre Sharp sur pied après des années de difficultés liées à un manque de compétitivité et des lacunes commerciales en dépit de la possession de technologies de pointe, pas seulement dans le domaine des écrans à cristaux liquides (LCD), mais aussi de l'énergie solaire et de l'électroménager.