Définitivement adopté ce week-end, le gouvernement tunisien a défendu mardi le budget 2017, assurant qu'il n'avait pas perdu son esprit en dépit des concessions faites au syndicat UGTT et aux avocats après plusieurs semaines de bras de fer. D'un montant de 32,2 milliards de dinars (13,2 milliards d'euros), la loi de finances a été adoptée samedi soir par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Si d'ultimes concessions ont été nécessaires, l'esprit du projet initial est resté, a assuré sur la radio privée Mosaïque FM la ministre tunisienne des Finances, Lamia Zribi. Nous avons travaillé sur une philosophie selon laquelle le budget de l'Etat essaie de répondre à une équation difficile: d'un côté ramener la croissance, d'un autre côté conserver un climat social et le pouvoir d'achat du citoyen, a-t-elle dit. Entré en fonctions fin août, le gouvernement d'union de Youssef Chahed avait adopté à la mi-octobre un projet initial prévoyant plusieurs mesures d'austérité, dont un gel des salaires d'un an dans la fonction publique. Au terme d'un bras de fer avec le puissant syndicat UGTT, qui avait annoncé une grève générale le 8 décembre, il a toutefois accepté un simple échelonnement des hausses salariales. également très remontés, les avocats ont de leur côté levé leur mouvement de grève vendredi, après le rejet par les députés d'une mesure fiscale les concernant. Mme Zribi avait au préalable regretté que sur 8.000 avocats, seuls 4.000 déclarent leurs revenus. Les revenus de l'Etat ne tombent pas dans les caisses de l'Etat, a renchéri mardi la ministre sur Mosaïque FM. De leurs part, les médias tunisiens ont noté l'existence de mesures inédites comme la création d'un identifiant fiscal pour les professions libérales, dans un pays où de larges pans de l'économie échappent à l'impôt. Le quotidien La Presse a salué des mesures courageuses, mais déploré un navrant retour en force des corporatismes, en référence aux protestations de divers corps de métiers. Même édulcoré, le budget 2017 prévoit une réduction du déficit public de la Tunisie, à 5,4% du PIB contre 6,5% cette année. Il table parallèlement sur un rebond de la croissance (2,5%). Son adoption intervient alors que l'actuel budget 2016 a lui connu un net dérapage, avec un déficit à fin octobre estimé par la Banque centrale (BCT) à 1,5 milliard d'euros. Engluée dans la morosité économique depuis sa révolution de 2011, la Tunisie a dû conclure en mai un nouveau plan d'aide du FMI, d'un montant de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans. En raison de la détérioration des finances publiques, l'agence de notation Moody's a récemment prévenu que la note accordée à la dette souveraine du pays (Ba3) pourrait être abaissée. Une conférence internationale des investisseurs s'est tenue fin novembre à Tunis pour tenter de contribuer à la relance de l'activité économique. Les engagements fermes et promesses d'aides des participants ont atteint 14 mds d'euros selon le gouvernement.