Le pétrole coté à New York a terminé en légère hausse vendredi dans un marché s'interrogeant sur l'impact de l'ouragan Harvey sur les infrastructures pétrolières du Golfe du Mexique et du Texas. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre, la référence américaine, a pris 44 cents et a clôturé à 47,87 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a terminé en hausse de 37 cents à 52,41 dollars. Il avait nettement baissé jeudi, les investisseurs anticipant, à l'approche de l'ouragan, une baisse de la demande de brut par les raffineries. Harvey, qui est passé vendredi après-midi en catégorie 3, pourrait devenir le pire ouragan à toucher les Etats-Unis depuis Katrina en 2005. Il devrait frapper les côtes texanes vendredi soir avec des vents avoisinant les 200 km/h et des précipitations importantes. "Il y a beaucoup de questions sur les conséquences que tout cela aura sur les importations et les exportations depuis la région de Houston", a commenté Mike Lynch de SEER en soulignant qu'il était difficile de prévoir avec certitude la trajectoire de l'ouragan, la quantité de précipitations ou le nombre de jours pendant lesquels certaines raffineries pourraient restées fermées. "L'impact de la tempête sera plus évidente sur les produits raffinés que sur le marché du brut", a avancé David Martin de JPMorgan. Ainsi, "l'évacuation du personnel de certaines plateformes situées dans le Golfe du Mexique a déjà réduit la production de brut" mais "le redémarrage de l'activité devrait se faire dans les jours suivant le passage de l'ouragan", a-t-il estimé. Selon un relevé des autorités américaines effectué à la mi-journée, environ 22% de la capacité de production de brut dans le Golfe du Mexique était suspendue, ce qui correspond à 377.117 barils par jour. "Il ne faut pas oublier que la production américaine de brut est de 9,5 millions de barils par jour", a souligné Gene McGillian de Tradition Energy.
Prix de l'essence déjà en hausse Pour les experts de Barclays, le passage d'Harvey pourrait aussi avoir des conséquences sur la production à terre, en particulier dans le bassin d'Eagle Ford au Texas où sont extraits 1,4 million de barils par jour et où les puits de forage pourraient être inondés. L'ouragan devrait également perturber le commerce, avec la fermeture des ports du Texas où se rejoignent oléoducs et cargos pétroliers. Ses conséquences directes sur les raffineries pourraient être importantes et les prix de l'essence ont déjà grimpé. Le Texas compte au total 29 raffineries, pouvant transformer 5,6 millions de barils par jour. Mais selon les experts de Barclays, "la zone la plus concernée compte 5 raffineries ayant une capacité totale de près de 900.000 barils par jour". Elles pourraient être affectées par les vents violents de l'ouragan mais surtout par les fortes pluies provoquées à son passage et les coupures de courant qui pourraient en résulter. Quand une raffinerie est totalement arrêtée, "cela peut prendre jusqu'à deux ou trois semaines pour la redémarrer complètement", a indiqué Robert Yawger de Mizuho. Si l'ouragan devenait vraiment une "perturbation majeure", ses conséquences "seront ressenties sur les cours des marchés des produits raffinés en Amérique latine, en Europe, et des marchés du brut jusqu'en Asie", a avancé David Martin. Toutefois, a-t-il nuancé, "il est actuellement difficile de juger de l'ampleur de la perturbation" et les stocks de produits pétroliers dans la région du Golfe du Mexique sont élevés. Le marché s'affole d'autant moins que la demande pour l'essence devait de toute façon probablement baisser en cette fin de période des grands déplacements en voiture, a avancé Gene McGillian.
Rebond en Asie Les cours du pétrole rebondissaient vendredi en Asie, les marchés craignant les répercussions de l'ouragan Harvey qui fait route vers le Golfe du Mexique, le cœur de l'industrie pétrolière des Etats-Unis. Vers 04h20 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en octobre, prenait 33 cents, à 47,76 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en octobre, gagnait 40 cents, à 52,44. Harvey pourrait se transformer en ouragan de catégorie 3 en touchant terre tôt samedi et les opérations pétrolières pourraient être perturbées. D'après l'agence financière Bloomberg, les raffineries du Golfe du Mexique présentes sur la trajectoire de la tempête traitent près de cinq millions de barils de brut par jour. "Aujourd'hui, les Etats-unis se focalisent sur l'impact potentiel de l'ouragan Harvey", a déclaré Sukrit Vijayakar, analyste chez Trifecta. Les analystes gardaient aussi un oeil sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a dit dans un communiqué avoir invité la Libye et le Nigeria à se joindre à une réunion technique fin septembre à Vienne dédiée au respect d'un accord passé fin 2016. Le cartel, avec quelques pays partenaires, dont la Russie, s'est engagé à limiter sa production afin de tenter de réduire les réserves mondiales et ainsi redresser les prix. La Libye et le Nigeria avaient été exemptés.
Les stocks de brut US se replient Les stocks de pétrole brut ont enregistré une baisse quasi conforme aux attentes la semaine dernière aux Etats-Unis tandis que la production américaine a continué à progresser, selon des chiffres publiés mercredi par le Département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 18 août, les réserves commerciales de brut ont reculé de 3,3 millions de barils pour s'établir à 463,2 millions, quand les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de 3,5 millions de barils. C'est la huitième semaine consécutive que ces stocks baissent. Ils se sont au total repliés de 46 millions de barils depuis fin juin. Ce repli est aussi plus ou moins conforme à celui anticipé par la fédération privée American Petroleum Institute (API) mardi soir (-3,6 millions). A ce niveau, les réserves commerciales de brut sont en baisse de 6,0% par rapport à la même époque de 2016 mais restent dans la moitié supérieure de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. En pleine saison des grands déplacements en voiture pendant les vacances, les raffineries américaines tournent toujours à une cadence très élevée, fonctionnant à 95,4% de leurs capacités contre 96,1% la semaine précédente. Les réserves d'essence ont elles baissé de 1,2 million de barils quand les analystes prévoyaient en moyenne un repli de 1,25 million de barils. Elles se sont repliées de 1,2% par rapport à la même période de l'année précédente et sont proches de la limite supérieure de la fourchette moyenne pour cette période. Les stocks de produits distillés (fioul de chauffage, etc.) sont eux restés stables, comme anticipé par les analystes interrogés par Bloomberg. Ils sont en baisse de 3,2% par rapport à la même époque de 2016 mais restent dans la moitié supérieure de la fourchette moyenne pour cette période de l'année.
Importations en hausse Très surveillée dans un contexte d'accélération persistante de l'activité des compagnies pétrolières aux Etats-Unis depuis l'automne, la production américaine a progressé de 26.000 barils par jour, à 9,528 millions de barils par jour (mbj). Les importations ont quant à elles progressé de 664.000 barils par jour, à 8,790 mbj. Egalement scrutés, puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, Sud) ont reculé de 500.000 barils à 56,5 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks américains de produits pétroliers sont restés stables. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 21,0 mbj de produits pétroliers, soit 1,4% de plus qu'à la même époque en 2016. Pendant la même période, la demande d'essence a reculé de 0,4% et celle de produits distillés a progressé de 14,4%, dans les deux cas sur un an.