Les réserves de change de l'Algérie demeurent au centre des débats depuis qu'elles ont entamé leur courbe ascendante, il y a quelques années à la faveur de la sensible hausse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Ayant atteint 110 milliards de dollars, à fin décembre 2007, alors qu'à la fin de l'année 2006, elles se sont stabilisées à 77,78 milliards de dollars, il est vite constaté qu'en l'espace d'une année l'embellie des devises de l'Algérie a enregistré une remarquable augmentation de plus de 32 milliards de dollars, soit une hausse de l'ordre de 42%. Ce niveau des réserves de change représente plus de 4 années d'importation de biens et services de l'Algérie selon le rythme actuel du volume de ses importations. Les importations algériennes s'étaient établies à 27,43 milliards de dollars, durant l'année 2007, contre des exportations de 59,51 milliards de dollars. Tel est le climat général dans lequel évolue actuellement la croissance des réserves financières de l'Algérie. Depuis que les réserves en question ont commencé à confirmer leurs améliorations, les interrogations vont crescendo quant à l'utilisation que le gouvernement compte réserver à ces fonds en devises. Les économistes ont été nombreux à se pencher sur cette question, lors de conférences et autres déclarations reprises par les médias. Ainsi, dans le sillage du débat sur l'orientation à donner aux réserves de change, les divergences de vue sont de plus en plus relevées. En tout cas, le gouvernement, par le biais du ministre des Finances, notamment lorsque celui-ci est interpellé par le Parlement sur ce sujet, n'est pas avare en réponses en rétorquant, par exemple, que "la cagnotte des réserves de change" est utilisée ou stockée sous forme d'épargne à travers des placements dans des banques internationales, ce qui génèrerait évidemment des dividendes à l'avenir, et ceci, bien sûr, après l'utilisation d'une partie dans le remboursement anticipé de la dette extérieure qui vient de passer d'un niveau de plus de 15 milliards de dollars à près de 4 milliards en moins de deux ans. Le gouvernement a également projeté, à l'ombre de son programme d'action, d'utiliser à l'avenir une partie de ces réserves de change dans le financement de l'économie, et ce, à travers l'affectation des crédits pour les projets d'infrastructures de base et le financement de divers projets inscrits dans le cadre de la relance économique. Néanmoins, les spécialistes de la finance et de l'économie ont été nombreux à ne pas se laisser convaincre par les options du gouvernement quant à l'utilisation des bénéfices engrangés par l'Algérie à la faveur de l'amélioration des cours du brut sur le marché mondial. En effet, ces derniers estiment que les milliards de dollars que l'Algérie a décidé de mettre sous forme de placement dans des banques internationales ne font que perdre relativement de leur valeur, eu égard à la dépréciation continue du billet vert face à la devise européenne. D'autres recommandent, néanmoins, le choix des créneaux économiquement efficaces pour ce qui est des enveloppes financières destinées au financement de l'économie.