La croissance américaine a marqué le pas au 4e trimestre, à 2,6% en rythme annuel, et est repassée sous l'objectif de 3% que s'est fixé Donald Trump arrivé au pouvoir il y a tout juste un an. Ce taux de croissance représente une déception pour les analystes qui tablaient sur 2,9% après 3,2% au 3e trimestre et 3,1% au 2e. Calculé sur les seuls douze mois de 2017, le Produit intérieur brut américain, à 19.387 milliards de dollars, a progressé de 2,3%, un chiffre meilleur qu'en 2016 (+1,5%) mais toutefois moindre qu'en 2015 (+2,9%). Mais "c'est un rythme respectable pour 2017, un bon retour en force vu le très faible départ du 1er trimestre qui avait été de 1,2%", a noté un économiste, Lawrence Yun de l'association des agents immobiliers (NAR). Le président Donald Trump, qui assure pouvoir doper durablement la croissance du PIB de la première économie mondiale au-dessus de 3% par an, ne rate pas une occasion de rappeler que la croissance a accéléré depuis son arrivée au pouvoir. "On allait dans la mauvaise direction", a-t-il encore affirmé vendredi dans un entretien à la chaine économique CNBC diffusé depuis Davos (Suisse) où il participait au forum économique mondial, reprochant à son prédécesseur démocrate Barack Obama de ne pas en avoir fait assez pour encourager la croissance. "Ne vous méprenez-pas, les régulations ont compté autant que les baisses d'impôts. J'ai davantage coupé dans les règlementations que n'importe quel président dans l'histoire!", a-t-il ajouté. Son administration a fait adopter une réforme fiscale en décembre abaissant le taux d'imposition pour les entreprises et qui, affirme-t-elle, va également doper la consommation des ménages. D'octobre à décembre, c'est en grande partie celle-ci qui, en progressant de 3,8%, a tiré la croissance, encouragée par les perspectives de baisses d'impôts et la santé de la Bourse. Le rebond d'activité après les ouragans de la fin de l'été a aussi compté, avec le rachat de véhicules abimés et les efforts de reconstruction. Les achats de biens durables, du type voitures, télévisions, réfrigérateurs, ont accéléré de 14,2%, le rythme le plus fort depuis 2009.
Hausse des importations Mais cette vigueur de la consommation a un revers: les importations ont bondi. Elles ont accéléré de 13,9%, une progression inédite depuis sept ans, gonflée aussi par l'affaiblissement du dollar qui renchérit les prix importés. Cela ne restera pas sans conséquence sur le déficit commercial, la bête noire de l'administration Trump. La force de la consommation fait aussi baisser les stocks ce qui a un coût pour le PIB, puisque ce sont autant d'articles qui ne sont pas produits. Ce déstockage a coûté 0,67 point de croissance au dernier trimestre. Du côté des points positifs, les entreprises ont fortement investi (+6,8%) et le marché immobilier, qui était tombé dans le rouge les deux trimestres précédent, a repris de la vigueur (+11,6%). Mais, handicapé par le hausse des prix et les faibles stocks, il n'a avancé sur l'année que de 1,7%, la plus faible progression depuis 2011. Les dépenses publiques ont aussi nettement participé à la croissance, tirées au dernier trimestre par les investissements dans la défense (+6%, la plus forte avancée depuis six ans). L'allure de l'économie devrait accélérer en 2018, estiment la plupart des analystes, de même que le FMI et la Réserve fédérale qui tablent sur une expansion de 2,5% cette année. "On dirait que rien ne peut aller mal pour l'économie américaine en 2018", assure Michael Pearce de Capital Economics. Un peu moins dithyrambique, Pooja Siram de Barclays Research s'attend à ce que la consommation, traditionnelle locomotive de l'économie des Etats-Unis, retourne au rythme "plus normal" de 2,5% observé avant la frappe des ouragans. "Toutefois, le stimulus fiscal devrait doper le rythme d'expansion cette année et l'année prochaine", souligne-t-il.