Avec la nouvelle réglementation adaptée aux mutations de la pêche et de l'aquaculture et le lancement prochain à Tigzirt d'un premier site pilote aquaponique urbain, le secteur poursuit son développement dans la perspective de participer justement à la diversification et donc la progression de l'économie nationale. Ceci rentre bien évidement dans le grand schéma directeur du secteur à l'horizon 2025. Avec une façade maritime longue de 1.200 km qui abrite plus de 4.100 bateaux de pêche pour plus de 41.500 inscrits maritimes en 2010 et une production de 100.000 à 140.000 tonnes de poissons frais par an (dont plus de 80% de petits pélagiques), le secteur de la pêche et de l'aquaculture en Algérie présente des potentialités importantes de diversification de l'économie et de création d'emploi, notamment dans les zones côtières et rurales enclavées. La contribution du secteur à l'économie a d'autant plus de possibilité d'augmenter qu'actuellement le secteur contribue seulement à hauteur de 0,6% à 0,8% (selon les années) au PIB du pays et de 7% à 10% du secteur primaire. Depuis le début des années 2000, le gouvernement algérien a engagé une politique de réhabilitation, de restructuration et d'intégration de l'économie du secteur de la pêche et de l'aquaculture, considéré comme un secteur prometteur pour la diversification économique et pour répondre aux besoins alimentaires de base de la population. La stratégie de développement gouvernementale d'ériger le secteur en tant qu'élément dynamique de la croissance nationale et du développement local est traduite dans le Schéma Directeur de Développement des Activités de Pêche et d'Aquaculture à l'horizon 2025 (SDDAPA), entré en vigueur en 2007. Puis quelques années, l'Algérie mise sur une exploitation à bon escient de ses ressources halieutiques, notamment au niveau du secteur privé, avec l'acquisition d'une nouvelle flotte plus moderne pouvant aller au large et pratiquer la grande pêche. Cette rénovation comble le déficit en moyens. Avant, la pêche algérienne était tout le temps côtière, souvent artisanale constituée essentiellement par de petits métiers. " Aujourd'hui, les moyens de pêche sont constitués d'unités qui dépassent les 25 et les 30 mètres de long. Mais, cela ne suffit pas parce que partout dans le monde, l'exploitation de la ressource se fait en haute mer. En outre, il faut qu'il y ait une deuxième source qui est l'aquaculture. Quoi qu'il en soit, si on arrive à optimiser la production de ce qui est offert par la mer et qu'il y a toujours un accroissement de la population, le marché ne sera jamais satisfait ". Le défi du ministère du secteur est de développer et diversifier la production. Il ne faut pas qu'il y ait uniquement du poisson frais provenant de la pêche maritime mais également les produits conditionnés, les produits de l'aquaculture. En matière de politique du secteur, l'effort a été axé sur la modernisation de cette flotte. Maintenant la flottille moderne va jusqu'au large et pratique la grande pêche. Dans l'avenir nous n'aurons plus recours à l'importation. Les fermes de Ghardaïa, Ouargla et Saïda ont déjà réalisé leurs closeries. Il est en de même pour l'aliment. La fabrique d'aliments au niveau du projet de Saïda est déjà entrée en production. Par ailleurs, il faut savoir que le ratio de consommation des Algériens en poisson se situe autour de 5,10 kg par habitant et par an, bien devant la Mauritanie (2 kg) et loin du Japon (80 kg),l'Espagne (45 kg) et le Maroc (8 kg), alors que la consommation moyenne mondiale est de 15,4 kg par habitant et par an. Concernant le Schéma directeur de développement et des activités de la pêche et de l'aquaculture à l'horizon 2025, celui-ci consacrera une vision intersectorielle et introduira plusieurs réajustements permettant une meilleure maîtrise de la capacité de pêche nationale, des techniques de valorisation des produits halieutiques, des technologies liées au soutien à l'outil de production, le lancement de campagnes d'évaluation des différentes ressources halieutiques nationales tendant à actualiser les connaissances sur les stocks, les niveaux d'exploitation et enfin le développement des productions de masse issues de l'aquaculture, une activité naissante en Algérie. Dans ce sens, il y a eu l'annonce l'identification de 7 zones de gestion intégrées de la pêche réparties à travers 14 wilayas à façade maritime et 53 zones d'activité de l'aquaculture. Il est espéré de cette politique l'exploitation de 81 600 tonnes nécessitant l'injection d'une flottille supplémentaire de 1 493 unités, et la création de 23 661emplois directs et 71 000 indirects. À l'horizon 2025, la production nationale en poisson atteindra les 221 100 tonnes.
De la législation Sur le plan juridique, et pas plus tard qu'avant-hier, le directeur général de la pêche et de l'aquaculture, Taha Hamouche, a indiqué que de nouvelles propositions de textes réglementaires adaptées aux mutations du secteur de la pêche et de l'aquaculture devront être prêtes avant la fin de l'année en cours. "Les proposition de lois sont pratiquement prêtes, nous nous sommes concertés avec les professionnels du secteur et nous devons à présent les discuter avec la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture (CAPA), a déclaré M. Hamouche lors d'un point de presse, à l'issue de la cérémonie d'installation du nouveau président de la CAPA, Abdelkrim Bani Mira par le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi. Les textes réglementaires cités par ce responsable devraient concerner plusieurs aspects car il y a, selon lui, l'impératif d'adapter les lois à la réalité du terrain afin de répondre aux nouveaux besoins et exigences de la profession. "Il y a des préoccupations d'ordre réglementaire évoquées par les professionnels que nous allons discuter avec le président de la CAPA nouvellement élu", a-t-il dit en citant à titre d'exemple des lignes de référence qui délimitent et déterminent les zones de pêche et les zones interdites à la pêche. "Nous avons fait passer des lois depuis des années concernant ce point mais nous avons constaté à travers notre travail avec les professionnels qu'il y avait des difficultés pour les appliquer ce qui impose la révision de l'ancienne réglementation", a-t-il expliqué. Il a également abordé la question de la réglementation des ports et son aménagement au profit des professionnels, tant revendiquée par les acteurs du secteur.
Des chiffres à l'appui A la question récurrente sur la cherté des prix du poisson en Algérie en dépit de l'évolution de la production qui s'élève à 100 000 tonnes par an, ce haut responsable auprès du ministère a admis que la production ne couvre pas suffisamment la demande nationale. En revanche, il a affirmé le rôle de l'aquaculture pour assurer une production durable du fait que ce secteur contrairement à la pêche marine, est prémuni des aléas climatiques, en plus de la production substantielle des fermes aquacoles. A titre illustratif, il a cité le projet de la plus grande ferme aquacole de Mostaganem, qui compte 40 caches flottantes avec une capacité de production globale prévue de 3.200 tonnes, soit presque l"équivalent de la production du port de DjenDjen avec toute sa flotte. Il a rappelé à ce propos que l'Algérie compte 65 unités aquacoles en plus de 135 de projets avalisés par l'Agence nationale de développement de investissement (ANDI). Le ministre de l'Agriculture qui a procédé à l'installation du nouveau directeur de la CAPA, a souligné le rôle incontournable du secteur dans la contribution de la sécurité alimentaire du pays et les investissements réalisés dans le secteur aux cours des deux dernières décennies, en mettant en avant l'augmentation du nombre des ports qui est passé de 21 en 2000 à 45 ports actuellement. Il a également mis en avant le renforcement de la flotte maritime qui est passée de 2.000 unités à 6.000 unités en l'espace de 20 ans ainsi que l'évolution des travailleurs activant dans le secteur qui compte actuellement 45.000 personnes.
Tigzirt ou le premier site pilote aquaponique urbain De son côté, le directeur local de la pêche et des ressources halieutiques de Tizi Ouzou, Belaid Abdelhafid, a annoncé avant-hier qu'un premier site d'aquaponie urbaine en Algérie sera lancé vers fin novembre prochain à Tigzirt. Ce site, destiné à la démonstration, la vulgarisation et la formation aquaponique, sera implanté au port de la ville de Tigzirt. C'est un projet initié dans la cadre d'un partenariat algéro-français par l'Association des réseaux économiques Europe Afrique (AREEA) et son partenaire algérien l'Association Tizi Aquaculture, a précisé le même responsable. Pour la concrétisation de ce projet, l'entreprise de gestion des ports et abris de pêches (EGPP) de Béjaia a mis à la disposition de ces initiateurs une assiette de terrain de 500 m2. Ce terrain recevra deux serres dotées de bassins de démonstration, de vulgarisation et de formation au profit des agriculteurs de la wilaya de Tizi-Ouzou et des citoyens qui seraient intéressés par cette activité, a expliqué M. Belaid. Ce projet qui est une action d'appoint au programme d'intégration de la pisciculture à l'agriculture, fera l'objet d'une évaluation et d'un suivi de son impact auprès de la population et ce, dans la perspective de le renouveler dans différentes daïras de la wilaya, a expliqué M. Belaid. Enfin, ce projet sera ensuite lancé dans une wilaya des Hauts-Plateaux et une autre du sud du pays, a conclu le directeur locale de la pêche et des ressources halieutiques de Tizi Ouzou, Belaid Abdelhafid,