Le développement de l'aquaculture est considéré par les pouvoirs publics comme le seul moyen susceptible de contribuer à développer la production halieutique en vue de garantir une couverture des besoins nationaux en la matière à moyen et long termes, sachant que l'Algérie produit une moyenne de 220.000 tonnes de poisson/an. La stratégie nationale fixée pour l'aquaculture repose essentiellement sur l'extension et l'encouragement des opportunités d'investissement. Dans ce contexte, le soutien de l'Etat pour les projets d'investissement en aquaculture devrait se poursuivre pour les prochaines années, ont recommandé mercredi des professionnels de la pêche et de l'aquaculture, qui suggèrent la mise en place d'un crédit à long terme d'une durée de 10 ans. "Le soutien de l'Etat en matière de subventions est nécessaire pour le développement de l'aquaculture et devrait se poursuivre pour au moins les dix prochaines années", recommandent ces professionnels à travers un rapport sur "le développement de l'aquaculture d'un point de vue de professionnels". L'Etat a soutenu financièrement la création de fermes aquacoles dans le cadre du Plan de relance économique (2000-2005), "depuis aucun projet privé n'a pu voir le jour", a indiqué M. Saad Dechemi, président de la commission. Le dispositif de financement mis en place dans le cadre du Fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture en 2002 était "favorable au démarrage des projets", estiment les professionnels. "L'Algérie dispose d'un grand potentiel naturel dont la valorisation nécessite l'aide des pouvoirs publics", soutient M. Dechemi, qui est aussi investisseur aquacole. Le montage financier des projets réalisés dans le cadre de ce fonds était constitué d'un apport personnel de 10%, d'une subvention des pouvoirs public à hauteur de 50 à 80% et par un crédit à moyen terme (5 ans) de 10 à 40%. Ce dernier est jugé par les professionnels "inadapté" à l'investissement aquacole, car il faut deux ans minimum pour réaliser une infrastructure et deux ans d'élevage en moyenne pour escompter des recettes. Ils recommandent à cet effet d'accorder un crédit à long terme d'une durée minimum de 10 ans. Le retour sur investissement étant "très long dans le secteur aquacole", les investisseurs préconisent "une bonification des taux d'intérêts à l'investissement et un crédit d'exploitation à 0% de taux d'intérêt de type R'fig pour l'agriculture. Le ministre a indiqué, pour sa part, que les mesures fiscales et douanières prises dans le cadre de la loi de Finances 2011 concernant la baisse de la TVA à 7% sur les importations d'alevins et d'aliments pour poissons va contribuer à la réduction des coûts de production aquacole au profit des consommateurs de poissons d'élevage. Cependant, d'autres professionnels estiment qu'"il est trop tôt" de parler d'une aquaculture marine en Algérie du fait de ses coûts élevés et qui vont se répercuter sur le consommateur final, "déjà pénalisé" par les prix inaccessibles du poisson. "Pour produire un kg de dorade et de loup d'élevage marin, il faut 7 kg de poissons d'alimentation", a expliqué le président de la chambre de la pêche et de l'aquaculture, Mohamed Larbi Yahiouche, selon lequel l'aquaculture marine dépend largement de la pêche maritime, alors que celle-ci s'avère limitée. Le schéma directeur de développement des activités de pêche et d'aquaculture à l'horizon 2025, adopté par le gouvernement le 16 octobre 2007, vise à créer des unités de production sur 450 sites appropriés, correspondant à 5 pôles biogéographiques, en plus de la réalisation de centres de pêche continentale au niveau des différents plans d'eau. Rappelons que le Plan d'orientation du développement des activités halieutiques et d'aquaculture pour la période 2000-2025 vise à atteindre une production d'environ 221.000 tonnes pour la pêche maritime et 53.000 tonnes pour la pêche continentale à travers les différents projets d'aquaculture, rappelle-t-on. Notons enfin que selon le rapport Cyclope, l'aquaculture a dépassé la pêche sauvage comme ressource alimentaire pour l'homme. Selon le même rapport, le commerce des produits de la mer a dépassé les 100 milliards de dollars l'an dernier. Depuis vingt ans, les captures de poissons et crustacés restent stables, entre 85 et 90 millions de tonnes par an. 30% des prises étant destinées aux minoteries pour l'alimentation animale, il reste quelque 60 millions de tonnes de produits de la pêche pour l'alimentation humaine.