"Jusqu'à la dernière minute, le porte-parole du Président, son frère Saïd, s'est accroché au pouvoir, multipliant les tentatives de diversion, les manœuvres, les manigances désespérées pour garder la main haute sur les affaires du pays". Pour l'histoire, j'aimerai apporter un témoignage pour dire jusqu'où était décidé à aller, cet homme, qui ne voulait pas imaginer, que le rideau était définitivement tombé ".Ces révélations du général à la retraite Khaled Nezzar sur Saïd Bouteflika affirment qu'il n'y a plus de doute possible : les hypothèses, les spéculations, les accusations du mouvement citoyen contre Saïd Bouteflika sont devenues réalité sans plus aucune ambiguïté. -Lundi dernier, le général à la retraite et ancien ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar a " lâché le morceau " contre le frère de l'ex-Président Abdelaziz Bouteflika, Saïd Bouteflika qui selon le général à la retraite jusqu'à la fin du mois de mars, était prêt à tout, y compris instaurer " l'état de siège, pour ne pas céder le pouvoir. C'est ce qu'affirme, lundi, Khaled Nezzar, dans une tribune rapportée par " Algérie patriotique ". S'exprimant en préambule de ses révélations, le général à la retraite précise qu'il n'a rencontré Saïd Bouteflika qu'une fois dans sa vie, à " l'enterrement de feu le général Boustila, et d'ajouter : " Le 7 mars 2019, j'ai reçu un appel émanant de lui par l'intermédiaire d'un ami. Il voulait me voir. Après quelques moments d'hésitation, j'ai décidé d'accepter. Nous nous sommes donc vus. L'homme était visiblement dans le désarroi. Il voulait connaître mon opinion sur ce qui se passe dans le pays et sur ce qu'il pouvait entreprendre pour faire face à la contestation populaire ". Khaled Nezzar déclare qu'il a dit à Saïd Bouteflika : " Etant donné que le peuple ne veut pas d'un cinquième mandat, qu'il veut aller à une deuxième République et qu'il rejette les membres de la classe politique en charge actuellement de responsabilités, j'estime qu'il faut répondre à ses demandes". Voulant très certainement provoquer un choc positif, Khaled Nezzar écrit qu'il lui a proposé " deux propositions, induisant le retrait du Président et la mise en place d'institutions de transition. Mais précise-t-il, Saïd a refusé les deux options, pire, Saïd voulait l'instauration de " l'état d'urgence ou l'état de siège. ". " J'étais surpris par tant d'inconscience. Je lui répondis : " Si Saïd, prenez-garde, les manifestations sont pacifiques, vous ne pouvez en aucun cas agir de cette manière ". Selon l'ex-ministre de la Défense nationale, un deuxième échange a eu lieu entre lui et Saïd Bouteflika au téléphone. " Le 30 mars, vers 17 heures, nouvelle tentative du même Saïd Bouteflika pour me joindre, cette fois-ci au téléphone. Après m'être demandé s'il était encore utile de lui répondre, j'ai finalement décidé d'écouter ce qu'il avait à me dire. Au son de sa voix, j'ai compris qu'il était paniqué. Il me dit que le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP était en réunion avec des Commandants des forces et qu'il pouvait agir contre Zeralda d'un instant à l'autre. Il voulait savoir s'il n'était pas temps de destituer le chef d'état-major. Je l'en dissuadai fortement au motif qu'il serait responsable de la dislocation de l'armée en cette période critique ", affirme Khaled Nezzar. Celui-ci explique avoir conseillé à Saïd Bouteflika d'appliquer " l'article 7 réclamé par le Hirak et la désignation de membres de la société civile représentatifs pour assurer la transition et, ensuite, faire savoir immédiatement après que le Président se retirerait ".Mais le Président et son frère ont refusé de le faire. " La balle était de nouveau dans le clan des Bouteflika. Je pensais qu'ils allaient agir rapidement, d'autant que Saïd disait qu'il craignait d'être arrêté à tout moment. La mise en pratique d'une telle proposition nous aurait sortis de la crise. Ils n'ont pas voulu le faire ". Dans sa conviction, le général à la retraite Khaled Nezzar a été catégorique sur les agissements e Saïd Bouteflika : " A cet instant, je me suis rendu compte qu'il se comportait comme le seul décideur et que le Président en titre était totalement écarté ". A travers ce témoignage, Khaled Nezzar enfonce Saïd Bouteflika qui avait l'intention d'instaurer l'état de siège pour maintenir le pouvoir à lui seul après tant de dérives. Cela signifie l'aboutissement implicite de l'idéologie d'une dictature, c'est-à-dire la seule voie selon les Bouteflika à garder le pouvoir et d'empêcher a priori toute jonction avec le mouvement citoyen à l'exercice de son rôle démocratique. En effet, à la lecture des réponses de Saïd Bouteflika à Khaled Nezzar, le frère de l'ex-Président était décidé à verrouiller toutes les issues à la solution de la crise. Croyant peut-être à l'état politique mineur de la nouvelle génération qui est sortie dans la rue pour exiger le changement du système et le départ de toutes ses racines, croyant aussi que le mouvement citoyen est tragiquement vulnérable. Décidé comme il l'est, il ne faisait pas attention que le peuple a su se défendre contre le pouvoir en optant pour des manifestations pacifiques. Un peuple désormais décidé plus que jamais à dénoncer le règne de l'arbitraire, à parler de tous les aspects de la vie illustrant l'échec total de l'action du pouvoir tout au long de ces dernières années (mensonges ,démagogie, tribalisme, régionalisme et surtout enrichissement illicite éhonté d'une bande ).Aujourd'hui , la nation algérienne vit les conséquences d'un système de pouvoir que les Bouteflika sont venus tout bonnement perpétrer durant vingt ans dans un Etat tout déjà éprouvé.