Les Bourses européennes ont encore légèrement baissé jeudi dans un climat de prudence en ce début de saison de résultats d'entreprises trimestriels et à l'approche de grands rendez-vous de politique monétaire, avec les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine toujours en toile de fond. À Paris, le CAC 40 a perdu 0,38% à 5.550,55 points. Le Footsie britannique a cédé 0,56% et le Dax allemand a reculé de 0,92%, pénalisé par le chute de SAP après des prévisions jugées décevantes. L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,54%, le FTSEurofirst 300 0,19% et le Stoxx 600 0,22%. Les investisseurs évaluent l'impact des tensions commerciales sur les bénéfices des sociétés en s'interrogeant sur les annonces que feront la Banque centrale européenne, le 25 juillet, puis la Réserve fédérale, le 31 juillet. Ils attendent des instituts d'émission le maintien, voire l'intensification des mesures de soutien qui ont contribué au rebond des marchés d'actions depuis le début de l'année. Si l'appétit pour le risque des intervenants de marché est émoussé, les variations des indices restent modérées dans des volumes et une volatilité qui demeurent faibles. A l'heure de la clôture en Europe, les indices de référence de la Bourse de New York se cherchent une tendance. Netflix plonge de 11,57%. Le pionnier du streaming musical a gagné presque deux fois moins d'abonnés payants que prévu au deuxième trimestre, en raison d'une augmentation de ses tarifs sur certains de ses principaux marchés, notamment les Etats-Unis. L'action Morgan Stanley est hésitante. La banque a fait état d'un bénéfice trimestriel en baisse de 10%, la faible volatilité des marchés ayant pesé sur ses activités de trading et de conseil, mais son résultat est néanmoins légèrement supérieur aux attentes. Microsoft publiera ses résultats après la clôture.
Valeurs & indicateurs La plus forte baisse sectorielle du jour est pour l'indice Stoxx des valeurs technologiques (-1,57%), affecté par les prévisions décevantes de SAP, qui a dit ne pas voir de nette amélioration de ses marges avant l'année prochaine. Le spécialiste allemand des logiciels professionnels, première capitalisation technologique en Europe, a perdu 5,61%, de loin la plus forte baisse du Dax. A la hausse, l'éditeur de jeux Ubisoft a pris 4,28% à la faveur d'un chiffre d'affaires trimestriel meilleur que prévu. Les ventes au détail au Royaume-Uni ont rebondi en juin, contrairement aux attentes, montrent les statistiques officielles publiées jeudi, qui pourraient relancer l'espoir que l'économie échappe à la récession au deuxième trimestre. Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage ont légèrement augmenté la semaine dernière, conformément aux attentes, et la croissance de l'activité manufacturière dans le nord-est des Etats-Unis a rebondi bien plus nettement qu'attendu en juillet.
Wall Street finit en légère hausse La Bourse de New York a fini en légère hausse jeudi, retrouvant de couleurs en fin de séance après les déclarations d'un des principaux responsables de la Réserve fédérale qui ont ravivé les espoirs d'une baisse de taux d'un demi-point à la fin du mois. L'indice Dow Jones est repassé dans le vert pratiquement à la cloche, gagnant sur le fil 3,12 points ou 0,01% à 27.222,97. Le S&P-500 a avancé de 10,69 points, soit 0,36%, à 2.995,11 points et le Nasdaq Composite a gagné 22,04 points (0,27%) à 8.207,24. John Williams, le président de la Fed de New York, a prôné une action préventive forte sur les taux d'intérêt compte tenu du bas niveau de l'inflation, relançant ainsi les spéculations sur une baisse de taux de 50 points de base le 31 juillet à l'issue de la réunion de deux jours du comité de politique monétaire (Fomc) de la Fed. Dernièrement, des statistiques économiques meilleures que prévu avaient plutôt favorisé le scénario d'un assouplissement limité à 25 points de base. D'après le baromètre FedWatch de CME Group, la possibilité d'une baisse de taux de 50 pdb est remontée à 71% dans la foulée des déclarations de Williams alors qu'elle était à 34% mercredi soir. Après la clôture, la Fed de New York a toutefois publié une rare mise au point pour dire que son président s'exprimait d'un point de vue académique et que son discours "ne concernait pas de possibles décisions de politique monétaire qui seront prises à la prochaine réunion du FOMC". Avant l'agitation de fin de séance, le marché avait consolidé dans le calme, ne trouvant toujours pas d'inspiration dans les publications de résultats du deuxième trimestre et surtout pas dans ceux de Netflix. "Les résultats sont plutôt conformes aux attentes mais les entreprises se montrent prudentes pour les trimestres futurs, et cela empêche le S&P 500 de revenir au-dessus des 3.000 points", explique John Augustine, directeur des investissements chez Huntington Private Bank à Columbus (Ohio). Les bénéfices des sociétés du S&P 500 sont désormais prévus en hausse de 0,6% sur un an, d'après les estimations des analystes compilées par IBES Refinitiv, alors qu'ils étaient auparavant attendus en légère baisse. Quelque 6,68 milliards d'actions ont changé de mains, à comparer à une moyenne de 6,67 milliards sur les 20 dernières séances pleines.
Valeurs Plus forte baisse du S&P 500, Netflix a plongé de 10,27% à 325,21 dollars, revenant à ses niveaux de la fin janvier. Le pionnier du streaming vidéo a gagné presque deux fois moins d'abonnés payants que prévu au deuxième trimestre, et en a même perdu aux Etats-Unis pour la première fois en huit ans. L'indice des services de communication a cédé 0,89% dans son sillage, la plus forte baisse des 11 grands indices sectoriels S&P 500 dont sept ont fini en hausse. Morgan Stanley a gagné à l'inverse 1,51% après des résultats de bonne facture, permettant au sous-indice du secteur bancaire de regagner 0,94% après trois séances de baisse. En tête du S&P 500, le géant du tabac Philip Morris a bondi de 8,22% après avoir relevé sa prévision de bénéfice annuel. Union Pacific (+5,89%), IBM (+4,59%, meilleure performance du Dow Jones) et eBay (+1,90%) ont aussi été recherchés après leurs publications. Microsoft a cédé 0,11% dans l'attente de ses résultats, à la clôture, qui se sont révélés supérieurs aux attentes. Le titre prenait plus de 1% dans les transactions électroniques hors séance. Les inscriptions au chômage ont légèrement augmenté de 8.000 à 216.000 aux Etats-Unis la semaine dernière, un chiffre conforme aux attentes qui ne remet pas en cause la vigueur du marché du travail. L'indice de l'activité manufacturière de la Fed de Philadelphie a pour sa part rebondi bien plus nettement qu'attendu en juillet, à 21,8, au plus haut depuis juillet 2018, contre 0,3 en juin et 5,0 attendu. La statistique a eu peu d'impact, d'autant que l'indice des indicateurs avancés a baissé de 0,3% en juin au lieu d'une progression de +0,1% attendue en moyenne par les économistes.
Taux & changes Les déclarations de John Williams ont fait chuter les rendements obligataires, notamment ceux des obligations à deux ans, les plus sensibles à l'évolution des taux de la Fed, qui sont passés en quelques minutes de 1,81% à 1,78%. Le rendement des Treasuries à 10 ans reculait en fin de séance à 2,038% contre 2,061% mercredi soir. En Europe, le 10 ans allemand, taux de référence de la zone euro, a perdu près de deux points de base à -0,31%. Le marché des changes, somnolent jusque-là, a aussi réagi avec l'indice dollar qui a cédé 0,52% à 96,713, sous sa moyenne mobile à 200 jours (96,806) - un signal technique négatif. L'euro notamment a repris 0,44% à 1,1275 dollar mais il retombait de 0,33% à 1,1242 après la mise au point de la Fed de New York. Le dollar est stable face à un panier de référence et l'euro cède un peu de terrain, autour de 1,12 dollar. La livre sterling gagne pour sa part 0,4% face au dollar, soutenue par un rebond inattendu des ventes au détail britanniques en juin. Elle s'éloigne ainsi d'un creux de 27 mois touché la veille face aux craintes persistantes d'un Brexit sans accord. L'or a gagné plus de 1% à 1.443.25 dollars l'once sur le marché au comptant, un plus haut depuis mai 2013, et l'argent a atteint un plus haut d'un an à 16,31 dollars l'once.