Désormais, la crise des produits sophistiqués de la finance est mondiale. L'institution de Breton Wood est persuadée que la grippe du marché financier n'épargnera pas l'Afrique. Les conjoncturistes qui cherchaient le chaînon manquant entre la crise des subprimes et l'Afrique viennent de le trouver dans l'inflation. Les derniers indicateurs afférents à l'inflation en Algérie ne sont pas vraiment flatteurs. Selon les données de l'Office national des statistiques (ONS), le niveau moyen d'augmentation des prix à la consommation en Algérie a atteint 4,4 %, passant ainsi de 3,5% en 2007, contre 2,5% en 2006. Cependant, la hausse des indices généraux des prix n'est plus uniquement une histoire de statistiques, l'inflation a montré son visage et chacun de nous est en train de le découvrir quotidiennement. La question qui demeure posée est dans quelle mesure un pays comme l ‘Algérie peut contrôler la hausse des prix, surtout quand celle-ci est plus subie et importée que due à des pressions inflationnistes internes. L'inflation ressentie sous nos cieux est en effet le fruit d'une conjoncture internationale défavorable, pour le moins que l'on puisse dire, pour ne pas affirmer chaotique, et ce pour diverses raisons. Derrière la corrélation, désormais largement prouvée, impliquant la hausse des prix des ressources naturelles suite aux chutes successives du billet vert par rapport aux autres devises, on retrouve la crise « subprime » qui ne finit toujours pas d'ébranler le marché du crédit aux Etats-Unis. En effet, les analystes prévoient des pertes avoisinant les 600 milliards de dollars, dont uniquement près de 180 sont avérés à ce jour. Ceci implique que la crise n'est qu'à ses début, on n'est même pas à mi-chemin et les dégâts occasionnés sont déjà bien ressentis de par le monde. La réserve fédérale américaine a, en conséquence, injecté près de 800 milliards de dollars afin de soutenir les institutions en difficulté et prévenir la matérialisation du risque de liquidité. Cette action, avec les baisses successives du taux directeur du dollar ramené à 2,25% servant à faciliter le remboursement des crédits à taux indexés contractés par les ménages américains, a fini par envoyer le billet vert dans les abysses, non sans conséquences sur le reste du monde. Affecté notamment par une hausse quasi-proportionnelle des prix des ressources naturelles. Un choc que doit subir malheureusement l'économie algérienne. Les prix des ressources naturelles ajustés par l'inflation US, actuellement avoisinant les 7,4% sur un an selon les dernières statistiques de janvier, n'ont pas encore atteint leurs niveaux maximums en période de crise, tel que observé en début des années 80 par exemple. En effet, l'or devrait atteindre 2200 Usd la once à prix constant, il n'est actuellement qu'aux alentours de 875 Usd la once. Le sucre en est à 1179 Usd alors qu'il pourrait atteindre 5895 Usd à prix constant, toujours en référence à la crise des « savings and loans » observée aux Etats-Unis au début des années 80, qui a vu plusieurs institutions de crédits faire faillite. Le blé en est uniquement à 10 Usd le boisseau alors qu'il pourrait atteindre les 48 Usd à prix constant. Le maïs en est à 5,07 Usd, il pourrait évoluer de plus de 600% pour atteindre près de 34 Usd le boisseau. Le fer pourrait quant à lui évoluer de près de 400%. Le principal enseignement qui se dégage est que ces ressources naturelles sont susceptibles d'évoluer à des taux variant entre 200% et 600%, pour atteindre leurs prix en phase de crise ! L'observation des booms passés des prix des ressources naturelles a démontré que ces derniers ont des cycles évoluant entre 11 ans et, 21 ans, ce qui, théoriquement implique une conclusion pas très reluisante stipulant que la crise d'aujourd'hui n'est qu'à ses débuts et que le pire est à venir. Malgré le ralentissement désormais acquis de l'économie américaine, il n'y a aucune évidence menant à prévoir une baisse de la demande sur les ressources naturelles. La demande de pétrole, de cuivre, de blé et autres métaux précieux demeure à un record absolu sans qu'il n'y ait une offre suffisante, ou même proche de ramener une certaine situation d'équilibre. Partout à travers le monde, l'offre est en train de subir des contraintes de différents ordres, tels que le désinvestissement en infrastructure ou les interruptions dues au terrorisme et autres tensions géo-politiques. La crise des crédits « subprime » n'est pas finie, tout comme la hausse des prix mondiaux des ressources naturelles. L'Algérie devra apprendre à vivre avec cette nouvelle conjoncture internationale défavorable, l'inflation ayant déjà grimpé sans qu'on puisse faire grand chose pour l'éviter. Le mal provient d'ailleurs, il n'est hélas pas maîtrisable.