Les cinq candidats à la présidentielle du 12 décembre promettent, dans leurs programmes électoraux, de renforcer le recours à la planification et à la prospective pour l'adoption de politiques économiques rationnelles et durables, à travers la création de nouvelles instances de planification et la relance des instances existantes comme le Conseil national économique et social (CNES). A ce titre, le président du parti Talaie El Houriyet, Ali Benflis, propose la création d'un "haut commissariat de la planification" jouissant d'une "large autonomie administrative". Cette instance sera chargée, selon Benflis, d'orienter l'action du Gouvernement dans les domaines économique et social, en prenant en charge la planification sectorielle, la veille stratégique et le suivi des différentes approches de développement et la coordination entre elles dans tous les secteurs. M.Benflis promet, à cet effet, de valoriser le rôle du CNES en révisant sa composante pour assurer une meilleure représentativité des mouvements associatif et syndical, en élargissant ses prérogatives en matière de prospective et en le transformant en vrai organe consultatif auquel peuvent recourir le Gouvernement et le Parlement, lors de la préparation des projets de loi. Le renforcement des moyens et de l'autonomie de l'Office National des Statistiques (ONS) ainsi que de l'Institut National des Etudes Stratégiques Globales (INESG) et la création de "cellules de réflexion", d'instituts et d'entreprises spécialisés dans les études des grands enjeux auxquels fait face le pays sont, en outre, inscrits dans le programme de Benflis. Le secrétaire général par intérim du RND, Azzedine Mihoubi, promet, à son tour, de réactiver le CNES en fonction de ses missions constitutionnelles en tant qu'organe principal de soutien au Gouvernement en ce qui concerne la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques dans les domaines économique et social. Le Conseil sera ainsi appelé, selon le programme de Mihoubi, à élaborer une étude prospective intitulée "Vision de l'Algérie de 2054, 100 après la guerre de libération" et qui tracera les objectifs escomptés à long terme sur tous les plans. De son côté, le candidat libre Abdelmadjid Tebboune s'engage à "rétablir le CNES dans la position qu'il mérite", notamment en renforçant ses prérogatives. Il propose également la création d'un réseau national de collecte des données statistiques sur les plans local et national dans l'objectif de renforcer la crédibilité des statistiques et des indicateurs socio-économiques afin de rendre les réformes programmées plus efficaces. Le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaid, considère, pour sa part, que "l'absence de la planification a conduit le pays à la situation actuelle" et a engendré le prolongement de certaines défaillance comme dans le secteur de l'Habitat. Pour remédier à cette situation, le candidat insiste sur la nécessité d'adopter des politiques sur la base d'une prospective économique à long terme qui "soit conçue par des spécialistes et non pas par des hommes politiques". Une planification à long terme permettra au pays, soutient M. Belaid, de clarifier entièrement ses choix économiques et de définir clairement les secteurs stratégiques. Elle conduira ainsi à la mise en place d'un plan de restructuration du secteur public, d'un programme transparent de privatisation et d'une vision prospective de la diversification économique. Le président du Mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina, suggère, lui, la création d'une "haute instance consultative permanente de la planification stratégique, la programmation et la prospective dans les politiques de développement". Cette instance sera chargée, selon lui, d'élaborer un modèle économique global ainsi que des plans de projets sectoriels et de suivre leur mise en œuvre. Créé en 1995, le CNES, censé être un outil de proposition et d'évaluation des politiques publiques, est resté sans président, depuis le décès de M. Mohamed Seghir Babès en mars 2017. Le staff du Conseil n'a pas été renouvelé non plus.