Le mystère planait dimanche autour d'une explosion qui a fait 11 morts et plus de 190 blessés dans une mosquée de la ville de Shiraz, dans le sud de l'Iran, qualifiée d'attentat par certains responsables et d'accident dû à des munitions par d'autres. Un adjoint du gouverneur de la province de Fars, dont Shiraz est la capitale, a d'abord parlé d'un "attentat", mais le responsable de la police de la ville a exclu cette hypothèse dimanche, avant qu'un responsable du ministère de l'Intérieur parle d'un "accident". Le bilan de l'explosion survenue samedi vers 21h00 locales (16h30 GMT) dans une mosquée du centre de la ville s'est alourdi à 11 morts et 191 blessés, selon un responsable des services d'urgence, Mohammad Javad Moradian, cité par l'agence officielle Irna. L'explosion a eu lieu lors d'un grand rassemblement de jeunes hommes et femmes écoutant l'allocution hebdomadaire d'un religieux, l'hodjatolislam Anjavinejad. Elle était consacrée à des critiques des wahhabites, musulmans sunnites extrémistes majoritaires en Arabie Saoudite, et des bahaïs, une minorité religieuse interdite de pratiquer son culte en Iran. Un expert de la police a fait état dans un premier temps, samedi, d'une "bombe placée dans la partie réservée aux hommes", avant que l'adjoint du gouverneur de la province de Fars pour les questions de sécurité, Mohammad Reza Hadaegh, ne parle dans la soirée d'un "attentat". Aucune revendication n'a été signalée par les autorités. Hier, la thèse de l'attentat a été remise en cause par plusieurs responsables. Le commandant de la police de la région de Fars a "exclu tout acte de sabotage dans cet incident", selon l'agence Fars. Le vice-ministre de l'Intérieur Abbas Mohtaj, cité par l'agence Mehr, a affirmé qu'il s'agissait "assurément d'un accident", tout en ajoutant que "la raison n'en est pas encore connue". Selon le commandant Ali Moayeri, "l'incident a pu résulter d'une négligence", à cause de "la présence de munitions laissées sur place, qui ont pu provoquer l'explosion". Il se référait à la présence d'une exposition sur la guerre Iran-Irak (1980-1988) et comprenant des munitions. Soulignant lui aussi l'existence d'une exposition d'"explosifs et munitions", un député de Shiraz, Mohammad Nabi Roudaki, a évoqué la possibilité d'un accident ou d'une explosion criminelle. "Cette catastrophe pourrait avoir été causée par l'explosion d'un obus de mortier de 81 mm, ou par une détonation due à une bombe qui a fait exploser l'obus", a-t-il dit, cité par l'agence Isna. Selon le procureur de la ville, Jaber Baneshi, "une enquête judiciaire a été lancée pour déterminer la cause de l'explosion et la possibilité d'un sabotage", a rapporté Irna. Shiraz est l'une des villes les plus célèbres d'Iran et l'une des destinations touristiques les plus prisées en raison de sa proximité avec Persépolis, qui abrite des vestiges de l'empire perse des Achéménides (550-331 avant JC). S'il s'agit bien d'un attentat, ce serait une première dans une ville importante située dans une province non-frontalière. Le dernier attentat d'envergure en Iran remonte à février 2007 lorsque 13 Gardiens de la révolution avaient trouvé la mort à Zahedan (sud-est) dans une attaque attribuée à des rebelles sunnites.Les provinces du Khouzistan, situé dans le sud-ouest où vit une forte minorité arabe et sunnite, du Kurdistan, dans l'ouest à majorité kurde, du Sistan-Balouchistan, dans le sud-est à forte minorité sunnite, ont connu des attentats et des affrontements armés ces deux dernières années.