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Quand une mère se met en colère (1re partie)
Mauvaise surprise
Publié dans Le Midi Libre le 31 - 07 - 2012

A mesure que Sofiane (35 ans) s'approchait de la maison, son inquiétude grandissait alors qu'il devait être heureux de retrouver sa mère. Il ne devait rentrer que dans une semaine mais son patron, en raison de la qualité de travail qu'il avait fournie, lui avait accordé un congé de quelques jours.
A mesure que Sofiane (35 ans) s'approchait de la maison, son inquiétude grandissait alors qu'il devait être heureux de retrouver sa mère. Il ne devait rentrer que dans une semaine mais son patron, en raison de la qualité de travail qu'il avait fournie, lui avait accordé un congé de quelques jours.
Dans la matinée de ce mois d'octobre de l'année 2011, Sofiane avait téléphoné à sa mère pour avoir de ses nouvelles comme il le fait tous les jours depuis qu'il avait trouvé cet emploi très rémunérateur à Biskra. Mais il s'était gardé de lui annoncer son retour et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, il voulait lui faire la surprise. Ensuite, si elle apprenait son retour, elle se fatiguerait en lui préparant tous les plats qu'il affectionnait. Mais il y avait une troisième raison qui l'incitait à rentrer à l'improviste. Une raison qu'il trouvait si indigne de sa part qu'il s'efforçait de ne pas y penser. Depuis quelque temps, le comportement de sa mère, âgée de 57 ans, avait quelque peu changé. Elle parlait peu et donnait l'air d'être très préoccupée par un problème qu'elle lui cachait. Plus d'une fois, dans le café du quartier où il lui arrivait d'entrer avec quelques amis et de s'attabler autour de tasses de thé et de café, il avait surpris des bribes de phrases qui n'avaient pas manqué de l'inquiéter. Il était question de «choses louches» et de «va-et-vient» interminables qui avaient lieu dans un des immeubles du quartier. Par expérience, Sofiane savait que beaucoup de ses concitoyens avaient le don de semer le désarroi dans les esprits d'autrui avec des propos qui n'avaient rien à voir avec la réalité. C'est pourquoi il n'avait pas jugé utile de s'approcher des auteurs de ces rumeurs pour obtenir plus d'informations. Des informations qui n'existaient peut-être pas.
La veille de son dernier départ pour Biskra, il avait eu une conversation avec sa mère.
- Mère, je trouve que tu es souvent songeuse. Serais-tu malade ?
- Non, je ne suis pas malade... Ai-je l'air malade ?
- Non... mais je te vois souvent soucieuse. Pourquoi ?
- Je donne l'air d'être soucieuse mais en fait je ne le suis pas.
- Tant mieux, mère.
- En vérité, j'ai un seul souci en ce moment.
- Lequel, mère ?
- Tu ne vois pas lequel ?
Le jeune homme baissa la tête.
- Oui, oui, je crois que j'ai deviné lequel, mère...
- A la bonne heure. Tu as 35 ans maintenant, il est temps que tu te décides à fonder un foyer... Tu as une fille en vue ?
- Euh... non... mère...
- Ça ne fait rien... moi, j'ai une bonne demi-douzaine de filles. Toutes belles, instruites et de bonne famille.
- Euh... je... merci... mère.
- Mais tu n'as pas à me remercier, mon fils... le plus grand bonheur de toute mère est de voir son fils marié et heureux au milieu de ses enfants. Et ne t'inquiète pas pour... pour...
- Oui, mère. Finis ce que tu as envie de dire.
- Je me suis souvent demandé si ce n'est pas la crainte de te retrouver entre le marteau et l'enclume qui t'empêche de te marier.
- Le marteau et l'enclume ? Je ne te suis pas, mère.
- Je vais essayer d'être plus claire. Beaucoup d'hommes ont peur de se marier parce qu'ils appréhendent les disputes qui ne manqueront pas d'éclater entre leur mère et leur épouse. De ce côté, rassure-toi, tu n'as rien à craindre parce que tu auras ton appartement à toi tout seul. Avec tout l'or que j'ai et que je te donnerai tu pourras t'acheter un appartement...
- Oh ! maman, tu ne vas pas habiter seule ? ça ne se fait pas ?
- Pour toi, je ferai tout... j'ai vécu ma vie, à toi de vivre la tienne. Plus tard quand je serai plus vieille et que je ne pourrai pas me prendre en charge, je serai heureuse de finir mes vieux jours près de toi, au milieu de mes petits-enfants si, d'ici là, tu veux toujours de moi, bien sûr.
- Oh ! maman tu me brises le cœur quand tu parles ainsi. Tu vivras avec moi... je ne pourrais jamais vivre loin de toi... En ce moment, je travaille loin mais c'est provisoire. Dès que j'aurais acquis de l'expérience je trouverai un emploi à Alger. S'il le faut, je créerai ma propre entreprise de maintenance de chambres frigorifiques.
Plus que quelques petites minutes et le taxi qu'il avait pris de la gare routière du Caroubier le déposerait devant l'immeuble où il habitait avec sa mère. Plus que quelques minutes et il aurait la confirmation que sa mère n'avait rien à voir avec les rumeurs qu'il avait entendues au café. Pauvre Sofiane ! Il ignorait que dans quelques minutes, il se trouverait en face d'une vision de cauchemar à laquelle sa mère serait associée.
(à suivre...)
Dans la matinée de ce mois d'octobre de l'année 2011, Sofiane avait téléphoné à sa mère pour avoir de ses nouvelles comme il le fait tous les jours depuis qu'il avait trouvé cet emploi très rémunérateur à Biskra. Mais il s'était gardé de lui annoncer son retour et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, il voulait lui faire la surprise. Ensuite, si elle apprenait son retour, elle se fatiguerait en lui préparant tous les plats qu'il affectionnait. Mais il y avait une troisième raison qui l'incitait à rentrer à l'improviste. Une raison qu'il trouvait si indigne de sa part qu'il s'efforçait de ne pas y penser. Depuis quelque temps, le comportement de sa mère, âgée de 57 ans, avait quelque peu changé. Elle parlait peu et donnait l'air d'être très préoccupée par un problème qu'elle lui cachait. Plus d'une fois, dans le café du quartier où il lui arrivait d'entrer avec quelques amis et de s'attabler autour de tasses de thé et de café, il avait surpris des bribes de phrases qui n'avaient pas manqué de l'inquiéter. Il était question de «choses louches» et de «va-et-vient» interminables qui avaient lieu dans un des immeubles du quartier. Par expérience, Sofiane savait que beaucoup de ses concitoyens avaient le don de semer le désarroi dans les esprits d'autrui avec des propos qui n'avaient rien à voir avec la réalité. C'est pourquoi il n'avait pas jugé utile de s'approcher des auteurs de ces rumeurs pour obtenir plus d'informations. Des informations qui n'existaient peut-être pas.
La veille de son dernier départ pour Biskra, il avait eu une conversation avec sa mère.
- Mère, je trouve que tu es souvent songeuse. Serais-tu malade ?
- Non, je ne suis pas malade... Ai-je l'air malade ?
- Non... mais je te vois souvent soucieuse. Pourquoi ?
- Je donne l'air d'être soucieuse mais en fait je ne le suis pas.
- Tant mieux, mère.
- En vérité, j'ai un seul souci en ce moment.
- Lequel, mère ?
- Tu ne vois pas lequel ?
Le jeune homme baissa la tête.
- Oui, oui, je crois que j'ai deviné lequel, mère...
- A la bonne heure. Tu as 35 ans maintenant, il est temps que tu te décides à fonder un foyer... Tu as une fille en vue ?
- Euh... non... mère...
- Ça ne fait rien... moi, j'ai une bonne demi-douzaine de filles. Toutes belles, instruites et de bonne famille.
- Euh... je... merci... mère.
- Mais tu n'as pas à me remercier, mon fils... le plus grand bonheur de toute mère est de voir son fils marié et heureux au milieu de ses enfants. Et ne t'inquiète pas pour... pour...
- Oui, mère. Finis ce que tu as envie de dire.
- Je me suis souvent demandé si ce n'est pas la crainte de te retrouver entre le marteau et l'enclume qui t'empêche de te marier.
- Le marteau et l'enclume ? Je ne te suis pas, mère.
- Je vais essayer d'être plus claire. Beaucoup d'hommes ont peur de se marier parce qu'ils appréhendent les disputes qui ne manqueront pas d'éclater entre leur mère et leur épouse. De ce côté, rassure-toi, tu n'as rien à craindre parce que tu auras ton appartement à toi tout seul. Avec tout l'or que j'ai et que je te donnerai tu pourras t'acheter un appartement...
- Oh ! maman, tu ne vas pas habiter seule ? ça ne se fait pas ?
- Pour toi, je ferai tout... j'ai vécu ma vie, à toi de vivre la tienne. Plus tard quand je serai plus vieille et que je ne pourrai pas me prendre en charge, je serai heureuse de finir mes vieux jours près de toi, au milieu de mes petits-enfants si, d'ici là, tu veux toujours de moi, bien sûr.
- Oh ! maman tu me brises le cœur quand tu parles ainsi. Tu vivras avec moi... je ne pourrais jamais vivre loin de toi... En ce moment, je travaille loin mais c'est provisoire. Dès que j'aurais acquis de l'expérience je trouverai un emploi à Alger. S'il le faut, je créerai ma propre entreprise de maintenance de chambres frigorifiques.
Plus que quelques petites minutes et le taxi qu'il avait pris de la gare routière du Caroubier le déposerait devant l'immeuble où il habitait avec sa mère. Plus que quelques minutes et il aurait la confirmation que sa mère n'avait rien à voir avec les rumeurs qu'il avait entendues au café. Pauvre Sofiane ! Il ignorait que dans quelques minutes, il se trouverait en face d'une vision de cauchemar à laquelle sa mère serait associée.
(à suivre...)


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