La relance de la production nationale pour la substituer graduellement à des importations coûteuses, dans un contexte de baisse drastique des recettes pétrolières, aura mobilisé en 2015 toutes les énergies disponibles au sein du secteur de l'industrie en tant que "moteur de croissance" irremplaçable. La relance de la production nationale pour la substituer graduellement à des importations coûteuses, dans un contexte de baisse drastique des recettes pétrolières, aura mobilisé en 2015 toutes les énergies disponibles au sein du secteur de l'industrie en tant que "moteur de croissance" irremplaçable. La réorganisation du secteur public marchand, l'amorce d'une révision de la loi sur l'investissement, le début de réalisation du complexe sidérurgique de Bellara ainsi que l'élaboration d'un nouveau cahier des charges pour les concessionnaires automobiles auront été les moments forts de cette volonté déclarée de faire de la relance de l'investissement productif et de la diversification de l'économie nationale les priorités absolues du moment. C'est à ce prix que le gouvernement entend atteindre "l'émergence économique" en 2019 avec une croissance de 7 % hors hydrocarbures, tirée essentiellement par le secteur industriel, et a entrepris la refonte des cadres organisationnel et juridique de plusieurs activités relevant de ce secteur. La réorganisation, en février, du secteur public marchand a ainsi donné naissance à douze nouveaux groupes industriels issus des quatorze sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) et des cinq anciens groupes composant la base industrielle publique, en plus de sept groupes nouvellement créés, autant de "moteurs de croissance". Les sept nouvelles filières intégrées au patrimoine industriel public (agroalimentaire, chimie, mécanique, métallurgiesidérurgie, textiles, équipements électriques, électrodomestiques et électroniques, et un groupe entièrement dédié aux industries locales) ont été choisies selon une vision tendant à consolider et à privilégier des activités "stratégiques" dont les coûts d'importation pèsent très lourd sur le budget de l'Etat. Refonte du cadre juridique de l'investissement Dans la même cette logique, le ministère en charge de l'Industrie et des Mines a entamé, début 2015, l'élaboration d'un nouveau Code de l'investissement qui devra consacrer, en particulier, "la liberté de l'acte d'investir". Finalisé et approuvé par le gouvernement mais toujours en cours d'examen au Parlement, ce projet de texte -qui vient amender la loi sur l'investissement de 2001- vise a asseoir une certaine "stabilité, transparence et lisibilité" du cadre juridique régissant ce créneau en Algérie. Le projet du loi, qui est inspiré du Pacte économique et social de croissance, se veut donc un cadre d'"incitation" et d'"accompagnement" pour l'entreprise, qu'elle soit petite ou grande, publique ou privée, nationale ou étrangère. Très attendu par les opérateurs, nationaux et étrangers, ce projet de texte ne verrait cependant le jour qu'en 2016. Le ministère a publié également, en mars, un nouveau cahier des charges régissant l'activité des concessionnaires de véhicules neufs pour mettre fin aux multiples dysfonctionnements d'un marché tiré par l'importation. Cependant, les concessionnaires attendent toujours la publication du cahier de charges devant régir leurs activités industrielles (sous-traitance ou montage), une obligation qui leur a été imposée par la loi de Finances 2014 mais dont les textes d'application n'avaient pas suivi. Promis pour début 2016, ce texte devra notamment encadrer l'activité du montage/ assemblage des véhicules en Algérie, une filière au stade embryonnaire mais que les pouvoirs publics comptent impulser pour ce qu'elle représente comme potentiel en terme de sous-traitance et donc de croissance et d'emploi. Des projets concrétisés, d'autres en cours Plus concrètement, l'année 2015 aura été marquée en particulier par l'inauguration, en mai, d'une usine d'assemblage et de maintenance de tramways à Annaba, et surtout la pose en mars de la première pierre du méga complexe sidérurgique de Bellara (Jijel), après quarante ans de "flou". Fruit d'un partenariat algéro-qatari, ce projet de 2 milliards de dollars devra produire, à partir de 2017, deux millions de tonnes d'acier par an avant de doubler sa production à l'horizon 2019, les importations en produits d'aciérie coûtant à l'Algérie plus de 10 milliards de dollars annuellement. Autre fait marquant, la première voiture "made in Algeria", la Renault Symbol, souffle sa première bougie et l'Algérie engage déjà des discussions avec un autre constructeur français Peugeot pour une nouvelle expérience dans le montage de véhicules et de la sous-traitance périphérique. L'Etat a par ailleurs récupéré en octobre 2015 la totalité des actions du groupe Arcelor Mittal, auparavant partagé avec les Indiens, une mesure censée donner une nouvelle impulsion à l'industrie sidérurgique nationale. Prioriser la production nationale, revaloriser les Mines Passer d'une économie de développement à une économie de croissance capable même d'exporter : ce leitmotiv de l'année qui s'achève a justifié une démarche gouvernementale fondée sur le l'implication des opérateurs nationaux, publics et privés, ainsi que sur le partenariat étranger. Ainsi, plus d'une dizaine de forums économiques bilatéraux et près d'une dizaine de commissions mixtes se sont tenues, en Algérie et l'étranger, durant l'année. Il s'est agi en particulier de Français, d'Américains, d'Italiens, de Chinois, d'Allemands, de Tunisiens, de Polonais, d'Iraniens, de Soudanais et de Sud-africains. Ces rencontres ont abouti, pour la plupart, à la signature d'accords de coopération économique et à des appels à renforcer les investissements en Algérie au lieu de se limiter aux traditionnels échanges commerciaux. Pour 2016, l'agenda industriel s'annonce également chargé puisque le secteur devra parachever des chantiers en cours : code de l'investissement, cahier des charges du montage automobile, négociations avec de le constructeur automobile Peugeot... L'année qui arrive devra également marquer des dates phares notamment dans l'industrie minière pour qui le département de l'Industrie accorde une place primordiale. Il s'agira en particulier de faire aboutir les négociations en cours pour la création de consortiums pour l'exploitation de gisements miniers dont notamment celui de Gara Djebilet (Tindouf) dont les réserves sont estimées 3 milliards de tonnes de minerai. Place au réalisme budgétaire 2015 aura été, pour l'économie algérienne, une année cruciale, la chute soudaine des prix du pétrole ayant sérieusement mis un terme à une opulence relative, entamé dangereusement les finances publiques et forcé l'avènement d'une politique budgétaire plus rigoureuse. La baisse des prix mondiaux de pétrole, qui selon les analystes doit se poursuivre sur les court et moyen termes, a fait perdre à l'Algérie la moitié de ses revenus extérieurs entre 2104 et 2015, et a sonné le glas d'une longue période d'équilibres macro-économiques très favorables, y compris un endettement extérieur quasi nul. Durant l'exercice budgétaire qui s'achève, la fonte des recettes tirées de la vente des hydrocarbures a engendré des déficits en cascade touchant à la fois la balance commerciale, la balance des paiements et le trésor, outre une hausse du taux de l'inflation dans un contexte de forte dépréciation de la monnaie nationale. Du coup, les réserves de change fondent de 30 milliards de dollars en un an pour se stabiliser aux alentours de 150 milliards de dollars à la fin 2015, selon des prévisions officielles. Le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui contient l'épargne publique tirée des excédents de recettes pétrolières, aura connu le même sort avec une hausse importante des prélèvements en 2015 et aucun versement en 10 mois. "La possibilité d'une baisse du solde du FRR en deçà de son seuil minimal réglementaire, voire son extinction, est fortement plausible", avertissait d'ailleurs le Conseil national économique et Social (Cnes) tout en recommandant que le pays contracte des prêts auprès des partenaires et des institutions internationales. Avec ses moyens et ses potentialités encore disponibles, l'Algérie "a toutes les chances d'obtenir des prêts", a commenté le Premier ministre pour mettre un terme à des manifestations de doute et d'appréhension. Cette option de recours à l'endettement extérieur, écartée voire diabolisée au plus fort de l'embellie financière, s'est imposée de nouveau en 2015 comme un des choix de financement, à cette condition évoquée par le ministre des Finances que ces éventuels crédits soient contractés exclusivement par des entreprises et non pas par l'Etat, tel que le prévoit la loi de finances pour 2016. Ainsi, après des années de lois de finances n'offrant aux entreprises que des réductions et des exonérations fiscales en sollicitant fortement le budget de l'Etat, le Gouvernement a décidé d'impliquer ces dernières dans le financement de leurs projets. Il a d'autre part décidé d'instaurer, au moyen de décrets d'ajustement, un "mécanisme de maintien de l'équilibre budgétaire" permettant le gel ou l'annulation des crédits en cas de perturbation des équilibres généraux prévus. Plus de rigueur budgétaire pour l'exercice 2016 Face à la forte contraction des rentrées en devises et à la nécessité sous-jacente de trouver d'autres ressources, le gouvernement a dû aménagé une loi de finances pour 2016 contenant des mesures fiscales contraignantes devant se solder par des augmentations de prix à la consommation, notamment ceux de l'énergie maintenus depuis longtemps à des niveaux jugés trop inférieurs à leurs coûts réels, quitte à contrarier l'opposition politique qui les jugent "antisociales". La même loi autorise aussi une ouverture partielle ou totale, selon les cas, du capital des entreprises publiques pour capter des ressources supplémentaires et/ou réduire la pression sur le trésor public, mais relève substantiellement (+ 7,5 %) le montant des transferts sociaux malgré une baisse importante des dépenses et des recettes dans le budget de l'Etat 2016 par rapport à 2015. Les derniers mois de l'année auront donc consacré cette dichotomie: une partie de l'opinion publique et politique, ainsi que des spécialistes de la chose économique, redoutant les retombées de la crise financière sur les fronts économique et social à moyen terme, d'un côté, et de l'autre, un gouvernement convaincu de la justesse de sa démarche. Celle-ci s'articule autour de deux axes: la rationalisation des dépenses et l'optimisation des ressources, tout en sauvegardant l'essentiel des acquis sociaux auxquels il est consacré environ 20 % du budget de l'Etat. C'est dans cette logique qu'est intervenue l'opération qui aura défrayé la chronique durant l'été 2015, celle - baptisée mise en conformité fiscale volontaire - qui consiste à attirer vers le système bancaire l'argent du commerce informel. L'obligation d'utilisation du chèque dans les grandes transactions (dépassant les 500.000 DA) a été également décidée durant cette période. En vue de diversifier les outils de financement rationnel de l'économie, les autorités publiques ont dû aussi se résoudre, en 2015, à prendre des mesures inattendues comme le retour au système des licences (autorisations) d'importation ou le recours à la notion de préférence nationale dans l'attribution des marchés publics. Intervenant dans ce débat national, le président Abdelaziz Bouteflika n'a pas manqué lui-même de rappeler les entreprises économiques à leur devoir de création de croissance et d'emplois en échange de l'énorme soutien financier que l'Etat leur apporte sous la forme d'exonérations fiscales et d'allègement des charges d'exploitation. "Un tel engagement (financier de l'Etat) est une option stratégique de l'Etat, mais son maintien exige un retour en production de biens et de services pour réduire les importations et procurer de nouvelles recettes d'exportation, et en création d'emplois. En un mot, il exige une relation gagnant-gagnant entre l'Etat et les agents économiques", a averti le chef de l'Etat en octobre à l'occasion d'un Conseil des ministres. Une baisse brutale des revenus de l'Etat Après plus d'une décennie d'aisance financière relative, l'Algérie a vu ses moyens s'éroder, en 2015, sous le double effet d'une baisse drastique de ses revenus pétroliers et d'une économie peu diversifiée et donc peu préparée à compenser les effets de ce genre de choc. Dans une conjoncture ainsi marquée par la perte de la moitié environ des recettes pétrolières habituelles, le gouvernement a dû se résoudre à mettre en place les moyens d'accélérer le processus de diversification de l'économie du pays pour en assurer la croissance et la libérer de sa trop forte dépendance des hydrocarbures. En effet, la résilience de l'Algérie face aux chocs externes s'est nettement détériorée en 2015 avec comme conséquences macroéconomiques immédiates une sérieuse contraction des réserves de change, un repli des avoirs du fonds de régulation des recettes (FRR) et un déficit de la balance commerciale inconnu depuis plus de dix exercices consécutifs. Principal baromètre de la santé financière extérieure du pays, les réserves de change ont baissé de près de 30 milliards de dollars en l'espace de 12 mois et devraient boucler l'année en cours à 151 milliards de dollars contre 179 milliards USD fin 2014, d'après les projections de la Banque d'Algérie. Parallèlement, l'épargne publique versée dans le FRR qui affichait des niveaux records à la fin de l'année 2014, n'a enregistré aucune plus value entre janvier et la fin août, alors que les prélèvements s'y sont accélérés. La balance commerciale a, quant à elle, renoué avec les déficits en 2015 (-10,8 milliards de dollars) à cause d'une baisse historique de la valeur des exportations et malgré une recul du montant des importations. Mais en dépit de ces indicateurs en berne, la croissance du PIB semble aller dans le sens contraire et devrait poursuivre son évolution positive pour atteindre le taux de 3 % projeté par le Fonds monétaire international (FMI) pour l'exercice 2015, mais à un rythme moins soutenu que celui de 2014. Vers une économie moins dépendante des hydrocarbures Face à cette dégradation des grands indicateurs économiques et les risques qu'elle induit sur les objectifs de croissance et d'emploi, les pouvoirs publics ont amorcé, dans l'urgence, le processus de construction d'une économie diversifiée et moins dépendante du seul secteur des hydrocarbures dans le but d'atteindre l'émergence et le taux de croissance du PIB de 7 % projeté pour 2019. Cet objectif avait été formalisé dans plan d'action du gouvernement en 2014 avant d'être consolidé par des mesures et des décisions contenues notamment dans la loi de finances complémentaire 2015 et la loi de finances 2016. Dans l'ensemble, ces mesures visent la stimulation de l'investissement productif par le biais de différentes mesures fiscales, parallèlement à l'assainissement de l'environnement des affaires en améliorant, entre autres, l'accès au financement et au foncier afin de pouvoir ériger un outil national de production viable et véritablement au niveau des exigences de qualité et de coût. Et pour tenter d'enrayer l'aggravation du déficit de la balance commerciale, le gouvernement a décidé d'introduire, à partir de janvier 2106, le système des licences (autorisations) d'importation et d'exportation en vue de mieux maîtriser les flux importants d'importations et les coûts correspondants. Dans la même optique, le crédit à la consommation, gelé depuis 2009 pour ralentir les importations et limiter le niveau d'endettement des ménages, a été rétabli par la loi de finances 2015 dans le double souci de stimuler la consommation du produit national et de créer de la croissance. En l'absence d'une liste des produits éligibles, tel qu'exigé par les banques, cette formule de crédit, destinée exclusivement aux produits fabriqués ou assemblés localement, n'a cependant pas pu voir le jour en 2015. Son lancement effectif est donc attendu pour 2016. La conjoncture économique peu favorable n'a pas empêché cependant la poursuite des efforts de l'Etat en faveur des couches vulnérables, notamment dans le domaine de l'habitat où le déficit en logements a été ramené à seulement 450.000 unités, contre 3 millions d'unités au début du siècle, à en croire de récents chiffres du ministre en charge du secteur. Pour la seule année 2015, plus de 273.000 logements de différents types ont été réceptionnés, alors qu'a commencé la construction de plus de 300.000 autres logements. La réorganisation du secteur public marchand, l'amorce d'une révision de la loi sur l'investissement, le début de réalisation du complexe sidérurgique de Bellara ainsi que l'élaboration d'un nouveau cahier des charges pour les concessionnaires automobiles auront été les moments forts de cette volonté déclarée de faire de la relance de l'investissement productif et de la diversification de l'économie nationale les priorités absolues du moment. C'est à ce prix que le gouvernement entend atteindre "l'émergence économique" en 2019 avec une croissance de 7 % hors hydrocarbures, tirée essentiellement par le secteur industriel, et a entrepris la refonte des cadres organisationnel et juridique de plusieurs activités relevant de ce secteur. La réorganisation, en février, du secteur public marchand a ainsi donné naissance à douze nouveaux groupes industriels issus des quatorze sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) et des cinq anciens groupes composant la base industrielle publique, en plus de sept groupes nouvellement créés, autant de "moteurs de croissance". Les sept nouvelles filières intégrées au patrimoine industriel public (agroalimentaire, chimie, mécanique, métallurgiesidérurgie, textiles, équipements électriques, électrodomestiques et électroniques, et un groupe entièrement dédié aux industries locales) ont été choisies selon une vision tendant à consolider et à privilégier des activités "stratégiques" dont les coûts d'importation pèsent très lourd sur le budget de l'Etat. Refonte du cadre juridique de l'investissement Dans la même cette logique, le ministère en charge de l'Industrie et des Mines a entamé, début 2015, l'élaboration d'un nouveau Code de l'investissement qui devra consacrer, en particulier, "la liberté de l'acte d'investir". Finalisé et approuvé par le gouvernement mais toujours en cours d'examen au Parlement, ce projet de texte -qui vient amender la loi sur l'investissement de 2001- vise a asseoir une certaine "stabilité, transparence et lisibilité" du cadre juridique régissant ce créneau en Algérie. Le projet du loi, qui est inspiré du Pacte économique et social de croissance, se veut donc un cadre d'"incitation" et d'"accompagnement" pour l'entreprise, qu'elle soit petite ou grande, publique ou privée, nationale ou étrangère. Très attendu par les opérateurs, nationaux et étrangers, ce projet de texte ne verrait cependant le jour qu'en 2016. Le ministère a publié également, en mars, un nouveau cahier des charges régissant l'activité des concessionnaires de véhicules neufs pour mettre fin aux multiples dysfonctionnements d'un marché tiré par l'importation. Cependant, les concessionnaires attendent toujours la publication du cahier de charges devant régir leurs activités industrielles (sous-traitance ou montage), une obligation qui leur a été imposée par la loi de Finances 2014 mais dont les textes d'application n'avaient pas suivi. Promis pour début 2016, ce texte devra notamment encadrer l'activité du montage/ assemblage des véhicules en Algérie, une filière au stade embryonnaire mais que les pouvoirs publics comptent impulser pour ce qu'elle représente comme potentiel en terme de sous-traitance et donc de croissance et d'emploi. Des projets concrétisés, d'autres en cours Plus concrètement, l'année 2015 aura été marquée en particulier par l'inauguration, en mai, d'une usine d'assemblage et de maintenance de tramways à Annaba, et surtout la pose en mars de la première pierre du méga complexe sidérurgique de Bellara (Jijel), après quarante ans de "flou". Fruit d'un partenariat algéro-qatari, ce projet de 2 milliards de dollars devra produire, à partir de 2017, deux millions de tonnes d'acier par an avant de doubler sa production à l'horizon 2019, les importations en produits d'aciérie coûtant à l'Algérie plus de 10 milliards de dollars annuellement. Autre fait marquant, la première voiture "made in Algeria", la Renault Symbol, souffle sa première bougie et l'Algérie engage déjà des discussions avec un autre constructeur français Peugeot pour une nouvelle expérience dans le montage de véhicules et de la sous-traitance périphérique. L'Etat a par ailleurs récupéré en octobre 2015 la totalité des actions du groupe Arcelor Mittal, auparavant partagé avec les Indiens, une mesure censée donner une nouvelle impulsion à l'industrie sidérurgique nationale. Prioriser la production nationale, revaloriser les Mines Passer d'une économie de développement à une économie de croissance capable même d'exporter : ce leitmotiv de l'année qui s'achève a justifié une démarche gouvernementale fondée sur le l'implication des opérateurs nationaux, publics et privés, ainsi que sur le partenariat étranger. Ainsi, plus d'une dizaine de forums économiques bilatéraux et près d'une dizaine de commissions mixtes se sont tenues, en Algérie et l'étranger, durant l'année. Il s'est agi en particulier de Français, d'Américains, d'Italiens, de Chinois, d'Allemands, de Tunisiens, de Polonais, d'Iraniens, de Soudanais et de Sud-africains. Ces rencontres ont abouti, pour la plupart, à la signature d'accords de coopération économique et à des appels à renforcer les investissements en Algérie au lieu de se limiter aux traditionnels échanges commerciaux. Pour 2016, l'agenda industriel s'annonce également chargé puisque le secteur devra parachever des chantiers en cours : code de l'investissement, cahier des charges du montage automobile, négociations avec de le constructeur automobile Peugeot... L'année qui arrive devra également marquer des dates phares notamment dans l'industrie minière pour qui le département de l'Industrie accorde une place primordiale. Il s'agira en particulier de faire aboutir les négociations en cours pour la création de consortiums pour l'exploitation de gisements miniers dont notamment celui de Gara Djebilet (Tindouf) dont les réserves sont estimées 3 milliards de tonnes de minerai. Place au réalisme budgétaire 2015 aura été, pour l'économie algérienne, une année cruciale, la chute soudaine des prix du pétrole ayant sérieusement mis un terme à une opulence relative, entamé dangereusement les finances publiques et forcé l'avènement d'une politique budgétaire plus rigoureuse. La baisse des prix mondiaux de pétrole, qui selon les analystes doit se poursuivre sur les court et moyen termes, a fait perdre à l'Algérie la moitié de ses revenus extérieurs entre 2104 et 2015, et a sonné le glas d'une longue période d'équilibres macro-économiques très favorables, y compris un endettement extérieur quasi nul. Durant l'exercice budgétaire qui s'achève, la fonte des recettes tirées de la vente des hydrocarbures a engendré des déficits en cascade touchant à la fois la balance commerciale, la balance des paiements et le trésor, outre une hausse du taux de l'inflation dans un contexte de forte dépréciation de la monnaie nationale. Du coup, les réserves de change fondent de 30 milliards de dollars en un an pour se stabiliser aux alentours de 150 milliards de dollars à la fin 2015, selon des prévisions officielles. Le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui contient l'épargne publique tirée des excédents de recettes pétrolières, aura connu le même sort avec une hausse importante des prélèvements en 2015 et aucun versement en 10 mois. "La possibilité d'une baisse du solde du FRR en deçà de son seuil minimal réglementaire, voire son extinction, est fortement plausible", avertissait d'ailleurs le Conseil national économique et Social (Cnes) tout en recommandant que le pays contracte des prêts auprès des partenaires et des institutions internationales. Avec ses moyens et ses potentialités encore disponibles, l'Algérie "a toutes les chances d'obtenir des prêts", a commenté le Premier ministre pour mettre un terme à des manifestations de doute et d'appréhension. Cette option de recours à l'endettement extérieur, écartée voire diabolisée au plus fort de l'embellie financière, s'est imposée de nouveau en 2015 comme un des choix de financement, à cette condition évoquée par le ministre des Finances que ces éventuels crédits soient contractés exclusivement par des entreprises et non pas par l'Etat, tel que le prévoit la loi de finances pour 2016. Ainsi, après des années de lois de finances n'offrant aux entreprises que des réductions et des exonérations fiscales en sollicitant fortement le budget de l'Etat, le Gouvernement a décidé d'impliquer ces dernières dans le financement de leurs projets. Il a d'autre part décidé d'instaurer, au moyen de décrets d'ajustement, un "mécanisme de maintien de l'équilibre budgétaire" permettant le gel ou l'annulation des crédits en cas de perturbation des équilibres généraux prévus. Plus de rigueur budgétaire pour l'exercice 2016 Face à la forte contraction des rentrées en devises et à la nécessité sous-jacente de trouver d'autres ressources, le gouvernement a dû aménagé une loi de finances pour 2016 contenant des mesures fiscales contraignantes devant se solder par des augmentations de prix à la consommation, notamment ceux de l'énergie maintenus depuis longtemps à des niveaux jugés trop inférieurs à leurs coûts réels, quitte à contrarier l'opposition politique qui les jugent "antisociales". La même loi autorise aussi une ouverture partielle ou totale, selon les cas, du capital des entreprises publiques pour capter des ressources supplémentaires et/ou réduire la pression sur le trésor public, mais relève substantiellement (+ 7,5 %) le montant des transferts sociaux malgré une baisse importante des dépenses et des recettes dans le budget de l'Etat 2016 par rapport à 2015. Les derniers mois de l'année auront donc consacré cette dichotomie: une partie de l'opinion publique et politique, ainsi que des spécialistes de la chose économique, redoutant les retombées de la crise financière sur les fronts économique et social à moyen terme, d'un côté, et de l'autre, un gouvernement convaincu de la justesse de sa démarche. Celle-ci s'articule autour de deux axes: la rationalisation des dépenses et l'optimisation des ressources, tout en sauvegardant l'essentiel des acquis sociaux auxquels il est consacré environ 20 % du budget de l'Etat. C'est dans cette logique qu'est intervenue l'opération qui aura défrayé la chronique durant l'été 2015, celle - baptisée mise en conformité fiscale volontaire - qui consiste à attirer vers le système bancaire l'argent du commerce informel. L'obligation d'utilisation du chèque dans les grandes transactions (dépassant les 500.000 DA) a été également décidée durant cette période. En vue de diversifier les outils de financement rationnel de l'économie, les autorités publiques ont dû aussi se résoudre, en 2015, à prendre des mesures inattendues comme le retour au système des licences (autorisations) d'importation ou le recours à la notion de préférence nationale dans l'attribution des marchés publics. Intervenant dans ce débat national, le président Abdelaziz Bouteflika n'a pas manqué lui-même de rappeler les entreprises économiques à leur devoir de création de croissance et d'emplois en échange de l'énorme soutien financier que l'Etat leur apporte sous la forme d'exonérations fiscales et d'allègement des charges d'exploitation. "Un tel engagement (financier de l'Etat) est une option stratégique de l'Etat, mais son maintien exige un retour en production de biens et de services pour réduire les importations et procurer de nouvelles recettes d'exportation, et en création d'emplois. En un mot, il exige une relation gagnant-gagnant entre l'Etat et les agents économiques", a averti le chef de l'Etat en octobre à l'occasion d'un Conseil des ministres. Une baisse brutale des revenus de l'Etat Après plus d'une décennie d'aisance financière relative, l'Algérie a vu ses moyens s'éroder, en 2015, sous le double effet d'une baisse drastique de ses revenus pétroliers et d'une économie peu diversifiée et donc peu préparée à compenser les effets de ce genre de choc. Dans une conjoncture ainsi marquée par la perte de la moitié environ des recettes pétrolières habituelles, le gouvernement a dû se résoudre à mettre en place les moyens d'accélérer le processus de diversification de l'économie du pays pour en assurer la croissance et la libérer de sa trop forte dépendance des hydrocarbures. En effet, la résilience de l'Algérie face aux chocs externes s'est nettement détériorée en 2015 avec comme conséquences macroéconomiques immédiates une sérieuse contraction des réserves de change, un repli des avoirs du fonds de régulation des recettes (FRR) et un déficit de la balance commerciale inconnu depuis plus de dix exercices consécutifs. Principal baromètre de la santé financière extérieure du pays, les réserves de change ont baissé de près de 30 milliards de dollars en l'espace de 12 mois et devraient boucler l'année en cours à 151 milliards de dollars contre 179 milliards USD fin 2014, d'après les projections de la Banque d'Algérie. Parallèlement, l'épargne publique versée dans le FRR qui affichait des niveaux records à la fin de l'année 2014, n'a enregistré aucune plus value entre janvier et la fin août, alors que les prélèvements s'y sont accélérés. La balance commerciale a, quant à elle, renoué avec les déficits en 2015 (-10,8 milliards de dollars) à cause d'une baisse historique de la valeur des exportations et malgré une recul du montant des importations. Mais en dépit de ces indicateurs en berne, la croissance du PIB semble aller dans le sens contraire et devrait poursuivre son évolution positive pour atteindre le taux de 3 % projeté par le Fonds monétaire international (FMI) pour l'exercice 2015, mais à un rythme moins soutenu que celui de 2014. Vers une économie moins dépendante des hydrocarbures Face à cette dégradation des grands indicateurs économiques et les risques qu'elle induit sur les objectifs de croissance et d'emploi, les pouvoirs publics ont amorcé, dans l'urgence, le processus de construction d'une économie diversifiée et moins dépendante du seul secteur des hydrocarbures dans le but d'atteindre l'émergence et le taux de croissance du PIB de 7 % projeté pour 2019. Cet objectif avait été formalisé dans plan d'action du gouvernement en 2014 avant d'être consolidé par des mesures et des décisions contenues notamment dans la loi de finances complémentaire 2015 et la loi de finances 2016. Dans l'ensemble, ces mesures visent la stimulation de l'investissement productif par le biais de différentes mesures fiscales, parallèlement à l'assainissement de l'environnement des affaires en améliorant, entre autres, l'accès au financement et au foncier afin de pouvoir ériger un outil national de production viable et véritablement au niveau des exigences de qualité et de coût. Et pour tenter d'enrayer l'aggravation du déficit de la balance commerciale, le gouvernement a décidé d'introduire, à partir de janvier 2106, le système des licences (autorisations) d'importation et d'exportation en vue de mieux maîtriser les flux importants d'importations et les coûts correspondants. Dans la même optique, le crédit à la consommation, gelé depuis 2009 pour ralentir les importations et limiter le niveau d'endettement des ménages, a été rétabli par la loi de finances 2015 dans le double souci de stimuler la consommation du produit national et de créer de la croissance. En l'absence d'une liste des produits éligibles, tel qu'exigé par les banques, cette formule de crédit, destinée exclusivement aux produits fabriqués ou assemblés localement, n'a cependant pas pu voir le jour en 2015. Son lancement effectif est donc attendu pour 2016. La conjoncture économique peu favorable n'a pas empêché cependant la poursuite des efforts de l'Etat en faveur des couches vulnérables, notamment dans le domaine de l'habitat où le déficit en logements a été ramené à seulement 450.000 unités, contre 3 millions d'unités au début du siècle, à en croire de récents chiffres du ministre en charge du secteur. Pour la seule année 2015, plus de 273.000 logements de différents types ont été réceptionnés, alors qu'a commencé la construction de plus de 300.000 autres logements.