Des centaines de djounoud, des dizaines de cadres politiques et militaires hôtes d'un petit village étaient protégés par le silence des villageois de tous les douars alentour ; il y avait de quoi se sentir invulnérables. Des centaines de djounoud, des dizaines de cadres politiques et militaires hôtes d'un petit village étaient protégés par le silence des villageois de tous les douars alentour ; il y avait de quoi se sentir invulnérables. Cette date est chère au peuple algérien, car elle représente le courage et la foi dans la victoire. En 1955, Zighout Youcef organise le soulèvement du Nord constantinois, zone comprise entre Annaba et Jijel. Le mot d'ordre a été suivi «parce que les habitants de cette région étaient très encadrés par les militants nationalistes ; mais ce fut, ensuite une chasse à l'arabe, une répression aussi, sinon plus féroce qu'en 1945.Les soldats français égorgeaient leurs prisonniers au stade de Skikda». En 1956, à Ifri, le FLN et l'ALN ont fait la preuve de leur immersion populaire, de leur prise de conscience des insuffisances organisationnelles et programmatiques. Des centaines de djounoud, des dizaines de cadres politiques et militaires hôtes d'un petit village étaient protégés par le silence des villageois de tous les douars alentour ; il y avait de quoi se sentir invulnérables. Le déclenchement de la Révolution algérienne le 1er Novembre 1954 a été un coup de tonnerre pour le peuple mais surtout pour les militants de la cause nationale surpris et mis devant le fait accompli. Un témoin de cette histoire a bien voulu évoquer cette période de rupture avec l'ordre colonial et les méthodes de la lutte politique : «On sortait de la seconde guerre mondiale et le peuple algérien a réclamé des Alliés qu'ils tiennent parole en améliorant la situation des colonisés qui ont tout donné pour la lutte contre l'hitlérisme et le fascisme. Au lieu de cela, on n'a eu droit qu'à 3 kilos d'orge ! Les manifestations du 8 Mai 1945 ont provoqué la répression fasciste des colons et de l'administration faisant des milliers de victimes et des prisonniers par centaines.» Pourquoi remonter si loin, même si l'étape qui a précédé le premier Novembre est cruciale ? «C'est que les partis politiques et organisations dont le credo était la libération ont subi de plein fouet la répression et les emprisonnements. Ferhat Abbas, par exemple, a été arrêté …Nous avons appelé le MTLD , L'UDMA, les Ulema, le PCA et des personnalités connues pour leur patriotisme à se constituer en Front algérien de défense des libertés démocratiques et pour la libération des détenus politiques. Ce fut un grand succès dans la mesure où des personnalités représentatives de leur organisation politique ont collaboré sans aucune exclusive à atteindre ces objectifs. Ahmed Mezrena, secrétaire général du MTLD, Boumendjel de l'UDMA, ahmed Francis, Moulay Merbah, Larbi Tebessi et Kheireddine (ces deux derniers étaient uléma), ainsi que des communistes. Qu'est ce cela signifiait ? Que les partis politiques se respectaient avec leur organisation, leur programme et leurs dirigeants et militants. Il est très important de savoir que les objectifs supérieurs de la nation passaient par la discussion, les débats et au besoin, des mises au point. Ici, je voudrais ouvrir une parenthèse : le parti communiste votait toujours des résolutions marquées par la revendication indépendantiste, mais cette revendication se retrouvait diluée, vidée de son contenu. Car la représentation européenne au sein du parti était trop prégnante, à telle enseigne que lors de la crise de 1946, André Marty est venu rappeler que les objectifs du peuple algérien ne sont pas les mêmes que ceux des Français.» Et le 20 Août 1956 ? «Cette date est celle du Congrès de la Soummam qui s'est tenu à Ifri. Mais laissez-moi terminer mon propos sur le Front. Un front c'est une représentation de plusieurs partis, organisations et personnalités différentes unies toutefois par un but, une organisation décentralisée, des méthodes de travail et d'intervention. Je connaissais Didouche Mourad qui était un ami d'enfance. Il était pour le déclenchement de la lutte armée sans plus attendre, il n'espérait plus rien des partis. Aucun argument ne le faisait reculer : je lui demandais : L'Emir Abdelkader, Mokrani, tous ceux qui se sont soulevés contre l'occupation sont des patriotes courageux, déterminés et pourtant ils ont été battus. Il répondait invariablement : Oui, ils ont été battus. Mais le temps des palabres est passé! Il faut se rappeler que le Mouvement national algérien des années 40 début des années 50 était battu : massacres du 8 Mai, échec de la lutte commencée par l'Organisation spéciale, arrestation de centaines des meilleurs combattants; mais sur le plan mondial, la naissance du camp socialiste, les victoires la Chine populaire, celle du Vietminh de Ho Chi Minh étaient des points d'appui subjectifs non négligeables. La vérité c'est que Didouche et ses compagnons ont rompu les amarres… Hommes courageux, patriotes profondément épris de liberté et de justice, ils se sont lancés dans la lutte en étant sûrs d'y laisser la vie. Devant les faits il n'y avait ni à critiquer ni à se démarquer. Le mot d'ordre était de les aider et de les protéger. C'est pourquoi des justifications de l'action du 1er Novembre ont vu le jour dans le monde et à travers la presse démocratique jusqu'à la dissolution du PCA et d'Alger républicain. J'ai moi-même tenu un meeting à El Harrach dans le sens d'une aide et d'une protection des militants nationalistes engagés.Arrêté, j'ai écopé de 4 mois de prison, que je n'ai pas fait.» Du 20 Août, il dira que Abane Ramdane en a conçu l'idée pour doter le FLN d'une organisation et d'un programme. Avec à la clé deux décisions stratégiques : la primauté du politique sur le militaire, et la mise sous l'égide du FLN d'organisations de masse des travailleurs, des commerçants, des étudiants et lycéens soit UGTA, UGCA, UGEMA. La charte de la Soummam est un progrès considérable par rapport à la Déclaration du 1er Novembre ; mais elle portait un germe, hélas! les tares du parti unique, dont celle de vouloir tout contrôler, tout diriger, tout initier —l'obligation pour les autres partis de s'autodissoudre, ce que fit l'UDMA Abane en sera d'ailleurs l'une des premières victimes de cet autoritarisme partisan. «Quant aux participants, ceux qui avaient droit à la parole au cours du Congrès de la Soummam, ils se comptaient sur les doigts des deux mains soit : Abane, Ouamrane, Krim, Ben Tobbal, Ben M'Hidi, Didouche Mourad et Ben Boulaid étaient déjà parmi les premiers martyrs de la Révolution.» Si l'on considère que l'Histoire comme l'a écrit Georges Duby est une sorte de mise en scène, en perspective de faits et d'événements passés, alors la préoccupation de Ahmed Akkache est comment sortir, aujourd'hui, l'Algérie de l'impasse ? Il s'alarme de la part des importations, des scandales des prix à la consommation, prévient que les coups de colère populaire se poursuivront tant que l'organisation de la société sera laissée à la nécessité de satisfaire les besoins élémentaires et au hasard des improvisations dictées par la conjoncture et l'imprévision. Il rappelle qu'en 1962, le peuple, c'était 8 millions et demi de citoyens «aujourd'hui, nous sommes 34 millions. Combien de ceux qui sont nés avant 1962 sont encore vivants ? Combien sont politisés ? Combien sont nourris de la sève du nationalisme populaire et de la confiance des masses ? Ces questions n'ont que des réponses sur le terrain, pas au niveau des appareils de l'Etat ni des superstructures : on voit des organisations naître, se positionner en se différenciant de ce qui est «officiel, reconnu par les appareils, ayant encore quelque influence pour acheter la paix sociale…» Mais l'Algérie a besoin d'un grand rassemblement démocratique orienté vers la mobilisation des forces vives de la Nation, surtout celles qui construisent, non celles qui consomment sans produire, qui s'engraissent sans aucun scrupule. Il y a surtout à élever le débat et y faire participer les partis et organisations, les personnalités, le peuple qui reprendraient en le modernisant l'engagement des martyrs, des patriotes sincères. Cette date est chère au peuple algérien, car elle représente le courage et la foi dans la victoire. En 1955, Zighout Youcef organise le soulèvement du Nord constantinois, zone comprise entre Annaba et Jijel. Le mot d'ordre a été suivi «parce que les habitants de cette région étaient très encadrés par les militants nationalistes ; mais ce fut, ensuite une chasse à l'arabe, une répression aussi, sinon plus féroce qu'en 1945.Les soldats français égorgeaient leurs prisonniers au stade de Skikda». En 1956, à Ifri, le FLN et l'ALN ont fait la preuve de leur immersion populaire, de leur prise de conscience des insuffisances organisationnelles et programmatiques. Des centaines de djounoud, des dizaines de cadres politiques et militaires hôtes d'un petit village étaient protégés par le silence des villageois de tous les douars alentour ; il y avait de quoi se sentir invulnérables. Le déclenchement de la Révolution algérienne le 1er Novembre 1954 a été un coup de tonnerre pour le peuple mais surtout pour les militants de la cause nationale surpris et mis devant le fait accompli. Un témoin de cette histoire a bien voulu évoquer cette période de rupture avec l'ordre colonial et les méthodes de la lutte politique : «On sortait de la seconde guerre mondiale et le peuple algérien a réclamé des Alliés qu'ils tiennent parole en améliorant la situation des colonisés qui ont tout donné pour la lutte contre l'hitlérisme et le fascisme. Au lieu de cela, on n'a eu droit qu'à 3 kilos d'orge ! Les manifestations du 8 Mai 1945 ont provoqué la répression fasciste des colons et de l'administration faisant des milliers de victimes et des prisonniers par centaines.» Pourquoi remonter si loin, même si l'étape qui a précédé le premier Novembre est cruciale ? «C'est que les partis politiques et organisations dont le credo était la libération ont subi de plein fouet la répression et les emprisonnements. Ferhat Abbas, par exemple, a été arrêté …Nous avons appelé le MTLD , L'UDMA, les Ulema, le PCA et des personnalités connues pour leur patriotisme à se constituer en Front algérien de défense des libertés démocratiques et pour la libération des détenus politiques. Ce fut un grand succès dans la mesure où des personnalités représentatives de leur organisation politique ont collaboré sans aucune exclusive à atteindre ces objectifs. Ahmed Mezrena, secrétaire général du MTLD, Boumendjel de l'UDMA, ahmed Francis, Moulay Merbah, Larbi Tebessi et Kheireddine (ces deux derniers étaient uléma), ainsi que des communistes. Qu'est ce cela signifiait ? Que les partis politiques se respectaient avec leur organisation, leur programme et leurs dirigeants et militants. Il est très important de savoir que les objectifs supérieurs de la nation passaient par la discussion, les débats et au besoin, des mises au point. Ici, je voudrais ouvrir une parenthèse : le parti communiste votait toujours des résolutions marquées par la revendication indépendantiste, mais cette revendication se retrouvait diluée, vidée de son contenu. Car la représentation européenne au sein du parti était trop prégnante, à telle enseigne que lors de la crise de 1946, André Marty est venu rappeler que les objectifs du peuple algérien ne sont pas les mêmes que ceux des Français.» Et le 20 Août 1956 ? «Cette date est celle du Congrès de la Soummam qui s'est tenu à Ifri. Mais laissez-moi terminer mon propos sur le Front. Un front c'est une représentation de plusieurs partis, organisations et personnalités différentes unies toutefois par un but, une organisation décentralisée, des méthodes de travail et d'intervention. Je connaissais Didouche Mourad qui était un ami d'enfance. Il était pour le déclenchement de la lutte armée sans plus attendre, il n'espérait plus rien des partis. Aucun argument ne le faisait reculer : je lui demandais : L'Emir Abdelkader, Mokrani, tous ceux qui se sont soulevés contre l'occupation sont des patriotes courageux, déterminés et pourtant ils ont été battus. Il répondait invariablement : Oui, ils ont été battus. Mais le temps des palabres est passé! Il faut se rappeler que le Mouvement national algérien des années 40 début des années 50 était battu : massacres du 8 Mai, échec de la lutte commencée par l'Organisation spéciale, arrestation de centaines des meilleurs combattants; mais sur le plan mondial, la naissance du camp socialiste, les victoires la Chine populaire, celle du Vietminh de Ho Chi Minh étaient des points d'appui subjectifs non négligeables. La vérité c'est que Didouche et ses compagnons ont rompu les amarres… Hommes courageux, patriotes profondément épris de liberté et de justice, ils se sont lancés dans la lutte en étant sûrs d'y laisser la vie. Devant les faits il n'y avait ni à critiquer ni à se démarquer. Le mot d'ordre était de les aider et de les protéger. C'est pourquoi des justifications de l'action du 1er Novembre ont vu le jour dans le monde et à travers la presse démocratique jusqu'à la dissolution du PCA et d'Alger républicain. J'ai moi-même tenu un meeting à El Harrach dans le sens d'une aide et d'une protection des militants nationalistes engagés.Arrêté, j'ai écopé de 4 mois de prison, que je n'ai pas fait.» Du 20 Août, il dira que Abane Ramdane en a conçu l'idée pour doter le FLN d'une organisation et d'un programme. Avec à la clé deux décisions stratégiques : la primauté du politique sur le militaire, et la mise sous l'égide du FLN d'organisations de masse des travailleurs, des commerçants, des étudiants et lycéens soit UGTA, UGCA, UGEMA. La charte de la Soummam est un progrès considérable par rapport à la Déclaration du 1er Novembre ; mais elle portait un germe, hélas! les tares du parti unique, dont celle de vouloir tout contrôler, tout diriger, tout initier —l'obligation pour les autres partis de s'autodissoudre, ce que fit l'UDMA Abane en sera d'ailleurs l'une des premières victimes de cet autoritarisme partisan. «Quant aux participants, ceux qui avaient droit à la parole au cours du Congrès de la Soummam, ils se comptaient sur les doigts des deux mains soit : Abane, Ouamrane, Krim, Ben Tobbal, Ben M'Hidi, Didouche Mourad et Ben Boulaid étaient déjà parmi les premiers martyrs de la Révolution.» Si l'on considère que l'Histoire comme l'a écrit Georges Duby est une sorte de mise en scène, en perspective de faits et d'événements passés, alors la préoccupation de Ahmed Akkache est comment sortir, aujourd'hui, l'Algérie de l'impasse ? Il s'alarme de la part des importations, des scandales des prix à la consommation, prévient que les coups de colère populaire se poursuivront tant que l'organisation de la société sera laissée à la nécessité de satisfaire les besoins élémentaires et au hasard des improvisations dictées par la conjoncture et l'imprévision. Il rappelle qu'en 1962, le peuple, c'était 8 millions et demi de citoyens «aujourd'hui, nous sommes 34 millions. Combien de ceux qui sont nés avant 1962 sont encore vivants ? Combien sont politisés ? Combien sont nourris de la sève du nationalisme populaire et de la confiance des masses ? Ces questions n'ont que des réponses sur le terrain, pas au niveau des appareils de l'Etat ni des superstructures : on voit des organisations naître, se positionner en se différenciant de ce qui est «officiel, reconnu par les appareils, ayant encore quelque influence pour acheter la paix sociale…» Mais l'Algérie a besoin d'un grand rassemblement démocratique orienté vers la mobilisation des forces vives de la Nation, surtout celles qui construisent, non celles qui consomment sans produire, qui s'engraissent sans aucun scrupule. Il y a surtout à élever le débat et y faire participer les partis et organisations, les personnalités, le peuple qui reprendraient en le modernisant l'engagement des martyrs, des patriotes sincères.