La pire crise économique dans une génération. C'est ainsi que classifie l'encyclopédie britannique en ligne la récession qui a frappé récemment le monde. Le ralentissement et le marasme économique qui a débuté aux Etats-Unis d'Amérique en 2007 a été d'une amplitude telle qu'elle a touché de nombreux pays ; c'est la grande récession. Selon les spécialistes de l'ordre; l'emprunt fiévreux et excessif est l'une des raisons principales de cette crise qui a mis beaucoup de pays (USA, Grèce, Espagne, Angleterre, Sud de l'Asie, Afrique du Sud…) sur une corde raide. Les signes de reprises moult fois annoncés se sont avérés jusque-là illusoires. Il est utile de noter que la cupidité démesurée que favorise le capitalisme financier en est le seul coupable de ce foutoir planétaire. Curieusement, mis à part quelques mouvements de résistances morcelés ici et là, cette crise n'a pas libéré les forces sociales et les mouvements d'opinions qui ont puissamment émergés et portés les deux dernières décennies les grands courants anti et alter mondialistes et de contestations sociales. Il est vrai que beaucoup de gouvernements seront sanctionnes par les urnes en temps opportuns. La démocratie c'est aussi cela. En effet, au moment où l'on s'attendait à des soulèvements dans les pays du nord, totalement intégrés au système économique mondial, c'est dans une toute autre sphère que, contre toute attente, des dissidences incroyables ont éclaté. Depuis la fin de l'année 2010, les pays de la rive sud de la méditerranée et du Golfe sont presque tous le théâtre de soulèvements populaires historiques quasi magiques. Depuis l'éclatement de la révolte du peuple tunisien qui a conduit à la chute sans gloire du tyran Ben Ali et de son régime qui l'a bâillonné et humilié pendant plus de 25 ans, d'autres révoltes ont éclaté dans un accord parfait et à l'unisson au Maroc, en Egypte, en Libye, en Syrie, au Yémen, à Oman, en Algérie…et le mécontentement gronde presque partout dans les pays du moyen orient. Il est très aisé de constater que partout dans ces pays se sont installés depuis des décennies des régimes policiers abjects, dignes héritiers des régimes coloniaux. Qu'ils soient autoritaires et corrompus souvent personnifiés en la personne du despote à la tête de chaque pays, entouré de sa caste familiale prédatrice à l'image de la Libye, de la Tunisie, de l'Egypte, du Yémen, Syrie; qu'ils soient des dictatures monarchiques du type médiévale complètement hors temps (Maroc ,Oman, Jordanie….) ou tout simplement un régime à façade démocratique (cas de l'Algérie), prête à être ravalée à chaque fois que ses intérêts le demandent, mais qui fondamentalement est du type maffieux. Dans ce système qui a privatisé l'Etat après avoir spolié les algériennes et les algériens de leur indépendance, les personnes et les partis en charge des institutions, ses relais dans les administrations et dans la société ainsi que son armada associative clientéliste et ses circuits médiatiques qui, moyennant rapine et dilapidation des richesses nationales, ne sont que des figurants d'un théâtre grandeur nature permanent dont le chef d'orchestre est l'armée, dévoyée par le haut commandement du DRS (le seul véritable parti au pouvoir finalement) et quelques généraux. Ce pouvoir de l'ombre est le seul et véritable détenteur de la décision politique, même si des cercles claniques se forment conjoncturellement et négocient leurs poids quand ils ne sont pas éjectés. Ce régime digne de la «cosa nostra» pour paraphraser Hocine Ait Ahmed, est passé maitre dans l'art de la diversion vis-à-vis de l'extérieur et des équilibres internes pour le maintien du système et de ses intérêts voraces. En plus du fond autoritaire et brutal que ces systèmes de gouvernement honnis ont en commun, il y a lieu aussi de constater que l'absence de politiques économiques sérieuse a crée des inégalités criardes plongeant la majorité des populations de ces pays, comme c'est le cas du notre, dans d'inhumaines conditions au moment où des fortunes mal acquises narguent les armées de chômeurs, de travailleurs et employés aux salaires de misère tous secteurs confondus pendant que des matelas de réserves importantes sont mal utilisés ou simplement juste utilisés quand il s'agit d'encourager la prébende(nous avons tous vu les grands ratages dans la réalisation des grands travaux routiers, du métro, des affaires du port ou de sonatrach qui commence juste à évaluer combien il est dure d'être compétitif et concurrencer les grandes firmes pétrolières internationales avec une gestion comme celle inspirée par l'ancien ministre du secteur…) La crise économique mondiale dans ce sens n'a pas d'incidences directes dans l'éclatement des dissidences dans ces pays à économies de bazar qui évoluent à la limite de l'autarcie. Ces révoltes contrairement à ce que prétendent les défenseurs zélés de ces régimes exécrables ne sont ni fomentés par les puissances occidentales ni par la chaine de télévision El jazzera ni non plus par wikileaks. Ce sont d'authentiques dissidences citoyennes qui en appelleront d'autres cycliquement malgré toutes les répressions. Elles ne peuvent être non plus réduites comme essayent honteusement les propagandistes du système de nous faire croire, dans le cas de l'Algérie, uniquement à des considérations sociales qui par ailleurs sont intimement liées au mode de gouvernement et d'organisation de l'état. En fait même si ces dernières sont déterminantes, la matrice est dans le système politique qui lui-même détermines l'état social, économique et culturel du pays. Les dénis de démocratie et de liberté dans ces pays, l'absence de la participation pleine et entière des populations dans la gestion de leurs affaires en tant que source réelle de légitimité d'accès, de maintien et d'alternance à tout pouvoir. Le caractère quasi colonial de ces régimes, leur autoritarisme, les répressions multiples qu'ils exercent sur leurs sociétés, l'absence d'équité et de justice, les brimades des droits humains et la misère sociale sont à l'origine de ces révoltes. Ces régimes, ayant tourné le dos à la mer qui engloutit des milliers de leurs citoyens fuyant l'humiliation, n'ont pas vu venir ces tsunamis humains exigeant de vrais changements vers la démocratie et la souveraineté populaire. La crise économique mondiale n'est pas dans ce sens l'élément déclencheur de ces dissidences Il est par contre manifeste que les puissances étrangères en proie réelle à la crise, pour des raisons évidentes, allaient pousser pour élargir le champ de l'ordre économique mondial ayant en perspective plus d'ouverture dans ce vaste et nouveau marché potentiel et la sécurité de leurs intérêts. Elles soutiennent les contestations de façon indirecte, par des pressions diplomatiques ou directes comme c'est le cas de la Libye en intervenant militairement prenant clairement le parti des insurgés -qui les ont souvent appelées pour parer aux inclinaisons génocidaires de ces fous tyrans qu'ils contestent- et lâchant ces régimes qui ont atteint leur limites selon leur nouveau point de vue. Vu de ce prisme, ces puissances dominantes agissant au nom de la communauté internationale sont dans leur rôle. Tout comme la France a soutenu dans le temps la révolution américaine contre l'empire anglais pour ses intérêts stratégiques ou comme plus tard cette même Amérique, pour ses propres besoins, a soutenu la révolution algérienne en prenant position en faveur de la décolonisation contre cette même France. D'autres exemples sont légion. Il est par contre incontestable que ce soutient met en avant des valeurs démocratiques (respect des droits humains, liberté…) qui ont fait leur puissance. Les tyrans eux même ne peuvent nier ce fait. Au lieu de crier à l'intervention étrangère n'est-il pas plutôt efficient d'engager des ruptures radicales d'avec ces systèmes pourris en organisant pacifiquement des transitions véritables à la démocratie? Le meilleur remède pour la libération d'alternatives politiques et sociales à même de mobiliser les énergies saines et les populations pour la formation de gouvernements réellement représentatifs et capable de mener ces pays sur les voies réelles du développement et défendre les intérêts nationaux sans complexe tout en œuvrant à la consécration de la démocratie fondée sur la souveraineté populaire comme principe non négociable. Depuis l'admirable dissidence tunisienne, des régimes qui ont longtemps asservi et humilié leurs peuples sont tombés comme des châteaux de cartes. Qu'on le veuille ou non les cauchemars du système Ben Ali ou encore celui de Moubarak ne se reproduiront plus en Tunisie et en Egypte. La révolution démocratique y est en cours et son succès, malgré quelques embuches, est juste une question de temps. D'autres tyrans par leur entêtements à garder leur système et s'accrocher au pouvoir sont prêt à mettre leurs pays à feu et à sang comme c'est le cas au Yémen, en Syrie ou en Libye ou le chemin de fuite de la caste des Kadhafi est jalonné de cadavres de Libyens qui n'ont eu de tort que se battre pour leur liberté, ouvrant la voie à de nouveaux périls que seul la grande vigilance des forces du changement peut éviter. D'autres régimes tout autant désuets que vomis louvoient et essayent de gagner du temps en faisant dans la diversion des faux changements, fausses réformes et des fausses solutions pour juguler le mécontentement qui gronde et rapiécer les fissures internes. Cinquante ans presque jour pour jour après le recouvrement de l'indépendance du pays, grâce aux sacrifices immenses de tout le peuple algérien qui a bravé le système colonial barbare français dans une guerre atroce et sans Pitié, les Algériens et Algériennes n'ont pas encore leur droit à l'autodétermination et restent privés de leurs aspirations à l'émancipation par leur libre choix d'élire démocratiquement leurs dirigeants et vivre dignement dans leur pays enfin libéré. Cinquante ans presque jours par jours après l'indépendance, le pouvoir qui a confisqué aux algériens leur liberté est là encore animé uniquement de la volonté de maintenir le système. Les réformes récemment promises tambours battant se précisent et apparaissent clairement comme un énième leurre. L'absence de volonté politique est si manifeste et les soi-disant consultations organisées sont un rituel dont eux seuls possèdent le secret à chaque fois que se font grandes les contradictions internes au système qui a atteint ses limites ou que le vent de la contestation est dans l'air menaçant ses intérêts. Le principe reste le même. Essayer de mouiller les forces vives du changement dans des simulacres de dialogues circonscrits à des commissions auxquelles nul ne croit, même les défenseurs les plus zélés du système. Puis, viennent les ‘reformes' qui se préparent ailleurs, pour atterrir sur le bureau de l'exécutif qui à son tour fait semblant de les élaborer et en débattre avant de les passer en session d'un parlement croupion. Ce dernier, à son tour aussi fera semblant de les amender et les enrichir avant de les voter à une majorité écrasante. Le système qui est arrivé à son cycle final prolonge ainsi son hégémonie sur la scène politique qu'il a presque entièrement désertifiée, en changeant dans la continuité. Les avant projets de loi portants réformes institutionnelles, paraissent ainsi dérisoires devant le nécessaire changement radical du système et l'ouverture d'un processus véritable de transition vers la démocratie. Ce qui ne peut être garanti sans le retour des libertés, de toutes les libertés. La libération de la parole, l'ouverture des médias et la levée de la chape de plomb sur les manifestations pacifiques de toute nature libèrera un immense potentiel de mobilisation. Le dialogue ainsi facilité s'installera au sein de la société et les liens reprendraient. Des concessions et des remises en causes sûrement seront faites. Ainsi s'ouvrira un débat national et les forces vives marginalisées par la fermeture du champ politique émergeront avec des propositions sur les voie et moyens à mettre en œuvre pour aller vers la rupture radical d'avec le système. Les forces vives acquises au changement démocratique sauront se regrouper autour des partis et personnalités qui ont fait de la construction pacifique de l'alternative sociale et politique au système une plaidoirie permanente. Le rapport de force ne leur sera que favorable. A moins de laisser pourrir encore la situation, en continuant d'encourager le désordre et la diversion criminelle partout jusqu'au jour où toutes ces contestations sectorielles, éparses, trouveront leur jonction avec l'exacerbation du mécontentement. Ce qui emportera le système mais peut plonger le pays dans le chaos. Une éventualité pour laquelle les forces de l'opposition radicale doivent se préparer en encourageant le débat en leur sein et en encadrant et accompagnant la société dans ses mutations. Dans les deux cas de figure le vrai changement ne passera qu'à travers : - La sécurisation immédiate des régions et des citoyens par l'arrêt des cycles de violence liés aux provocations. -la libération des champs politiques et médiatique par le retour des libertés. -la dénonciation et le démantèlement de toute présence du DRS dans les espaces de la vie civile (partis, institutions étatiques civiles, médias, entreprises…) et l'interdiction à l'armée de toute implication dans les jeux politiques. -La reconnaissance claire et sincère de la diversité culturelle par la règlement des problèmes d'identités (reconnaissance officielle de la culture et de la langue amazigh à côté de l'arabe algérien). -la préparation par un gouvernement de sages de l'élection d'une assemblée constituante. Où le choix de la démocratie et des principes cités plus haut, ainsi que l'interdiction de toute instrumentalisation de la religion et des valeurs culturelles du peuple algérien dans la compétition politique seront des balises inviolables. Le 26 Septembre 2011 Lectures: 23