A la suite de plaintes pour tortures subies en Algérie, déposées par des citoyens algériens auprès de la justice fédérale suisse, et en exécution d'un mandat d'amener délivré par les autorités habilitées, la police suisse a procédé le 20 Octobre 2011, à l'arrestation du général à la retraite Khaled Nezzar qui a été auditionné puis présenté au parquet, pour « suspicion de crimes de guerre », selon les termes-mêmes du procès-verbal de présentation du prévenu. Le général Khaled Nezzar, a en effet occupé les fonctions déterminantes de ministre de la Défense entre 1990 et 1993, c'est-à-dire à un moment crucial de l'histoire de notre pays qui a basculé – à la suite du putsch du 11 Janvier 1992 – dans le terrible chaos de la « décennie noire » ; celle de l'Etat d'Urgence, de la répression, des déportations, des disparitions forcées, des massacres de masse, mais aussi du terrorisme. Un terrorisme réel certes, mais qui a aussi été le fait d'infiltrations et de manipulations de groupes armés islamistes comme le GIA dont certaines factions étaient créées de toutes pièces par les généraux putschistes et leurs « Services sécuritaires », c'est-à-dire par la police politique où les nombreuses unités dites « spéciales » s'apparentant le plus souvent à de véritables commandos de la mort spécialisés dans les enlèvements, la torture, les exécutions extrajudiciaires, voire dans les massacres de masse, comme le monde entier en a eu la révélation avec les terribles massacres de Bentalha, de Raïs, de Béni Messous ou de Relizane, le crime contre les moines de Tibhirine, pour ne parler que de ceux-là. Sans oublier leur crime « inaugural » en quelque sorte, avec l'assassinat en direct à la télévision, du défunt président Mohamed Boudiaf (29 Juin 1992). C'est pourquoi, nous espérons que les autorités judiciaires de la Confédération helvétique, en plus d'instruire les plaintes qui sont ou qui seront déposées contre ces criminels de guerre contre l'humanité, sauront lancer les procédures ad-hoc, afin de faire procéder au gel de tous les biens – comptes en banque, or, fonds en numéraires et autres valeurs déposées dans des coffres, titres et portefeuilles fiduciaires ou boursiers, biens meubles et immeubles et toutes autres valeurs – se trouvant en suisse, sous le nom des barons du régime algérien ou de leurs prête-noms. Cet argent, ces valeurs et ces biens sont en effet la propriété légitime du peuple algérien. Nous sommes confiants dans l'indépendance et la probité de la Justice Suisse, et nous sommes certains qu'elle ne se laissera pas impressionner par cet indécent déploiement de gesticulations pathétiques, qui révèlent au grand jour, la peur panique qu'éprouvent aujourd'hui les barons – civils et militaires – d'un régime aux abois, totalement déstabilisé à l'idée qu'une vraie Justice, authentique, indépendante et intègre est désormais à leurs trousses pour faits de crimes imprescriptibles. Des crimes qui ont été largement documentés et publiés en Algérie et ailleurs dans le monde. De nombreux témoignages existent, des enquêtes ont été réalisées, des plaintes ont été déposées auprès du Ministère algérien de la Justice et des dossiers ont été remis à différentes ONG dans le monde et au siège de l'ONU. Un travail d'investigation est donc possible et il doit se faire dans un esprit de recherche de la vérité, sans haine ni vengeance. Il n'est donc pas question, ni de s'acharner ni de calomnier, ni de justifier, ni d'exonérer qui que ce soit, quel qu'en soient le rang ou la position, et quel que soit le camp auquel il appartient, parmi les protagonistes du drame national des années 90. Il s'agit de réclamer justice pour tous, et sans distinction, pour des milliers de victimes à qui la « justice » algérienne INTERDIT même le droit de déposer plainte, sous peine d'emprisonnement, y compris lorsque des bourreaux sont identifiés par la population qui doit en plus d'une perte cruelle, subir l'affront et l'horreur de côtoyer les kidnappeurs de minuit, les égorgeurs et les tortionnaires. En commençant par laisser à cette justice – la justice fédérale suisse, agissant en quelque sorte « par défaut', en lieu et place d'une justice algérienne défaillante et soumise au pouvoir – le soin de déterminer sereinement, les responsabilités liées aux plaintes des citoyens algériens dont elle a été saisie. C'est en effet la compréhension de ce qui s'est réellement passé, des enchaînements et des enjeux, qui mettra en évidence les responsabilités de chacun dans ce drame national. Or, la « Pétition en faveur du général Khaled Nezzar » suscitée par les officines du pouvoir algérien semble totalement à contre-courant d'un tel état d'esprit d'objectivité, de responsabilité et de sérénité. Jugeons-en : - de par la légèreté et l'indécence de ses « considérants » qui prétendent inverser les rôles entre victimes et coupables ; - de par sa prétention – comme par une sorte de réflexe irrépressible – à exercer une pression sur la justice d'un Etat étranger souverain, une justice unanimement réputée pour son indépendance; - de par l'imposture au faux patriotisme quand les pétitionnaires prétendent se sentir « »atteints dans leur dignité de citoyens algériens par l'intervention d'un Etat étranger dans les affaires intérieures de leur pays »"(sic) alors qu'ils n'ont pas soufflé mot, lorsque le ministre des affaires étrangères du régime – M. Medelci – convoqué tel un mauvais élève en sursis, s'en est allé il y a quelques jours à Paris, pour se prêter lui, à une séance de « comparution-audition » irréelle, devant une Commission parlementaire française, pour un quasi compte-rendu sur des sujets de politique nationale strictement internes…; - de par une tentative caractérisée de faire obstruction à la justice. Ce qui constitue en soi, un délit, prévu et puni par la loi et opposable à tous les signataires de cette pétition indécente dont certains n'ont même pas eu la pudeur de masquer leur qualité de juristes…. - de par sa composante humaine enfin, car il s'agit en l'occurrence de la pire brochette d'éradicateurs que l'on puisse constituer avec les figures de proue de la criminelle politique d'éradication à laquelle il ne manque que les tortionnaires de base, dont beaucoup d'ailleurs ont été promus depuis. En tant que citoyens libres – loin de tout esprit revanchard et sans haine ni vengeance – nous ne cesserons de réclamer, haut et fort, Vérité et Justice sur ce qu'a vécu notre peuple comme horreurs et crimes contre l'Humanité durant plus d'une décennie, pour que toutes les responsabilités, des uns et des autres, soient établies et pour qu'enfin cette page sombre de notre histoire puisse être tournée sans être effacée. Car nous sommes profondément convaincus que la légitime revendication de la Vérité et de la Justice est intimement liée à celle de l'édification d'un Etat de droit. Et ce n'est qu'à ce prix et seulement à ce prix que de telles tragédies ne pourront plus se reproduire. Alger le 31 décembre 2011 Front du Changement National Pour la permanence politique :