Rarement décision d'un parti politique n'aura eu un tel impact sur la scène algérienne (pouvoir et société) que celle du FFS, à propos de sa participation ou non, aux élections organisées par le régime. Pendant tout le temps qu'a duré le suspense de la prise de cette décision, la rumeur faisant état de la participation, bien que récurrente, se heurtait frontalement aux partisans du boycott, gonflés à bloc par l'auréole de résistance, d'intégrité et de patriotisme qui entourent les 3 lettres (FFS) symbole du parti, devenu la référence des vrais démocrates. Amis du parti, sympathisants, ou simples citoyens rêvant de la fin du régime de la « hogra » pour l'avènement de la démocratie en Algérie, se sont mis à construire autour de l'option du boycott du parti, persuadés que c'est la façon idoine de rassembler suffisamment d'Algériens pour un véritable rapport de forces, capable d'acculer le régime et imposer un changement politique pacifique. Il faut dire qu'en termes d'arguments qui plaident en faveur de cette position, il n'y a que l'embarras du choix. Outre les bouleversements dans les pays voisins, il n'y a qu'à penser aux contextes, national (en contestation permanente) et international, qui offrent l'opportunité historique de faire pression sur le pouvoir, et l'obliger à satisfaire les revendications démocratiques du peuple. Pour beaucoup d'entre nous, il semble impensable de ne pas en profiter pour reconquérir les droits confisqués du peuple, alors que les circonstances n'ont jamais été aussi favorables. Finalement, la décision de la participation, tant redoutée par les partisans du boycott tombe comme un couperet, ce vendredi, semant la déception et la tristesse dans leurs esprits, tant ils sont convaincus, que ces élections n'ont pour finalité, que l'intérêt et la pérennité du pouvoir. Difficile de croire qu'un régime qui refuse obstinément de se remettre en cause et qui exclut toute idée de changement démocratique, dont il n'est pas le maître absolu, puisse se soumettre soudain à une authentique épreuve des urnes. Nombreux sont les Algériens qui ne croient pas que ces élections soient la solution appropriée à leurs problèmes, mais plutôt à ceux du régime dont l'avenir est sérieusement menacé. Aussi, ils n'arrivent pas à se faire à l'idée que le FFS qui pourrait être un des grands gagnants de l'alternance démocratique, puisse donner la moindre chance de survie au régime aux abois, notamment en participant à son énième jeu électoral, au même titre que tous ces partis qui ont conduit le pays à l'impasse et contribué à la souffrance du peuple. Que cette participation soit « tactique » comme le souligne le président du FFS, son annonce a causé un sentiment de consternation chez beaucoup de militants du changement démocratique, puisqu'elle est perçue comme la caution dont avait besoin le régime pour s'en sortir… sans véritables concessions en faveur du peuple, mais en satisfaisant ses « alliés » occidentaux. Hélas. Pour sa part le parti FFS rejette les critiques et met en avant la souveraineté de sa décision « La participation du FFS n'est ni une reddition ni un reniement ni une capitulation ». Et nul ne peut lui dénier ce droit à la décision souveraine. Cependant, pour ceux qui comptaient sur le boycott pour faire fléchir le pouvoir, il va sans dire que le coup est rude et plus encore le défi de la situation. On est même porté à penser que sur le plan politique, les jeux sont vraisemblablement faits. Ne reste désormais que l'inconnue de la participation populaire à ces élections. Peut-être que la détresse du peuple se substituerait à l'action des politiques en exprimant une sanction exemplaire contre les urnes, puisque de toutes façons, non seulement, celles-ci n'ont jamais répondu aux aspirations du peuple, mais également, elles ont invariablement conforté les responsables de ses souffrances. La présence du FFS y changera-t-elle quelque chose comme on le dit? Même si on veut y croire, la simple lecture de la lettre de son président et la longue liste de forfaitures dont il accuse le pouvoir, rend difficile, même le bénéfice du doute. Ce sont autant de raisons qui commandent la méfiance des gens, et leur refus d'être une bouée de sauvetage pour un régime qui les a toujours méprisés en leur refusant le droit à la dignité et à la justice.