Et maintenant que le résultat du scrutin du 17 avril est officiellement proclamé, quelle lecture feront les uns et les autres? N'est-il pas temps de regarder les choses en face, de se rendre à l'évidence? Quelles sont les leçons de ce scrutin? D'abord, Ali Benflis n'est pas l'homme providentiel qu'attend le peuple, l'homme qui peut faire trembler un régime sans scrupules ou les requins se protègent entre eux. Le scrutin du 17 avril qui a consacré, comme attendu, la victoire d'un homme cliniquement mort depuis des mois, n'a pas seulement dévoilé au grand jour les complicités, les liens si forts qu'entretiennent entre eux les différents clans du régime, pour ne pas perdre le pouvoir qu'ils détiennent depuis plus de soixante ans. Il aura surtout montré la faillite et les limites politiques de l'opposition qui, tel un enfant imbécile, a cru naïvement aux jeux d'illusions orchestrés la veille par l'armée, pour faire croire à des dissidences au sein du régime. Les généraux, malgré leurs insuffisances intellectuelles et politiques, ont su sur quel terrain et à quel moment mener la bataille pour assurer la survie du régime, pour plusieurs décennies encore. Ils ont su quelle stratégie adoptée face à une societé tétanisée par la peur des violences et si faible devant les friandises du gain facile et de la corruption. Comment donc un pays qui compte plus de 80% de jeunes de moins de trente ans peut-il se reconnaitre, s'identifier dans un régime usé par le temps et disqualifier par l'histoire et tourner le dos à l'opposition, aux partisans du changement? Parce que le scrutin du 17 avril a également montré l'incapacité de l'opposition a mobiliser un pays généralement hostile au régime militaro- rentier. Après plus d'un demi siècle d'indépendance, l'opposition peine encore a se trouver un discours capable de mobiliser et de rassembler, face à l'un des régimes les honnis de notre époque. Que donc l'opposition cherche d'abord a changer les éléments qui la bloquent et la paralysent devant le régime, avant de songer, comme Don Quichotte, à s'engager dans des terrains inconnus, pour changer l'ordre des choses, c'est à dire la dictature des caporaux!