L'écrivain marocain Tahar Benjelloun a appelé à l'ouverture des frontières maghrébines en vue de permettre aux jeunes des cinq pays de la région de « créer un seul et grand Maghreb, uni, démocrate et moderne ». « Si on songe à un Maghreb uni, doté de richesses exceptionnelles, telles que le gaz naturel, le pétrole, les phosphates et le patrimoine humain, on songe à un Maghreb soudé, en mesure de relever les défis de plus en plus complexes de la planète », a indiqué M. Benjelloun dans un entretien publié jeudi par l'hebdomadaire italien ‘l'espresso', relevant que « le mot d'ordre est donc simple : A bas les frontières, laissez les jeunes des cinq pays de la région créer un seul et grand Maghreb, uni démocrate et moderne ». Déplorant la fermeture des frontières de certains pays, l'auteur marocain a estimé qu'à « l'ère de la révolution des moyens de communication, quand aucune information ne peut être totalement bloquée et qu'elle apparaît sur les écrans de tous les ordinateurs de la planète, fermer une frontière relève de l'absurde ». Pour l'auteur, le « côté absurde de cette situation est que l'Algérie et le Maroc se considèrent comme des ‘pays frères', ils partagent une histoire dont les destins se sont croisés à plusieurs reprises, notamment durant la guerre d'indépendance algérienne, lorsque le Maroc servait de deuxième ligne pour les combattants du Font de libération nationale », ajoutant que « peu à peu, cette fraternité s'est transformée en inimitié, non déclarée, en raison de la délicate question du Sahara ». Il a rappelé que le 30 juillet dernier, S.M. le Roi Mohammed VI « a demandé une nouvelle fois à l'Algérie d'ouvrir ses frontières déclarant injustifiée ‘la décision de prolonger leur fermeture, en raison des divergences de points de vues sur ce conflit' », ajoutant que le Souverain a insisté que « cette mesure unilatérale est vécue par les deux peuples comme une sanction collective, incompatible avec les liens de fraternité historique, avec les exigences d'un avenir commun et les impératifs de l'intégration maghrébine ». « Face à l'Union européenne, il est dans l'intérêt des Etats maghrébins de s'unir, du moins aux plans économique et culturel, afin de créer une entité pouvant se comporter de façon efficace par rapport aux européens pour le bien-être des peuples », a souligné Tahar Benjelloun, relevant que l'ouverture des frontières « ne signifie pas baisser la garde sur le volet du terrorisme, des trafiquants et des pirates : la police, les forces de l'ordre et les douaniers, seront toujours présents pour filtrer et contrôler les passagers ». Il a aussi indiqué que le fait d' »empêcher à un touriste d'aller passer ses vacances de l'autre côté de la frontière, interdire la circulation des produits culturels, ressemble fort à une sanction : les Algériens et les Algériennes sont punis par un gouvernement qui exclut toute possibilité d'aller en vacances dans le pays voisin, un pays qu'ils aiment, mais que leur Etat dépeint comme un ennemi ». « Cette situation, conclut l'auteur, dure depuis trop longtemps et il suffirait d'un petit effort d'imagination pour se rendre compte de l'absurdité de cette entrave à la liberté de déplacement imposée par l'Algérie ».