L'Algérie est passée en un peu plus de deux décennies d'un intellectuel exclu à un intellectuel d'appareil fortement rétribué. Dans un contexte ou se développe une précarisation générale des conditions de travail et de vie , se produit une coupure coupable du role que devrait tenir l'intellectuel Algérien envers sa communauté . Ouvriers du systéme , comment en effet peuvent ils concilier un appel a l'unité et au changement et la sécurité qu'ils ont obtenue au plan de leur propre vie? Comment peuvent ils etre porteurs d'une volonté de changement alors qu'ils sont douillettement engoncés dans un confort étranger a la majorité de leurs concitoyens ? Une telle situation qui en fait des privilégiés , aux yeux de la société comme a leurs propres yeux d'ailleurs, les rend d'une certaine maniére coupables sinon silencieux . Tout discours qu'ils pourraient tenir se révélerait immanquablement inopérant et sans impact sur la société dans un tel contexte . Leur propre position est un obstacle à l'exercice de leur fonction de parole . La disjonction réside dans le fait que l'intellectuel , non seulement s'est coupé d'une réalité , mais surtout qu'il s'inscrit inéluctablement dans le problème posé . Aux yeux de la société , comme aux siens propres , il est le problème .Pour le moins , il en est la manifestation. Il n'est plus le guide. Au nom de quoi peut il en conséquence influencer la société sur la voie du changement ? Au nom de quoi peut il la sortir de sa léthargie quand lui mémé n'aspire qu'au repos et a la quiétude d'une situation de sécurité . Comblé par la position qu'il occupe il n'est plus intéressé qu'au statu quo . Il ne cherche plus qu'a rester la ou il est , a éviter toute remise en cause , bien accroché qu'il est a sa situation . Indifférent au cours des choses et des conditions de la société autour de lui et confortablement assis dans et autour du système , il a abandonné toute toute prétention a dire son pays . Il a relégué ses responsabilités d'intellectuel pour n'en conserver que le titre . Je termine par cet « autre » (ami mais néanmoins esclave du régime qui l'emploie) qui a la fin du diner , après lui avoir demandé qu'il avait beaucoup changé me répondit sèchement :quand on m'a appelé a ce poste , je l'ai accepté avec l'idée qu'il y avait quelque chose a faire , que j'avais un rôle a jouer . Maintenant je m'aperçois que le seul que l'on joue , c'est le maintien du statu quo et surtout ne pas questionner … Mais , vois tu , aujourd'hui a quel autre endroit pourrais -je travailler et faire vivre ma famille ?!!!! * facebook * twitter * google+