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Les supercheries boulitiques ne sont pas des solutions à la crise politique de légitimité du pouvoir qui perdure depuis 62.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 07 - 01 - 2016

En l'absence du premier concerné qu'est le Peuple, et après cinq années de gestation dans les bas-fonds de ses officines de «constitutionnalistes » supposés ou autoproclamés, le pouvoir apparent vient d'octroyer à ceux qu'il considère comme des « sujets » une énième « Constitution » après celles de 63, 76, 89 et 96. Car, bien que minée par ses contradictions internes et en proie à de féroces règlements de comptes entre ses gangs, l'oligarchie militaro-financière, semble avoir été acculée à « réactiver » cette espèce de schmilblick, censé donner une image « démocratique » du pays. Et probablement juste vis-à-vis de l'étranger....
Une montagne qui accouche d'une souris. Rien d'étonnant pour les connaisseurs des arcanes du système. Un os qu'on jette au «ghachi» que nous sommes à leurs yeux, pour nous occuper un certain temps, le temps de préparer la succession, c'est-à-dire mettre en place une nouvelle vitrine politique.
Encore une fois, le pouvoir va mobiliser sa clientèle rentière de larbins et autres laudateurs attitrés du Système ; cette clientèle que j'appellerais « أهل الولاء والانبطاح »- ou famille de l'allégeance et de l'aplat-ventrisme – constituée de plumitifs, d'intellectuels organiques, de « juristes » de service et de troubadours boulitiques, pour engager un faux débat et organiser ce que le peuple appelle le « carnaval fi dechra » avant d'avaliser pour la forme cette « loi fondamentale » par les fonctionnaires des deux chambres d'enregistrement. Et c'est ainsi qu'est entretenue cette vie boulitique factice et que se poursuit cette fuite en avant suicidaire, menant droit à un tsunami populaire qui risque de plonger le pays, à Dieu ne Plaise, dans les abysses d'une nouvelle tragédie.
Peut-on parler de vie politique quand nous savons que l'écrasante majorité des pseudos « élus » est désignée en réalité par les officines et selon des quotas bien définis dans le cadre d'une fausse carte politique adaptée à la conjoncture du moment et des « équilibres internes » ? Peut-on parler de vie politique avec un multipartisme de façade, fait de bric-et-de-broc avec des partis préfabriqués servant de faire-valoir, un syndicalisme de service et des élections truquées, dont même les chiffres et les pourcentages sont préétablis ?
Il est plus que certain qu'il n'y a plus rien à attendre de ce régime, atteint d'une malformation politique congénitale incurable et qui, malgré son état de déliquescence avancé et la faillite sanglante qu'il a provoquée, refuse obstinément de partir. La situation peu reluisante du pays – qui n'a rien à voir avec la vitrine présentée par le régime – doit susciter en nous un véritable examen de conscience. Devons-nous rester impassibles devant la dramatique dégradation de la situation politique, économique et sociale et la pérennisation de la violence ? Devons-nous continuer à nous inscrire dans la stratégie du système ?
Il est impératif de mettre un terme à cette logique d'autodestruction dans laquelle le régime a enfermé la société toute entière. Tout comme il est impératif de sortir du champ politique artificiel, fécondé in vitro, pour entrer dans le champ politique authentique, qui reflète les réalités nationales et qui tienne compte des forces politiques véritables ancrées dans la société et imprégnées de ses valeurs culturelles.
Il nous faudrait avoir le courage de briser la stratégie du pouvoir qui consiste à imposer les termes et les limites du débat et nous projeter vers un changement radical et pacifique de système. S'inscrire dans sa stratégie, c'est se faire complice de cette faillite sanglante.
Il est, enfin, plus que nécessaire de briser le cercle vicieux dans lequel est enfermée l'Algérie depuis 1962, à savoir celui d'un peuple sans souveraineté et d'un pouvoir sans légitimité. Il est de notre devoir de mettre un terme à l'ère des tuteurs en col blanc et en képi. Il est temps de mettre fin à l'usurpation du pouvoir qui dure maintenant depuis plus d'un demi-siècle et de rendre la parole aux citoyennes et citoyens pour qu'ils puissent choisir souverainement et librement les institutions qui reflètent leurs aspirations quotidiennes et leurs réalités socioculturelles.
C'est à ces conditions fondamentales et seulement à ces conditions, que l'on pourra espérer un véritable changement. Pour cela, il faudra œuvrer pour que les volontés intellectuelles et politiques sincères, sans exclusion ni exclusive, se rassemblent et s'organisent dans un cadre autonome, au sein d'un véritable front, d'une réelle opposition, en vue d'une construction démocratique réelle.
Nous devons prendre l'initiative de réunir autour d'une table, dans le cadre de cette moussaraha [dialogue franc], toutes ces volontés sans exclusion aucune, pour mettre à plat sans complaisance et dans un climat empreint de paix et de sérénité, tous les problèmes qui nous ont divisé, le plus souvent artificiellement pour ouvrir la voie à la construction d'un Etat de droit. Nous devons cesser de subir dans notre propre pays pour devenir les acteurs de notre propre histoire et les maîtres de notre destin. Cela demandera le temps qu'il faudra, mais il est impératif de réhabiliter la pratique politique et d'aboutir à un compromis politique historique et à une alternative politique crédible à présenter à notre peuple en vue de ce changement radical et pacifique de régime.
Nous avons une immense responsabilité historique dans cette phase cruciale de fin de règne que traverse notre patrie meurtrie et que risquent d'embraser les aventuriers et autres imposteurs, pour sauver leurs privilèges aux dépends de notre Algérie. Nous avons tous et toutes, le devoir sacré d'empêcher la reconduction du Système moribond.
Salah-Eddine SIDHOUM
Membre fondateur du CCD


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