Le Peuple Algérien va célébrer le 64e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954, qui aura été, à l'échelle de l'Histoire de l'Humanité, l'une des guerres de libération populaires les plus retentissantes. Elle allait arracher l'indépendance de notre pays en mettant fin à une longue nuit coloniale qui aura duré 132 ans. Si le peuple Algérien a adhéré et fait sienne cette guerre de libération qu'il a menée et vécue sur son territoire avec toutes les exactions que cela a entraîné pour lui, dans sa chair, sa liberté et ses biens, c'était pour mettre fin à l'injustice qu'il subissait d'une administration coloniale qui faisait des Algériens des infra-humains, n'ayant droit ni à la parole, ni à la dignité ni à plus forte raison à participer à la gestion de leurs ressources naturelles et de leur propre pays. Ce fut une guerre sans merci qui aboutit à consacrer la volonté de ce peuple patient, mais farouche et opiniâtre, face à l'une des plus grandes puissances coloniales de l'époque. Mais la dignité et la liberté recouvrées, au sacrifice de pertes humaines immenses, ont malheureusement été confisquées sitôt l'indépendance conquise. Aujourd'hui, 64 ans après le déclenchement de cette guerre et 56 ans depuis la libération, l'injustice, l'oppression, la manipulation de la violence et le pillage des ressources nationales sont devenus le lot des Algériens, allant en s'aggravant, faisant des Algériens un peuple en détresse, une société en perdition, une nation en péril. Cette injustice a souvent provoqué, dans diverses régions du pays et à diverses époques, des révoltes qui ont été noyées dans le sang des innocents et réprimées dans une violence qui usait des mêmes méthodes et de la même brutalité que celles de l'occupant colonialiste. Le pouvoir illégitime en place a toujours usé des moyens de manipulation des masses et de contrôle des populations, qui sont à sa dévotion, pour donner des causes profondes de la contestation, des lectures tronquées et mensongères, pour tromper l'opinion, justifier la répression et éviter une généralisation de la contestation à l'échelle nationale qui aboutirait à son départ. Ce régime, plutôt que construire l'Etat sur la base de l'unité des droits et obligations des citoyens, a préféré hériter des méthodes de l'Etat colonial et poursuivre son administration de la société sur la base de l'exclusion et de la division. Il n'hésita pas en 1992 à violer la volonté populaire en rejetant les résultats d'un scrutin qu'il avait lui-même organisé et dans le cadre d'une ouverture « démocratique » qu'il avait lui-même octroyée, privant les trois fronts vainqueurs des élections d'ouvrir une période nouvelle : celle de l'alternance au pouvoir et de l'auto-construction sociale. Près de trente ans après l'indépendance, le pouvoir aura organisé une mascarade électorale pour débusquer et déraciner les germes d'une entente nationale au moment où la société était prête à s'engager dans une de ses nouvelles mutations. Il était prévisible que cette politique d'éradication et que ce viol de la volonté populaire, allaient déboucher sur une ère d'instabilité, provoquer un conflit fratricide, véritable guerre cachée qui dura plus d'une décennie et qui a permis d'accentuer les injustices et de creuser un peu plus le fossé entre ce régime sans légitimité et ce peuple sans souveraineté. Le régime se lança dans une aventure mortifère et plongea le pays dans une horreur indicible, qui se soldera par des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers d'orphelins, de veuves, de handicapés à vie, des milliers de disparus, des millions de déplacés et des milliards de dollars de préjudices matériels. Ne reculant devant aucune extrémité, le régime réussit, sous le prétexte de noyauter et d'infiltrer les islamistes armés, à récupérer la violence politique et à l'instrumenter contre les populations civiles. Il a généré un climat de terreur dont il se servira pour faire main basse sur les richesses du pays, en créant des milliers de nouveaux milliardaires au sein de ses clientèles et de ses parentèles. Ouvertement et sans même s'en cacher. La lassitude de tout un peuple, qui n'avait pas appréhendé, et encore moins compris, que des aventuriers avaient pris son destin en otage, la compromission honteuse d'une partie des élites mais aussi la persécution, l'assignation à résidence, l'emprisonnement et même l'assassinat de ceux qui s'étaient dressés contre le détournement au profit de ces aventuriers de la victoire du peuple algérien, ont grandement facilité la tâche aux usurpateurs qui ont pu ainsi asseoir à loisir, leur mainmise sur le pays en faisant occuper massivement par leurs hommes, leurs affidés et autres opportunistes adventices, les organes et les rouages constitutifs de la réalité du pouvoir. L'autorité de ce régime dans ces conditions ne peut que péricliter, car l'un de ses éléments est vicié et cela conduira immanquablement à la rupture à terme. Un peuple ne peut rester indéfiniment soumis devant tant d'injustices commises en son nom. Et un pouvoir s'appuyant sur la violence et non sur la souveraineté populaire, ne peut conduire que de faillite en faillite et ne peut espérer survivre à ses méfaits. En ces moments difficiles que traverse notre pays, le sacrifice de nos martyrs de la guerre de libération, ainsi que celui de toutes les victimes de la répression et des drames survenus depuis 1962, ne peuvent rester vains. Nous ne devons pas perdre espoir. Mobilisons-nous pour nous libérer de cette oligarchie militaro-financière mortifère et veillons ensuite : Nos aînés de 54 ont libéré, par leurs sacrifices, la patrie (El Watan). A nous aujourd'hui, par nos sacrifices, à libérer le citoyen (El mouwatan). C'est le rôle, avant tout, des élites intellectuelles et politiques saines et dignes. Et ne soyons pas fatalistes, ces élites existent ! اللهم فاشهد، إنّي قد بلّغت