Iddir Nadir, El Watan, 11 avril 2021 Les vingt-trois manifestants placés en détention provisoire lundi dernier à la maison d'arrêt d'El Harrach (Alger) ont décidé de poursuivre leur grève de la faim pour dénoncer leur «arrestation arbitraires», apprend-on auprès du collectif de défense des détenus d'opinion. Les manifestants ont été interpellés lors des marches du samedi 3 avril et renvoyés devant le juge d'instruction (tribunaux de Sidi M'hamed et Bab El Oued) qui a décidé de leur placement en détention provisoire. Ils sont poursuivis pour «atteinte à l'unité nationale», «incitation à attroupement non armé», «attroupement non armé». «Les 23 détenus sont à leur quatrième jour de grève (hier, samedi, ndlr). Ils dénoncent leur incarcération arbitraire. Arrêtés le 3 avril, onze d'entre eux ont été présentés devant le procureur près le tribunal de Bab El Oued, et 16 autres devant celui de Sidi M'hamed, le lundi 5 avril», précise Zaki Hannache, activiste, qui signale qu'au tribunal de Bab El Oued, le juge des mineurs a relâché B. Mohamed-Amine, alors que le magistrat du tribunal de Sidi M'hamed a remis en liberté S. Boudjemaâ, I. Dendoun et Bourahla Mohamed Amine. «Le plus jeune des manifestants a eu 19 ans le jour de sa garde à vue au commissariat. Le plus âgé du groupe est A. Bachir, je crois», indique Me Aïcha Zamit, membre du collectif, qui a rendu visite aux détenus à la prison, jeudi dernier. Les prisonniers avaient été «séparés» à la prison par l'administration après leur protestation dans le fourgon cellulaire qui les conduisait à la prison de la proche banlieue Est d'Alger. «L'administration de la prison a séparé les prisonniers. Lorsque nous avons demandé les raisons, on nous a expliqué que c'était dû au vacarme provoqué par les manifestants dans le fourgon cellulaire. Ces derniers disent que le jour de leur transfert, ils étaient en train de scander des slogans du hirak lorsqu'ils ont reçu des gaz lacrymogènes à l'intérieur du véhicule. Ils avaient les yeux en larmes quand ils sont sortis du fourgon. Le vieux Bachir a même perdu connaissance», rapporte Me Zamit. L'administration pénitentiaire ne s'est pas exprimée au sujet des informations publiées par le Comité de défense des détenus d'opinion (CNLD) et les avocats du collectif de défense. Un dispositif policier important avait été déployé, hier, dans la capitale afin d'éviter que le scénario de la semaine dernière se reproduise. En effet, samedi dernier, des manifestants étaient sortis dans ce qui a été appelé les «marches de l'escalade» (tassiîd), principalement à Bab El Oued et Alger-Centre. Selon le compte rendu quotidien du CNLD, des personnes soupçonnées visiblement de vouloir participer à des marches avaient été interpellées, hier, dans la capitale. Le Comité ne précise pas dans ses posts sur sa page Facebook, très suivie, si les services de la police les ont relâchées en soirée ou si elles devraient être présentées aujourd'hui devant le procureur de la République après leur garde à vue.