Mohamed Arezki Said Chetouane serait "en danger moral" selon le parquet de la République (tribunal de Sidi M'hamed) qui, pour le protéger, a ouvert un dossier "relatif à l'enfant mineur" le 5 avril 2021, "devant le juge des mineurs qui avait décidé pour l'intérêt de l'enfant de le remettre à sa mère et en lui "ordonnant" de "prendre toutes les mesures nécessaires à sa prise en charge et de veiller à son éducation". 20 jours plus tard, et après avoir " constaté chez le mineur des comportements contraires aux mesures décidées par le juge des mineurs, et ce après avoir observé sa participation à des marches non autorisées en compagnie de personnes majeures et les poursuites de son exploitation et instrumentalisation", "madame le juge des mineurs a procédé (...) au changement des mesures prises à l'encontre de l'enfant mineur en ordonnant son placement dans un centre spécialisé dans la protection des enfants". Rendez cet enfant à sa mère. Saïd Chetouane allait plutôt bien bien jusqu'à ce que vous vous mêliez de son histoire, jusqu'à ce que vous ne l'exposiez "à un danger moral" en le traînant mineur dans un commissariat. "Ils nous ont traités comme des chiens, ils ne nous ont pas respectés" a-t-il dit terrorisé quand il en est sorti, mais pas seulement, il a eu aussi le temps de s'indigner, solidaire d'un autre gars jeté comme lui dans la galoufa : "Ils ont été racistes avec un gars de Chlef, ils lui ont dit : qu'est ce que tu viens faire dans la capitale ?" Quelle belle conscience du monde. Il y a de la culture dans ce propos, de la générosité transmise dans l'humanité et l'humilité qui ne tombe pas du ciel mais, sans aucun doute, d'une belle éducation qu'il doit à sa mère, à sa famille et à ses amis que vous avez jetés en prison et que, les jours de marche, il suit dans la liberté de ses quinze ans, apprenant à grandir, à tirer les barreaux de l' avenir, ouvrir l'espace pour mieux respirer. Avant que vous ne le rendiez célèbre par la terreur, il allait pourtant bien ce bel enfant, ces joues étaient rondes, ses cheveux soignés et son sourire était joyeux, avant que vous ne vous en mêliez. Rendez cet enfant à sa mère. Il ne vous appartient pas. Il est son foie et la prunelle de ses yeux. Pour vous qui est-il ? Un mineur en danger ? En danger de quoi ? de liberté ? insupportable au point de lui assigner pour grandir des geôliers ?Vous voulez quoi ? lui apprendre à vivre en soldat, prendre les plis d' une vie en caserne, le dresser comme le fer par le feu et le marteau. Vous voulez quoi ? en "ordonnant son placement dans un centre spécialisé dans la protection des enfants" Spécialisé en quoi ? A remplacer les caresses de sa mère ? De quel droit le privez-vous de ce corps aimant qui le matin le réveille et le soir l'attend ? De quel droit ? Si ce n'est le pire des droits qui s'octroie le devoir de sauver un enfant de sa mère, jugée incapable par la loi. Incapable de quoi ? De l'aimer, de le chérir, de l'envoyer à l'école, de le protéger quand le soir il ne rentre pas parce qu'il est enfermé par inadvertance au commissariat où personne ne semble se préoccuper de l'identité des enfants des autres, emprisonnés tels des sardines dans un filet, tous des fils de putes ? elle était pourtant là, la nuit, à l'attendre devant vos barreaux. Incapable de quoi ? De lui interdire de marcher. La voilà suspecte. Les preuves s'accumulent : "où est le père ?" ,"elle est divorcée" et en plus elle "est pauvre". Voilà un beau dossier à transmettre au juge pour enfants : enfant nu, femme du peuple, fille de la pauvreté, elle travaille la misérable sans homme pour la surveiller. C'est bien connu, "les femmes sont faibles" et "les pauvres sont sales", enlevons lui jusqu'au droit d'être mère. Et vous l'avez fait. De quel droit madame le juge des enfants ? Quel droit vous autorise à enlever à un enfant nu ce qu'il a de plus précieux : sa mère. Comment s'appelle cette justice qui punit la liberté comme une offense à l'ordre public : n'ont-ils pas et l'un et l'autre défié la puissance, la peur, trouvé le courage de marcher ? N'ont-ils pas défié vos nouvelles tables de l'opulence qui ne leur donnent que le droit de mendier et de se taire ? La loi des patriarches a tranché : séparez les l'un de l'autre pour rétablir l'ordre des patriarches. Ne sont-ils pas les pères protecteurs de la Nation, de la famille, de la morale, entre le permis et l'interdit ? ... Pendant que les pilleurs de pays défilent accompagnés de leurs enfants devant les tribunaux, dans le respect de leur dignes héritiers de biens volés devant les mêmes juges soudain oublieux de leur devoir de protéger ces enfants là du "danger moral" que représentent ces pères en col blancs et aux mains sales. On ne prête qu'aux riches, aux pauvres gens on enlève leurs enfants. Avant par les barques qui coulent sur des vagues réservées aux dauphins et maintenant sous notre nez et par la loi. Rendez cette mère à son enfant. Vous n'avez rien à lui offrir en remplacement que le vide de vos cœurs. N'insultez pas sa mère comme vous n'aimeriez pas que l'on insulte vos enfants. Ne privez pas cette mère de son enfant dans la crainte qu'un jour vos propres enfants ne vous privent à leur tour du droit d'êtres leurs parents.