Comme chaque ann�e � pareille �poque, le village Tagnits dans la commune de Ha�zer, � 17 km au nordest de Bouira, a c�l�br� samedi la wa�da annuelle du saint Sidi Messaoud, le wali qui a d�barqu�, selon certains �crits non encore authentifi�s, au XIe si�cle depuis le Sahara occidental, avec la venue des Almoravides dans le Maghreb. Des villages pour propager la parole de Dieu A cette �poque, les marabouts se sont �parpill�s un peu partout, surtout en Kabylie, pour pr�cher la bonne parole de Dieu. C�est ainsi que le saint Sidi Messaoud a �lu domicile dans cette r�gion, situ�e au pied du Djurdjura, dans son versant sud, � quelque 1 200 m d�altitude. On raconte que depuis son installation dans cette r�gion, le faste et les richesses se sont accumul�es dans la r�gion, et m�me apr�s que l�unique fontaine de la r�gion eut �t� interdite aux gens de ce village, le saint Sidi Messaoud frappa de sa canne le sol � plusieurs reprises et apr�s chaque coup, jaillit une source. Aujourd�hui encore, la meilleure source, appel�e Tala, existe toujours et la derni�re fois qu�elle fut r�habilit�e c��tait en 1939, du temps de la France. Apr�s avoir assur� aux villageois leur propre autonomie en terme d�eau potable et pour l�irrigation de leurs champs, les richesses se sont multipli�es dans le village devenu en un temps record �Tagnits aux sept richesses� ; tant et si bien que pendant toute l�ann�e, les fruits de la terre sont omnipr�sents. Plusieurs si�cles sont pass�s et la tradition a �t� perp�tu�e et m�me jalousement gard�e jusqu�� une �poque pas lointaine o�, raconte-t-on, les Kabyles s�occupaient de tous les besoins des marabouts ; surtout leurs saints. Car ce qu�il faut retenir, c�est que m�me apr�s la mort du saint Sidi Messaoud qui a fond� le village, ses descendants et tous ceux qui lui avaient pr�t� all�geance ont poursuivi son �uvre en propageant la bonne parole. De leur c�t�, les autres villages environnants, des Kabyles pour la plupart, font donation de tous les meilleurs mets et les meilleurs fruits pour le saint du village en invoquant sa b�n�diction, qui pour avoir un gar�on, qui pour gu�rir, etc. Du temps des Turcs, et puisque ces derniers se sont bas�s sur les marabouts pour assurer leur pr�sence en Kabylie, tant ces hommes de religion musulmane �taient les seuls qui ma�trisaient la langue arabe qui a �t� d�cid�e comme �tant la langue de l�administration sur tout l�empire ottoman du Machrek au Maghreb, c�est tout naturellement que l�on retrouve les traces de cercueils en bois sur lesquels sont grav�s la date de 1721. Sur les deux tombes dans lesquelles �taient enterr�s le saint Sidi Messaoud et son d�vot, sont plac�s deux cercueils en bois couverts de soierie verte orn�e du croissant de l�islam, afin que la solennit� soit totale. Aussi, depuis, les citoyens de plusieurs villages environnants viennent � longueur d�ann�e invoquer la baraka de Sidi Messaoud. Bien s�r, cette pratique a quelque peu chang� de nos jours, puisque les croyants qui viennent dans ces lieux sont l� pour implorer Dieu et la pr�sence du Saint n�est l� que pour ajouter de la solennit� aux lieux d�adoration de Dieu. Une wa�da pour rassembler et renforcer la fraternit� Lorsque l�association du village, cr��e il y a un peu plus de 3 ans, a �t� lanc�e, l�objectif premier �tait de redonner � la pratique saine de la visite de ces lieux toute sa signification, surtout apr�s l��clipse de ces pratiques due aux terrorisme qui a endeuill� l�Alg�rie et dont le village lui-m�me a pay� un lourd tribut, (cinq de ses valeureux enfants ont �t� assassin�s par l�hydre terroriste) tant il fut parmi les premiers � avoir refus� le diktat des terroristes en les combattant et en refusant de fuir les lieux. Et c�est chose r�ussie, puisque tant l�ann�e derni�re que cette ann�e, la wa�da est offerte aux milliers de gens qui viennent des quatre coins de la wilaya pour visiter les lieux mais sans plus. Par contre, les enfants du village, o� qu�ils soient, sont inform�s de la c�l�bration de cette wa�da et sont tenus d'�tre pr�sents, afin de participer aux donations et � la collecte de l'argent, lequel servira aux actions sociales du village, comme l'aide aux n�cessiteux, la remise d'une somme d'argent � celui qui vient de perdre un proche parent, les r�fections et l�entretien de la mosqu�e, du cimeti�re, de certaines pistes, etc. Des distinctions pour les amis du village Parall�lement � cette action de communion entre les enfants du village, l�association du village, pr�sid�e par Nacer Zougari, a tenu � honorer cette ann�e plusieurs figures marquantes de la r�gion ou d�ailleurs, et activant dans le domaine de la sauvegarde des valeurs ancestrales de notre pays, conciliant identit� mill�naire et islam, � l�image de El-Hadj Ramdane, le meilleur r�citateur du Coran de la commune, Hadj Sa�d Bouizri, docteur d�Etat en sciences islamiques et natif de Semmache, Mhamed Djellaoui, docteur d�Etat en tamazight, auteur de plusieurs recherches sur le patrimoine culturel amazigh. D�ailleurs, lors de la remise de l�ordre de m�rite du village � cet �minent chercheur, celui-ci a �tonn� les pr�sents en leur d�clamant certains po�mes recueillis dans la r�gion et d�di�s justement au saint Sidi Messaoud et dont m�me les vieux du village n�avaient jamais entendu parler. Une autre distinction a �t� remise au pr�sident de l�association de la djem�� de Guenzet n�Ath- Ya�la dans la wilaya de S�tif, Nadjib Athmani, qui est en train de faire pratiquement la m�me chose en perp�tuant la tradition mill�naire de son village. Ainsi, cette c�r�monie qui a �t� organis�e apr�s le couscous offert � des centaines de convives a �t� suivie de plusieurs interventions de ces �minents personnages. Tous se sont accord�s � dire que l��v�nement est des plus marquants surtout venant d�un village situ� au fin fond du Djurdjura. Tous ont tenu � saluer l�esprit d�organisation et d�entraide qui caract�rise les enfants de ce village qui garde jalousement ses rep�res identitaires, le Kabyle, sans pour autant renier sa religion, la religion de nos anc�tres, l�islam que nos anc�tres nous ont l�gu� comme le meilleur tr�sor. 600 millions de centimes pour une nouvelle mosqu�e Signalons � la fin que le wali de Bouira a �t� �galement l�h�te du village le vendredi. Ainsi, apr�s la pri�re de vendredi observ�e au niveau de l�ancienne mosqu�e du village, le wali qui a �t� par� d�un burnous a eu droit avec la d�l�gation qui l�accompagnait � un couscous royal, avec de la viande du b�uf sacrifi� � l�occasion, de la sauce et du lait caill�. Apr�s cela, un projet de construction d�une nouvelle mosqu�e pour le village lui a �t� expos� sur les lieux. Le projet d�une enveloppe de 600 millions de centimes est � 40% d�avancement ; 240 millions de centimes sont d�j� consomm�s et sont l��uvre de dons des villageois et des �mes charitables. Apr�s cet expos�, le wali qui a constat� que pour son ach�vement il reste encore 360 millions de centimes � r�colter, a allou� une enveloppe de 100 millions de centimes ; une aide tr�s bien accueillie par les gens du village qui l�ont longuement remerci�.